Cette nouvelle pratique consiste à faire une apparition au travail de quelques heures et de rentrer travailler chez soi après avoir échangé avec des collègues autour d’une tasse de café. Si certains employés en télétravail s’y adonnent par besoin de socialiser et de garder le contact avec leur équipe, d’autres s’en servent pour faire brièvement acte de présence lorsqu’ils y sont obligés. Selon un sondage Owl Labs, 58 % des employés hybrides (qui alternent jours de télétravail et de présentiel) auraient déjà eu recours au coffee badging. Parmi les habitués figurent 62 % d’hommes et 38 % de femmes, les milléniaux étant les plus gros adeptes.
Les employés en télétravail s’y sentent en général à leur aise à tel point que les mandats de retour au bureau font face au mur de rejet par les employés
En février, le géant de la technologie a introduit un mandat de retour au bureau, demandant aux travailleurs de se classer officiellement dans la catégorie hybride ou à distance.
Ceux qui ont choisi le travail à distance ne peuvent plus prétendre à une promotion ou changer de rôle. Les travailleurs hybrides doivent quant à eux se rendre au bureau 39 jours par trimestre, soit environ trois jours par semaine, et leur assiduité est contrôlée à l'aide d'un système de code couleur.
Plusieurs mois après l'annonce de cette politique de retour au bureau, il semble que le succès n’est pas au rendez-vous. Près de 50 % des travailleurs à temps plein de Dell aux États-Unis ont choisi de rester à distance, selon des données internes sur l'ensemble de la main-d'œuvre à temps plein.
À moins qu'ils n'acceptent de modifier leur classification, ces travailleurs américains de Dell ne peuvent plus prétendre à une promotion. Les données montrent qu'environ un tiers du personnel international a choisi de rester à distance.
Les données à disposition n’établissent pas que les employés sont plus productifs au bureau qu’en télétravail
Ces développements font suite à de précédents qui remettent en question le positionnement des employeurs selon lequel les employés sont plus productifs au bureau. Dans bien de pays au monde, la journée de travail a une durée de 8 heures. Pour un employé de bureau, on arrive au lieu de service, s’installe sur un siège devant un ordinateur et se lance dans ses activités. Mais, lesquelles ? De quoi s’agit-il dans la réalité ? De « 8 heures de travail » ou « 8 heures au travail » ? En d’autres termes, pour combien de temps les travailleurs sont-ils productifs sur une journée de travail ? Dans une publication parue en 2017, Invitation Digital Ltd – une firme de marketing basée au Royaume-Uni – répond aux questions.
L’étude d’Invitation Digital Ltd a porté sur près de 2000 (1989 pour être exact) employés de bureau (à temps plein) âgés de plus de 18 ans et disséminés sur l’ensemble du territoire du Royaume-Uni. En réponse à la question de savoir s’ils se considèrent productifs tout au long d’une journée de travail, la grande majorité (soit 79 %) avait répondu non. D’après les résultats de l’étude, seul le cinquième (donc les 21 % restants) a répondu par l’affirmative. Le sondage avait ensuite révélé que la durée moyenne de productivité sur le lieu de service est de 2 h 53 min, soit moins de 3 h.
D’après l’enquête, si les travailleurs se retrouvaient avec moins de 3 h de productivité sur une journée de travail c’est parce qu’ils étaient la plupart du temps distraits par des activités comme : surfer sur les réseaux sociaux – 47 % (des répondants au sondage) ; lire les sites Web d'actualités – 45 % ; discuter des activités en dehors du travail avec des collègues – 38 % ; préparation de boissons chaudes – 31 % ; pauses cigarettes – 28 % ; messagerie texte et messagerie instantanée – 27 % ; manger par petits bouts – 25 % ; faire de la nourriture au bureau – 24 % ; téléphoner à son partenaire/à ses amis – 24 % ; recherche d'un nouvel emploi – 19 %. Bref, un ensemble de facteurs aisément applicables à la situation de tiers en télétravail.
87 % des participants de l’enquête de Microsoft disent être plus productifs en télétravail. La publication du géant technologique fait suite à une étude d’une équipe de l’université du Texas qui souligne que le travail à distance a zéro impact négatif sur la productivité des travailleurs. Ce serait même plutôt le contraire. L'équipe de l'université du Texas a travaillé sur des données d’un logiciel fourni par une grande entreprise pétrolière et gazière de Houston. Pendant la période d'étude (de janvier 2017 à décembre 2018), l'entreprise a été contrainte de fermer ses bureaux en raison des inondations provoquées par l'ouragan Harvey, ce qui a obligé les employés à travailler à distance pendant une période prolongée.
Les chercheurs ont examiné les données technologiques des employés (le nombre total d'heures travaillées par employé, le temps de travail actif total, l'utilisation du clavier par minute active, l'utilisation de la souris par minute active, les mots tapés par heure et le nombre d'erreurs typographiques par mot tapé) avant, pendant et après l'ouragan Harvey. Ils ont constaté que, bien que l'utilisation totale des ordinateurs ait diminué pendant l'ouragan, les comportements professionnels des employés pendant la période de sept mois de travail à distance sont revenus aux niveaux d'avant l'ouragan. Cette conclusion suggère que le travail à distance n'a pas d'impact négatif sur la productivité des personnes lancées sur la formule télétravail.
1600-person randomised study over two years found having people WFH 2 days a week:
— Sharon O'Dea (@sharonodea) June 14, 2024
-increased productivity
-reduced quit rates (esp among women, non-managers & long commuters)
-no impact on performance or promotion rateshttps://t.co/xZyiIMAnSG pic.twitter.com/ebfj6TEhAw
Même les cadres qui imposent le retour au bureau admettent que cela n'améliore pas la productivité comme l’illustrent des données chez Atlassian
Le rapport d'Atlassian, intitulé "Lessons Learned : 1,000 Days of Distributed at Atlassian", rend compte des enseignements tirés par l'éditeur sur sa politique de travail distribué et les replace dans le contexte d'un sentiment public plus large.
Dans le cadre de l'étude, Atlassian a interrogé 5 000 employés internes sur leurs sentiments à l'égard de sa politique de travail distribué, puis a sondé 100 PDG de Fortune 1000 et 100 PDG de Fortune 500. (Bien que 200 soit un petit échantillon, il y a très peu de postes de direction dans ces entreprises, ce qui fait que la représentation d'Atlassian semble assez proche de celle de ce groupe spécifique.) La quasi-totalité (92 %) des employés internes interrogés par Atlassian a déclaré que cette politique de travail (zéro jour obligatoire au bureau) fait partie intégrante de leur capacité à réaliser leur meilleur travail.
Et 91 % ont déclaré que c'était une raison majeure pour laquelle ils restaient dans l'entreprise. Les PDG ne sont pas en reste. La quasi-totalité (99 %) des dirigeants interrogés par Atlassian a déclaré qu'ils pensaient que le travail distribué était la voie de l'avenir et que sa popularité ne ferait que croître à partir de maintenant. Selon les analystes, ce n'est pas un sentiment nouveau ni une prédiction sans fondement. En effet, les données, en tout cas depuis le début de la pandémie, montrent que les taux de travail au bureau se sont stabilisés à un peu moins de 50 % dans les dix principales zones métropolitaines des États-Unis.
Et vous ?
Partagez-vous les avis à propos des employés en télétravail selon lesquels « le plus important c’est le résultat » qu’ils fournissent ?
Seriez-vous prêt à démissionner de votre entreprise pour rejoindre une autre qui vous permet de travailler à distance ?
Selon vous, sur quels critères doit-on s’appuyer pour juger de la productivité d’un travailleur de la filière programmation informatique en particulier ?
Êtes-vous en télétravail ? Comment votre entreprise a-t-elle organisé le retour au bureau et quelles sont les dispositions personnelles que vous avez prise par rapport à ces mesures ? Vous est-il arrivé de pratiquer du coffee badging ?
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