
« À mi-année, les besoins des entreprises ne semblent pas baisser en intensité. Au 1er semestre 2022, les offres d’emplois de cadres publiées sur apec.fr ont progressé en volume de 27 % par rapport à l’an dernier à la même période. Revers de la médaille, cette forte demande de compétences se heurte à d’importantes tensions. Les entreprises estiment que les deux tiers des recrutements de cadres informaticiens prévus (67 %) en 2022 seraient difficiles (51 % pour l’ensemble des métiers de cadre). C’est le taux de difficultés de recrutement le plus élevé de toutes les grandes fonctions-cadres, loin devant les études, R&D (57 %) qui arrive en 2e position. Les tensions sont particulièrement marquées dans certaines régions : Hauts-de-France (86 %), Bretagne (83 %), PACA et Corse (80 %) ou encore les Pays de la Loire (74 %). Ces territoires ont en commun de polariser de nombreuses entreprises de service du numérique (ESN), de nombreux éditeurs de logiciels ou encore des spécialistes du conseil technologique qui se livrent une vive concurrence sur le marché de l’emploi cadre. Pour mémoire, le secteur des activités informatiques représenterait, à lui seul, 80 % des 59 200 recrutements de cadres informaticiens prévus en 2022. Dans d’autres territoires, en revanche, la problématique est tout autre : en Normandie, qui ne se caractérise pas par une spécificité marquée dans le domaine informatique, les entreprises peinent à attirer les profils d’informaticiens dont elles ont besoin », souligne l’APEC.
Le rapport 2022 de l’IESF avait dressé une liste de raisons à cet état de choses : « les entreprises ont du mal à recruter des ingénieurs parce qu’on n’en fabrique pas assez [la France a formé 44 000 ingénieurs en 2021 et il estime qu’il en faudrait 60 000 par an] » ; la rareté et les prétentions salariales des profils spécialisés en intelligence artificielle et en cybersécurité.
Le fait est que le traitement salarial des tiers spécialisés dans ces domaines est meilleur dans d’autres pays que la France. Aux USA, il est courant de voir des mastodontes comme Google ou Apple offrir des salaires annuels de 100 000 à 200 000 $. Dans des domaines qui ont le vent en poupe comme l’intelligence artificielle, les experts ont des paies annuelles qui, dans certains cas, frôlent le million de dollars. En 2016, OpenAI d’Elon Musk a arraché Sutskever et Ian Goodfellow – deux chercheurs en IA – à Google grâce à des salaires respectifs de 1,9 million et 800 000 dollars l’an. Une étude de Hired publiée sur cette plateforme avait déjà souligné ces disparités. En France, les entreprises du logiciel sont bien moins généreuses avec les développeurs.
L’étude Developpez.com basée sur les offres d’emploi postées sur la plateforme en 2021 permet de se faire une idée des écarts. En région parisienne, les salaires évoluent dans la fourchette de 3250 à 5000 euros par mois, soit un plafond de 60 000 euros sur une année qui colle en cohérence avec la rémunération médiane des cadres telles que publiée par l’APEC :
Un volet additionnel pour voir plus clair sur cette question de traitement salarial est celui du coût de la vie qui inclut des charges comme le loyer, le prix de l’immobilier, la nourriture, le transport, les services publics, les taxes foncières, etc. Le salaire d’un professionnel de l’IT à Paris est revu à la hausse après une réévaluation qui prend en compte ces paramètres, mais reste très loin des 100 000 dollars sur une année.
Sur l’axe du traitement salarial, la France n’est pas toujours comptée parmi les pays qui traitent le mieux les professionnels de la filière TIC. Il n’y a qu’à voir avec les chiffres de la firme anglaise Yells qui met en avant le fait que la Chine est le pays où l’on est le mieux payé en tant que développeur web. Dans ce comparatif des salaires ajustés par rapport au coût de la vie, la France arrivait en 5e position.
Sources : APEC, IESF
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