La semaine de travail de quatre jours a été lancée dans le monde entier sous diverses formes, de la Finlande à la Nouvelle-Zélande. Parfois, les semaines plus courtes signifient simplement que les employeurs allongent les quatre jours de travail afin de maintenir les 40 heures de travail en moyenne par semaine. D'autres fois, les entreprises proposeront en fait une semaine plus courte avec moins d'heures totales, afin que les gens puissent avoir plus de temps libre.
« Nous devons soutenir le bien-être de nos employés », a récemment déclaré le président et chef de la direction Yuki Kusumi, selon Nikkei.
Panasonic espère donner aux travailleurs plus de temps pour poursuivre leurs intérêts personnels, qu'il s'agisse de bénévolat ou d'un travail secondaire. Les détails seront réglés par chaque société d'exploitation.
Seulement 8 % des entreprises japonaises offraient plus de deux jours de congé garantis par semaine dans une enquête 2020 du ministère de la Santé, du Travail et du Bien-être. Ceux qui le font cherchent généralement à aider les travailleurs à répondre aux exigences de leur vie personnelle, comme Yahoo Japan et Sompo Himawari Life Insurance, qui ont commencé à offrir un troisième jour de congé en 2017 uniquement à ceux qui s'occupent d'enfants ou de parents âgés.
Les entreprises qui ont testé une semaine de travail plus courte, tout en maintenant une rémunération compétitive, n'ont généralement constaté aucune perte de productivité. En fait, les entreprises technologiques ont constaté que la réduction des heures conduit souvent à une productivité élevée, sans parler d'une plus grande satisfaction de la main-d'œuvre. C'est le cas de Microsoft qui a lancé au Japon un programme appelé « Work Life Choice Challenge », qui consistait à faire des essais sur une semaine de quatre jours et un week-end de trois jours. Dans un billet, l'entreprise a expliqué :
« Microsoft Japon place l'innovation en matière de style de travail au cœur de sa stratégie de gestion et a établi le "choix entre le travail et la vie personnelle" comme principe de base de sa propre réforme du style de travail. Le "choix travail – vie personnelle" vise à créer un environnement dans lequel chaque employé peut choisir (sélectionner) une variété de styles de travail flexibles en fonction des circonstances et des circonstances de travail et de vie. En mettant en œuvre de nouvelles pratiques internes pour promouvoir le "choix entre le travail et la vie privée", nous mettons tous les employés au défi de "travailler peu de temps, de bien se reposer et de bien apprendre" pour améliorer encore la productivité et la créativité ».
Microsoft a communiqué les résultats de son programme, s'appuyant sur un groupe d'indices qui montre des réductions ou de la minimalisation, un autre qui désigne les améliorations et un autre qui s'intéresse aux sentiments et impressions des employés.
Voici les chiffres communiqués par l'entreprise.
Indice réduction :
- jours ouvrables durant le Work Life Choice Challenge : -25,4 % (par rapport à la même période l'année d'avant) ;
- nombre d'impressions durant le Work Life Choice Challenge : -58,7 % (par rapport à la même période l'année d'avant) ;
- consommation électrique durant le Work Life Choice Challenge : -23,1 % (par rapport à la même période l'année d'avant).
Indice amélioration :
- taux de mise en œuvre des « réunions de 30 minutes » durant le Work Life Choice Challenge : +46 % (par rapport à la même période l'année d'avant) ;
- taux de mise en œuvre des « réunions à distance » durant le Work Life Choice Challenge : +21 % (par rapport à avril-juin de la même année).
Dans l'indice satisfaction des employés, ces derniers se sont plutôt montrés satisfaits ; plus de 90 % des 2 280 employés de Microsoft au Japon ont déclaré qu'ils avaient apprécié ces mesures. En plus de réduire les heures de travail, les managers ont exhorté le personnel à réduire le temps passé en réunion et à répondre aux courriels. Ils ont suggéré que les réunions ne durent pas plus de 30 minutes. Les employés ont également été encouragés à réduire le nombre de réunions physiques en passant plutôt par une application de messagerie en ligne (Microsoft Teams, bien sûr).
L'essai de 3 jours de week-end de Microsoft Japon a permis d'augmenter la productivité de 39,9 %. Cela signifie que même si les employés étaient au travail pour moins de temps, plus de travail a été fait ! Une grande partie de l'augmentation de la productivité est attribuée au changement des réunions. Avec seulement quatre jours pour tout faire pour la semaine, de nombreuses réunions ont été supprimées, raccourcies ou transformées en réunions virtuelles plutôt que présentielles.
Bien qu'ils aient la réputation d'être des bourreaux de travail aux États-Unis, les travailleurs japonais travaillent en réalité moins d'heures que leurs homologues américains, selon les données les plus récentes de l'Organisation de coopération et de développement économiques. Les États-Unis se classaient en 11e position en termes de plus grand nombre d'heures travaillées par le travailleur moyen parmi les pays de l'OCDE, tandis que le Japon se classait au 26e rang. Les cinq premiers, dans l'ordre, comprenaient : la Colombie, le Mexique, le Costa Rica, la Corée du Sud et la Russie. La France a enregistré 1402 heures par travailleur en 2020, contre 1767 heures par travailleur aux États-Unis et 1598 heures par travailleur au Japon.
Des experts font la promotion de la semaine de travail de quatre jours au lieu de cinq
Le contexte de la pandémie a changé les habitudes des employés, favorisant l'essor du télétravail et encourageant. Pourtant, en décembre 2018, une étude commanditée par Workforce Institute de Kronos (un institut qui fournit des activités de recherche et d'éducation sur les problèmes critiques en milieu de travail) et Future Workplace qui ont effectué un sondage sur la manière dont les travailleurs d'Australie, du Canada, de la France, d'Allemagne, d'Inde, du Mexique, du Royaume-Uni et des États-Unis voient leur relation avec le travail. La première partie du sondage, intitulée « The Case for a 4-Day Workweek ? », examine combien de fois les employés passent leur temps à regarder le chronomètre et cherche à savoir si la semaine de travail standard de 40 heures est efficace ou non. L'enquête est arrivée à la conclusion selon laquelle les travailleurs seraient beaucoup plus productifs en travaillant 4 jours sur 5 par semaine.
L'enquête est réalisée par le bureau d'études de marché, VIGA, du 31 juillet au 9 août 2018. Pour cette enquête, 2772 employés ont été interrogés sur des questions générales concernant leur lieu de travail, leurs gestionnaires, leur temps et leur épuisement professionnel. L'étude visait les employés à temps plein et à temps partiel. Les répondants de VIGA sont recrutés par le biais de différents mécanismes, via différentes sources, pour rejoindre les panels et participer à des études de marché. Tous les panélistes ont passé un double processus d’inscription et ont achevé, en moyenne, 300 points de données de profilage avant de prendre part à l'enquête.
L'idée de travailler 4 jours sur 5 par semaine est bien défendue par plus d'un. Le professeur Adam Grant de Wharton School, une école de commerce américaine, préconise depuis longtemps une semaine de travail plus courte que le minimum de 40 heures que la plupart des professionnels ont maintenant.
« Pendant des décennies, tous les grands économistes, philosophes, sociologues, ils ont tous cru, jusqu'aux années 1970, que nous travaillerions de moins en moins », a-t-il dit. Dans les années 1920 et 1930, il y avait en fait de grands entrepreneurs capitalistes qui ont découvert que si vous raccourcissez la semaine de travail, les employés deviennent plus productifs. Henry Ford, par exemple, a découvert que s'il faisait passer la semaine de travail de 60 à 40 heures, ses employés deviendraient plus productifs, car ils n'étaient pas si fatigués dans leurs temps libres. Grant est d'accord avec cette idée de travailler moins d'heures par semaine que ce qu'il en est actuellement, citant pour preuve, l'enquête commanditée par Workforce Institute de Kronos à cet effet.
« Je pense que nous avons de bonnes expériences qui montrent que si vous réduisez les heures de travail, les gens sont capables de concentrer leur attention plus efficacement, ils finissent par produire tout autant, souvent avec une meilleure qualité et créativité, et ils sont aussi plus fidèles aux organisations qui sont prêtes à leur donner la flexibilité nécessaire pour s'occuper de leur vie hors du travail », a-t-il dit.
Source : Nikkei Asia, OCDE
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Semaine de travail à 3, 4 ou 5 jours : de quel bord êtes-vous ? Pour quelles raisons ?
Dans le cas de figure d'une semaine de moins de 5 jours, les horaires devraient-ils être flexibles ou maintenus ?
La quantité d'heures travaillées devrait-elle être compensée (par exemple les heures du jour en moins réparties sur les quatre jours) ou maintenue (pas de changement) ?
Préférez-vous travailler moins de jour ou en avoir au moins un en télétravail ? Dans quelle mesure ?
Voir aussi :
Les travailleurs seraient beaucoup plus productifs en travaillant 4 jours au lieu de 5 par semaine selon une étude, qu'en est-il des informaticiens ?
Pour ou contre la semaine de travail à trois jours ? Une startup indienne adopte l'approche qu'elle considère comme le modèle idéal du futur : quels sont ses avantages et inconvénients ?
Le Japon propose une semaine de travail de quatre jours pour améliorer l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée dans ses directives annuelles de politique économique