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« M'asseoir derrière un bureau à écrire du code était l'une des choses qui m'épuisaient, j'ai donc décidé de me lancer en agriculture », rapporte un développeur web
Désireux de s'extirper du burnout

Le , par Patrick Ruiz

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La passion pour le codage, celle pour la résolution des problèmes ou encore l’envie d’exercer dans un domaine bien rémunéré en comparaison à d’autres sont autant de facteurs qui amènent en général des tiers à choisir la carrière de développeur de logiciels. Passé cette étape, vient celle des questionnements en lien avec la longévité. En effet, certains abandonnent l’IT en raison de la rencontre avec de nombreux monstres parmi lesquels on compte le syndrome de l’imposteur ou encore l’épuisement professionnel. L’agriculture est l’un des domaines qui les accueillent et, d’après leurs retours, leur permet de se mettre à l’abri de ces démons.

Dans le domaine des technologies de l’information, la pression est quasi permanente lorsqu’il s’agit d’achever les projets dans des délais serrés, de respecter le cahier des charges du client, d’intégrer de nouvelles exigences non définies au départ, ce, tout en respectant les contraintes d’avant-projet. Ainsi, du fait de ces différentes pressions, de nombreux travailleurs de la filière perdent au fil des années le goût pour le travail dans le domaine du développement de logiciels, car ils n’arrivent plus à s’adapter aux variations et objectifs de l’entreprise pour laquelle ils travaillent. S’ensuivent alors le manque de confiance en soi et le sentiment d’échec qui constituent des marqueurs du syndrome d’épuisement professionnel et qui finissent par conduire certains hors de la filière.

« Lorsque vous passez du temps devant un ordinateur à travailler sur des projets avec des clients au sein d’une équipe, vous subissez beaucoup de stress. Vous avez des délais à respecter, vous avez des problèmes que vous ne pouvez pas résoudre à l’immédiat. Pendant un an et demi, j'ai travaillé beaucoup trop et j'ai eu trop peu de temps pour moi. En outre, en tant qu'indépendant, vous n'avez jamais un seul projet à la fois, vous en avez deux ou trois en parallèle. Je n'ai jamais appris à faire des pauses. J'allais au lit en pensant aux projets du lendemain, en pensant à ce que nous pourrions améliorer. Et le stress résultant de toute cette charge de travail a fini par influer sur ma santé mentale », rapporte un développeur web qui a décidé de se lancer à temps partiel dans l’agriculture pour échapper au burnout dû à l’exercice en tant que développeur web.



Après plus de 20 ans dans une carrière dans la Tech, il s'est reconverti dans le commerce au détail

Philip Su a commencé sa carrière en refusant un programme de doctorat de Stanford pour travailler chez Microsoft. Il y a passé 12 ans à travailler en tant que développeur et manager, puis a rejoint un Facebook pré-IPO en tant que directeur et responsable du site de Londres pendant huit ans, relevant directement du CTO de Facebook.

Il a été entrepreneur en résidence avec la société Madrona de Seattle VC, a enseigné un cours populaire à la division informatique de l'Université de Washington et a été fondateur et PDG d'un logiciel de santé mondial à but non lucratif financé par la Fondation Bill et Melinda Gates.

Mais après une carrière remarquable de 23 ans dans la technologie, Philip a rencontré des problèmes. Le stress de servir en tant que fondateur d'une institution à but non lucratif et la responsabilité d'employer des dizaines de personnes ont conduit à son épuisement professionnel. Il a essayé de prendre un congé et a passé 8 mois sans travailler, puis il a sombré dans la dépression.

Pour s'en sortir, il a pris un nouveau boulot, mais pas celui auquel on s'attend. Après une vie d'emplois technologiques "pépères", Philip est allé travailler dans un entrepôt Amazon en tant qu'associé à Ship Dock, se tenant debout et triant des conteneurs pendant 11 heures par jour pendant les six semaines les plus chargées de l'année, connues sous le nom de "Peak ”. L'expérience a été éprouvante physiquement, on lui a diagnostiqué une tendinite après avoir déplacé des centaines de cartons par jour, mais cela l'a sorti de sa dépression et l'a aidé à prendre du recul. Il a produit un podcast sur son expérience intitulé Peak Salvation.

73 % des développeurs ont été victimes d'épuisement professionnel, d'après le dernier rapport sur l'état de l'Écosystème des Développeurs en 2023

Le dernier rapport sur l’état de l’Ecosystème des Développeurs en 2023 est disponible depuis la fin du mois de novembre 2023. Il en ressort que 73 % des 26 000 répondants ont été victimes de burnout. Le syndrome d’épuisement professionnel ou burnout en anglais se manifeste par une fatigue profonde, un désinvestissement de l'activité professionnelle et un sentiment d'échec et d'incompétence au travail. Il résulte en général de ce que le travailleur n’arrive plus à gérer les différentes pressions sur le lieu de service et à faire face aux exigences de son employeur. Il convient donc de se poser la question de savoir comment l’éviter au moment où l’on s’apprête à attaquer une nouvelle année de travail. La publication des résultats de cette enquête fait suite à la disponibilité des données d’une enquête du Bureau Of Labor Statistics selon laquelle les emplois à col blanc sont plus stressants que ceux à col bleu. En d’autres termes, un agriculteur est susceptible d’être moins stressé au travail qu’un développeur de logiciels.



Les activités les plus agréables, les plus significatives et les plus stressantes, évaluées sur une échelle de 0 (faible) à 6 (élevé)


Des astuces pour éviter d’être happé par le syndrome de l’épuisement professionnel ?

À la réalité, le syndrome d’épuisement professionnel peut toucher à toutes les personnes qui exercent une activité sans distinction de statut. Ainsi, les astuces proposées s’adressent en premier à un public général. Ensuite, viennent celles à l’intention des travailleurs de la filière programmation informatique.

Les solutions adressées au grand public

  1. Bien manger : cela sous-entend boire de l’eau au lieu de soda, manger régulièrement et intégrer des légumes et hydrates de carbone dans le régime alimentaire.
  2. Bien dormir : avoir une quantité et une qualité suffisante de sommeil. S’appuyer sur des applications comme Flux pour l’adaptation de la luminosité de l’écran à l’heure de la journée.
  3. Ne pas se surmener : même s’il est vrai que la durée légale de travail journalier s’élève à 7 heures dans certains pays et 8 heures maximum dans d’autres, il est également démontré qu’après 4 heures de travail, la productivité décroît fortement. À long terme, cela devient insoutenable pour le développeur qui doit fournir des efforts de réflexion au quotidien.
  4. Faire usage de la technique Pomodoro : elle consiste à déterminer le temps imparti pour effectuer un travail et à faire des pauses régulières après une durée définie. Par exemple, pour 25 minutes de travail, il est recommandé d’avoir 5 minutes de pauses. Cela permet d’évacuer le stress tout en restant concentré sur l’objectif à atteindre et le temps réservé pour le travail.
  5. Rester actif : nul besoin de se lancer dans un programme de gymnastique qui ne sera pas suivi sur le long terme. Il suffit de changer quelques habitudes : prendre les escaliers plutôt que l’ascenseur ; se rendre au travail en vélo plutôt qu’en voiture si la distance le permet ; être inventif en matière d’intégration d’activités sportives à sa routine quotidienne.




Les astuces à l’intention des développeurs

  • Faire ce que l’on sait faire le mieux : ce à quoi le travailleur prend le plus plaisir doit-être la chose avec laquelle il meuble la plupart de son temps. Seulement, faire la même chose tout le temps peut faire tomber dans la routine et provoquer une déconnexion du plaisir. Ainsi, il est recommandé au développeur de logiciels de consacrer 20 % de son temps à essayer d’autres technologies. Cela sous-entend de tester de nouvelles bibliothèques, de créer quelque chose de drôle qui n’a rien à voir avec son travail ou encore d'utiliser son temps pour apprendre quelque chose de nouveau.
  • Prendre part à des rencontres : cela permet de s’extirper de la solitude que peut entraîner l’exercice dans la filière de la programmation informatique et de bénéficier des retours d’autres travailleurs de la filière.
  • S’équiper en conséquence : se munir d’un ordinateur aux caractéristiques suffisantes pour optimiser en temps sur des phases de travail comme les longues compilations par exemple. Entrer en possession d’un casque pour se couper du bruit extérieur dans le cas d’environnements de travail perturbés. Disposer d’un fauteuil confortable, d’une table et de moniteurs bien positionnés.
  • Dompter ses outils de travail : maîtriser les raccourcis de ses outils – EDI, éditeur de texte, lignes de commande du système d’exploitation. Automatiser les tâches banales ou rébarbatives. Cela permet d’avancer bien plus rapidement en cas de pépin et d’éloigner le burnout.
  • Accorder du temps à d’autres activités que la programmation : prendre part à des manifestations culturelles, sportives, à la pêche, à la photographie, etc. Procéder ainsi peut permettre au développeur de capter des lumières sur des aspects d’un travail sur lequel il bute depuis belle lurette.
  • Penser à se réorienter : les horizons sont divers – administration système, architecture des systèmes d’information, etc. Les explorer peut permettre de se découvrir de nouvelles passions.
  • Exécuter les tâches quotidiennes connues comme pouvant vous procurer une sensation de bien-être : par exemple, achever les activités de tests de code, d’écriture de commentaires, d’amélioration des noms de variables dégagera des endorphines qui aideront à restaurer l’acte de travail.


Et vous ?

Avez-vous des collègues qui se sont reconvertis dans un métier dit à col bleu ? Quelles raisons ont-ils mis en avant pour justifier leur départ de la filière du développement de logiciels ?
Avez-vous déjà été tenté par l’envie de vous reconvertir vers un autre domaine en raison du burnout dû à votre charge de travail comme développeur de logiciels ?
Partagez-vous les avis selon lesquels les métiers à col blanc sont plus stressants que ceux dits à col bleu ?
Comment pouvez-vous expliquer une telle présence du burnout dans les milieux technologiques ?
Que pensez-vous des solutions proposées contre le burnout ? Y en a-t-il que vous ne trouvez pas pertinentes ? En avez-vous d'autres ?

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Avatar de chrtophe
Responsable Systèmes https://www.developpez.com
Le 31/03/2024 à 12:13
Ca a peut-être plus de sens pour lui.

C'est le prob du burn-out : épuisement, trop de stress, manque de sens pour ce qu'on fait, ces éléments pouvant conduire au burn-out. et une fois le burn-out avéré, c'est une maladie qui doit être soignée.

Pour éviter le burn-out, avant qu'il ne soit trop tard quand les signes précurseurs sont là, il faut changer ses conditions de travail. Le changement d'activité en est une forme.
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Avatar de Anselme45
Membre extrêmement actif https://www.developpez.com
Le 31/03/2024 à 11:28
Alors là, c'est la news de l'année: Pour éviter le burn-out, il faut quitter l'informatique pour l'agriculture!

On se demande bien pourquoi, il y a plus de 300 agriculteurs qui se suicident chaque année en France... Certainement des personnes qui ne savent pas la chance qu'elles ont de travailler dans un domaine cooooooooooooool que tout le monde envie!!!

En 2016, 529 décès par suicide ont « pu être attribués à des personnes affiliées au régime agricole », note ainsi la Mutualité sociale agricole (MSA) dans une étude publiée en octobre 2022. Il s’agit des derniers chiffres publiés.
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Avatar de Escapetiger
Expert éminent sénior https://www.developpez.com
Le 30/03/2024 à 16:24
Citation Envoyé par Patrick Ruiz Voir le message

Des astuces pour éviter d’être happé par le syndrome de l’épuisement professionnel ?

À la réalité, le syndrome d’épuisement professionnel peut toucher à toutes les personnes qui exercent une activité sans distinction de statut. Ainsi, les astuces proposées s’adressent en premier à un public général. Ensuite, viennent celles à l’intention des travailleurs de la filière programmation informatique.

Les solutions adressées au grand public
(.../...)

Avez-vous des collègues qui se sont reconvertis dans un métier dit à col bleu ? ...
Ça rappelle la démarche et l' intérêt de (re)lire Matthew B. Crawford, philosophe et réparateur de motos (ou réparateur de motos et philosophe), vivant à Richmond et enseignant à l'université de Virginie, avec son livre Éloge du carburateur : Essai sur le sens et la valeur du travailShop Class as Soulcraft: An Inquiry Into the Value of Work ») paru en 2009.

Son éditeur en France:

https://www.editionsladecouverte.fr/...-9782707160065
Éloge du carburateur - Matthew B. Crawford - Éditions La Découverte
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Avatar de CosmoKnacki
Expert éminent https://www.developpez.com
Le 09/04/2024 à 1:26
Rien de nouveau sous le soleil, ce phénomène ressurgit depuis au moins 20 ans en France et évoque les exodes des années 70, en plus pragmatique peut-être. Des gens diplômés, qualifiés et bien rémunérés qui quittent leur travail et leur vie citadine pour se lancer dans l'agriculture extensive (maraîchère, bio, viticole, arboriculture, petits élevages...), l'hôtellerie, la restauration, l'artisanat, l'associatif, la culture ou autre domaine n'ayant rien à voir avec leur emploi précédent dans la tech, la finance, ou autre emploi "citadin". L'occasion pour eux d'explorer une autre voie, et de ne pas se dire 20 ans plus tard, éreintés par une filière qu'ils ne peuvent plus voir en peinture: "comme j'ai été bête de ne pas avoir essayé!".
Les motifs de ces mutations sont toujours les mêmes (conditions de travail, surmenage, mais surtout manque de sens), avec en germe des envies qui naissent ou qui n'ont pas pu s'exprimer par le passé et qui ressurgissent dans un moment de crise existentielle.

Bien évidemment, la transition n'est pas facile, et se heurtent fantasmes et réalités, mais pour ceux qui ont la possibilité de poursuivre l'expérience jusqu'au bout et d'aboutir à une situation stable, pour rien au monde ils ne regrettent leur ancien travail, et ce même si leur travail actuel leur impose des contraintes difficiles (notamment les horaires de travail, et les revenus pour les éleveurs et agriculteurs).

Par contre, ne faisons pas de confusion: les malheureux suicides parmi les agriculteurs ne concernent pas cette population de néoruraux (qui pour certains ont su capitaliser pour permettre leur transition de vie), mais plutôt des gens du pays pratiquant l'agriculture intensive qui implique de gros investissements (matériels, produits, surfaces, semences), donc des crédits, beaucoup de travail, peu de marge de manœuvre, et à peine de quoi vivre au final. À noter que dans ce cas aussi, il y a "manque de sens", mais eux trouverons difficilement un emploi dans la tech ou la finance et encore moins un appart en ville.
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Avatar de calvaire
Expert éminent https://www.developpez.com
Le 08/04/2024 à 11:04
ne pas oublier que c'est aux usa aussi.

L’écart de PIB est désormais de 80 % entre eux et nous ! L’European Centre for International Political Economy, a publié un classement du PIB par habitant des Etats américains et européens : l’Italie est juste devant le Mississippi, le plus pauvre des cinquante Etats américains, tandis que la France se situe entre l’Idaho et l’Arkansas, respectivement 48e et 49e Etats américains.

l’Idaho pour ceux qui savent pas c'est un état connu pour ces plantations de patates.
des planteurs de patates sont aussi riche que la France, ou a l'inverse les francais sont aussi riche que des planteurs de patates, je vous laisse choisir le sens que vous préférez .

Donc pas d’inquiétude, au pire Philip Su restera plus riche que la plupart d'entre nous si il plante des patates.
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