C'est ce que je vous propose de découvrir grâce à cette étude basée sur les 30 000 offres d'emploi postées en 2022 sur le portail Emploi de Developpez.com, spécialisé dans les offres d'emploi destinées aux développeurs et professionnels de l'informatique. Cette étude fait suite à six autres études réalisées les années précédentes.
Méthodologie : nous avons pris l'ensemble des offres d'emploi postées sur le Portail Emploi et comptabilisé les annonces demandant chaque technologie. Dans le cas où une annonce demande plusieurs technologies (cas extrêmement courant), elle est donc décomptée pour chaque technologie étudiée, ce qui permet donc de dégager la demande globale pour chaque technologie, du moment qu'elle fait partie d'au moins une des compétences requises pour un poste. Notez également que la manière de déterminer les offres en fonction des technologies a évolué ce qui peut expliquer des petites différences sur les chiffres des années passées.
Voici pour commencer la popularité des différents langages dans les offres d'emploi postées en 2022 sur Developpez.com :
Ainsi que l'évolution de la popularité des différents langages de 2013 à 2022 des langages les plus populaires :
Java est toujours le leader incontesté des langages. Si en 2014, sa place a failli être remise en question, les choses se sont arrangées et l'écart a plutôt tendance à se creuser. L'essor des technologies plus récentes n'a jamais réussi à éroder sa popularité.
Comme nous l'avions prédit dans notre précédente étude, Python a réussi à ravir à JavaScript la deuxième place du podium. Sa montée est irrésistible depuis 2013, où il se traînait à une honnête mais lointaine septième place, mais il était déjà cinquième en 2015, quatrième en 2017 et troisième en 2021. Python a été porté par son engouement dans le monde de l'enseignement à la place du Pascal qui était historiquement utilisé dans cet usage, mais aussi par son aspect langage à tout faire qui lui a permis une place solide dans le monde de l'entreprise.
JavaScript a commencé en 2013 à la troisième place, et s'il avait réussi à monter à la deuxième marche en 2015, il doit retrouver sa place initiale en 2023. La popularité de JavaScript, bien qu'en baisse, s'explique aisément par son aspect « passage obligé » pour le côté client du développement Web, mais les systèmes comme Node.js ont permis l'utilisation de ce langage côté serveur également, laissant miroiter un possible langage unique pour ce genre d'applications. Il est possible que les problèmes de NPM comme celui-ci ou celui-là soient à l'origine de cette baisse de forme. Cela n'empêche que JavaScript est et restera un langage majeur.
PHP est un langage qu'on adore ou qu'on déteste, et parfois les deux à la fois. Bien que traînant une image, injustifiée aujourd'hui, de langage amateur, il s'agit d'un langage Web solide que tout développeur Web se doit de connaître. Certes, ses beaux jours avec sa deuxième place en 2013 sont terminés, mais malgré une baisse presque continue depuis 2014, le langage s'offre tout de même une excellente quatrième place, quoi que puisse en dire ses détracteurs.
Ensuite, on trouve les « 3 C », respectivement le C, le langage de Dennis Ritchie et Ken Thompson à la cinquième place, le C#, le langage managé de Microsoft à la sixième et enfin le C++, inventé par Bjarne Stroustrup à la septième. Le C, créé initialement pour développer Unix et toujours privilégié pour la programmation système et embarqué jouit d'une popularité relativement constante, malgré une baisse de forme l'année du grand confinement. Le C++, langage autrefois favori de la conception d'applications, mais souvent desservi par sa grande complexité, bénéficie aussi d'une popularité très stable au fur et à mesure des années.
En revanche, C# connaît davantage de variations. Il partait d'une solide quatrième place en 2013, et a connu des petits hauts et bas les années suivantes, mais il est clair que d'autres langages sont plus en forme que lui. Néanmoins, sa place en tant que langage de premier choix pour la plate-forme .NET lui conforte malgré tout un avenir radieux.
Enfin, TypeScript, autre langage de Microsoft destiné à remplacer et compléter le JavaScript, est un langage récent, inconnu durant les premières années de ce classement, et s'offre une très honnête huitième depuis 2021, c'est une belle performance pour un langage parti de rien et sans support natif contrairement à JavaScript.
Dans un deuxième graphique, pour une meilleure lisibilité, voici des langages moins populaires et leur évolution :
Ce graphique, qui réunit donc les langages dont l'utilisation dans les offres d'emploi de 2022 est comprise entre 0,5 % et 2,5 %, pourrait faire vaguement penser à l'électrocardiogramme d'un cœur très malade. Les variations sont nombreuses, mais tous ces langages restent globalement dans la même tranche, et aucun de ceux-là n'est en baisse significative.
Ceci dit, quelques langages sortent quand même du lot. La bonne forme de Perl, neuvième du classement, étonne. Mais le plus intéressant reste tout de même Kotlin. À l'instar de TypeScript, il s'agit d'un nouveau langage, développé par JetBrains, basé sur une plate-forme existante, Java, bien que le langage puisse aussi cibler JavaScript et même vers le natif via LLVM. Ce langage récent en progression continue a connu un grand boom à partir de 2019, date où Google le prend en charge officiellement pour Android à côté de Java, et est même devenu le langage favori pour ce type de développement en 2021.
Ruby est un langage qui était plus populaire dans le passé, grâce en particulier au framework Rails. Passé de 2 % jusqu'en 2017 à 0,5 % en 2018, il semble passé de mode bien que progressivement il se refasse une santé, comme quoi l'effet de mode ne fait pas tout.
Enfin, dans ce dernier graphique, voici les langages « de niche » et leur évolution :
Ce classement inclut tous les langages dont la popularité dans les offres d'emploi en 2022 est inférieure à 0,5 %. Contrairement à la catégorie précédente, presque tous ces langages étaient nettement plus en forme les années précédentes, et cela ressemble donc plus à un cimetière de langages de programmation qu'autre chose.
Certains langages sont carrément en chute libre, comme VB.NET (au profit de C#), Objective C (au profit de Swift) et Cobol (au profit d'à peu près tout le reste), pour des raisons évidentes. Évitons également d'enfoncer un nouveau clou dans le cerceuil de Flash, tué par son propre créateur.
Il y a aussi dans cette catégorie des nouveaux langages qui n'ont pas connu la chance de TypeScript et Kotlin, et qui ont encore du mal à décoller, comme Dart et Rust. Rust en particulier surprend. Ce langage destiné à remplacer le C, et absolument pas rouillé contrairement à ce que pourrait laisser penser son nom, a de bonnes chances de connaître un brillant avenir. Il a même été intégré officiellement comme langage de développement pour le noyau Linux, mais pour l'instant les offres d'emploi en 2022 ne lui rendent pas justice. Nous espérons qu'en 2023, justice sera rendue à cet excellent langage.
Tout cela est bien intéressant, mais combien cela rapporte ?
Hé oui, savoir que telle ou telle technologie est beaucoup demandée est une chose, mais les salaires proposés suivent-ils la demande ? On dit souvent que « ce qui est rare est cher », est-ce que cela se vérifie aujourd'hui ?
Méthodologie : pour le calcul des salaires, nous avons pris la moyenne de la fourchette des salaires des offres d'emploi postées sur le Portail Emploi ; les valeurs clairement trop éloignées de la moyenne sont ignorées dans le calcul. Il s'agit donc bien de propositions de salaires, et non pas de salaires réels actuellement versés à des personnes, dont l'expérience et l'ancienneté peuvent être très diverses. Si le nombre d'offres dans une technologie donnée est trop faible, cette dernière ne sera pas présentée au niveau de la comparaison des salaires pour éviter d'avoir une moyenne faussée. Les salaires dans cette étude sont exprimés en euros bruts mensuels.
Paris est considérée comme l'une des villes les plus chères du monde, et en conséquence les salaires ne sont pas du même ordre qu'en province. Mais d'un autre côté, beaucoup de grosses entreprises technologies ont leur siège dans la capitale française. En raison de ces deux facteurs, l'étude des salaires distingue Paris du reste de la province, vu que la demande en technologie et les salaires proposés sont très différents.
Pour commencer, voici les salaires moyens par technologie en région parisienne.
« Très bien payés » ~ 4 500 euros |
« Bien payés » ~ 4 000 euros |
« Assez bien payés » ~ 3 750 euros |
« Correctement payés » ~ 3 500 euros |
« Mal payés » ~ 3 000 euros |
VB.NET, Ruby, Scala |
VBA, TypeScript, Abap, Kotlin, C, Cobol |
R, PHP, JavaScript, Python |
C++, C#, Go, Java, Dart |
D, Rust, Perl |
VB.NET, créé pour succéder à Visual Basic, probablement en tant que langage de transition, n'a jamais su vraiment décoller, étant dans l'ombre de son grand-frère le C#. Mais l'année 2022 lui donne son heure de gloire avec les offres de rémunération les plus élevées sur la région parisienne. On remarquera d'ailleurs qu'en province le nombre d'offres VB.NET est trop faible pour pouvoir en tirer une valeur exploitable. Mais en restant dans le Basic, VBA se défend très bien en région parisienne, avec une quatrième place ; en revanche en province le salaire proposé ne vous permettra pas de vous offrir le restaurant trois étoiles.
Dans les autres langages très bien payés en région parisienne, on y trouve Ruby, Scala, TypeScript, Abap, Kotlin, le C et le Cobol. C'est un bon mix entre technologies émergentes, technologies de niches et technologies obsolètes dont la maîtrise vaut de l'or.
A contrario, Java paye vraiment peu, malgré la pléthore d'offres disponibles. Mais pour Dart, D et de manière très surprenante, Rust, c'est encore pire. Notre lanterne rouge parisienne est cependant Perl, qui vous fera manger tous les jours des nouilles sans beurre.
Et en province ?
« Très bien payés » ~ 3 750 euros |
« Bien payés » ~ 3 500 euros |
« Assez bien payés » ~ 3 250 euros |
« Correctement payés » ~ 3 000 euros |
« Mal payés » ~ 2 750 euros |
R, Scala, Ruby |
Go, Kotlin, TypeScript, C++, Python |
D, Swift, C, VB.NET, JavaScript, C#, Java |
VBA, PHP, Windev, Perl |
Abap, Pascal |
En province, c'est R, le langage de statistiques, qui s'offre le haut du podium en salaire, suivi d'un cheveu par Scala et Ruby. Ces deux dernières technologies étant aussi extrêmement bien payées en région parisienne, ce sont clairement les filons du moment, au sens propre. Ensuite vient Go, et surtout Kotlin et TypeScript. Ces deux derniers sont aussi bien payés en région parisienne, pas autant que Scala et Ruby, certes, mais ces langages sont probablement aussi plus accessibles, et donc de très bon choix d'un point de financiers.
Ensuite, C++ et Python sont un peu au-dessus de la mêlée, suivi par la grande majorité des technologies. En retrait cependant, le VBA, clairement mieux évalué en région parisienne, PHP, Perl aussi, qui est clairement le langage des pauvres de cette année, même si la lanterne rouge provinciale se retrouve être le très bon mais définitivement plus à la mode, Pascal.
Conclusion
Si c'est populaire, ça paye pas cher ! Java est le langage le plus populaire, suivi par Python et JavaScript. Vous trouverez toujours du travail dans ces langages, mais ne vous attendez pas à des salaires de PDG. C'est dans l'ordre des choses.
Un langage en Or ! Scala et Ruby sont peu demandés, mais si vous dénichez une offre dans ces langages, c'est l'actuel bon filon pour vous assurer un salaire digne d'un ministre de l'informatique.
Le neuf c'est bien. Parfois. Kotlin et TypeScript sont des exemples réussis, d'un point de vue d'offre d'emploi et de salaire, de langages jeunes qui réussissent. Rust, Go, Dart sont au contraire des exemples où ça ne fonctionne pas, ou pas encore. À surveiller cependant, Rust pourrait briller l'année prochaine ! Enfin, Cobol est probablement l'une des technologies les plus obsolètes actuellement, mais la compétence, quand elle est demandée, est bien monnayée !
Retrouvez la précédente étude (2021) sur les langages