L'année 2020 a été une année chaotique. Le virus, qui n'est pas informatique celui-ci, a fait pas mal évolué notre métier et la manière de l'exercer, en donnant un recours plus fréquent, et parfois imposé, au télétravail.
Mais est-ce que cela a pu affecter également les technologies sur lesquelles les développeurs travaillent ? Est-ce que les technologies qui payaient hier, payent toujours autant aujourd'hui ?
Nous vous proposons de découvrir les différentes technologies SGBD, basées sur les offres d'emploi postées en 2020 sur le portail Emploi de Developpez.com, spécialisé dans les offres d'emploi destinées aux développeurs et professionnels de l'informatique. Cette étude fait suite à quatre autres études réalisées les années précédentes. Celle-ci se situe en 2020, et donc concerne en particulier deux confinements et une année pleine d'incertitudes pour les employeurs.
Méthodologie : nous avons pris l'ensemble des offres d'emploi postées sur le Portail Emploi et comptabilisé les annonces demandant chaque technologie. Dans le cas où une annonce demande plusieurs technologies (cas extrêmement courant), elle est donc décomptée pour chaque technologie étudiée, ce qui permet donc de dégager la demande globale pour chaque technologie, du moment qu'elle fait partie d'au moins une des compétences requises pour un poste. Notez également que la manière de déterminer les offres en fonction des technologies a évolué ce qui peut expliquer des petites différences sur les chiffres des années passées.
Voici pour commencer la popularité des différents SGBD dans les 20 000 offres d'emploi postées en 2020 sur Developpez.com :
Ainsi que l'évolution de la popularité des différents SGBD de 2013 à 2020 :
2019 a été le sacre de SQL Server en tant que SGBD numéro 1 dans les demandes d'emploi, et même si la tendance est plutôt à la baisse, le SGBD de Microsoft creuse en réalité l'écart avec son concurrent direct, Oracle. Le marché semble valider les grandes qualités de ce SGBD, que Microsoft a même pris la peine de porter sous Linux.
Si Oracle Database est toujours numéro 2, il est talonné par MySQL, autre produit de la même société. Si MySQL, qui était autrefois un produit indépendant, puis racheté par Sun avant d'être racheté par Oracle. Souvent décrié pour ne pas respecter à la lettre le SQL, il est néanmoins très utilisé, notamment dans le domaine du Web. Sa demande est actuellement en hausse, là où celle d'Oracle Database est en chute. Il est probable que les politiques d'audit agressive d'Oracle sur Oracle Database doivent être responsables en partie de cette désaffection pour le grand SGBD.
PostgreSQL n'est pas sur le podium, mais il se démarque significativement des autres en termes de parts de marché. Le SGBD open source respectueux des normes montre ici la plus forte progression de l'ensemble des SGBD.
MongoDB, champion en titre du NoSQL, n'est pas en forme en revanche. Si les années 2015 à 2017 ont montré un certain engouement pour le logiciel, la pression est redescendue depuis.
La base d'IBM se maintient globalement, son niveau étant significativement plus élevé depuis 2018, tandis que la base de données fichiers de Microsoft, Access, est dans une tendance descendante légère, mais constante, sur l'ensemble de la période étudiée. Enfin, MariaDB peine à percer face au géant MySQL alors que pour Sybase, la demande est extrêmement faible.
Populaire ou pas, combien chaque base de données peut rapporter ?
La demande plus ou moins élevée d'une base de données par rapport à une autre est une chose, mais un autre aspect tout aussi important est ce que ça peut vous rapporter comme salaire. On dit souvent que ce qui est rare est cher, du coup est-ce que les technologies plus confidentielles rapportent vraiment plus, au prix d'une recherche d'emploi plus délicate ? C'est ce que nous allons voir.
Méthodologie : pour le calcul des salaires, nous avons pris la moyenne de la fourchette de salaires des offres d'emploi postées sur le Portail Emploi ; les valeurs clairement trop éloignées de la moyenne sont ignorées dans le calcul. Il s'agit donc bien de propositions de salaires, et non pas de salaires réels actuellement versés à des personnes, dont l'expérience et l'ancienneté peuvent être très diverses. Les salaires dans cette étude sont exprimés en euros bruts mensuels.
Pour commencer, voici les salaires moyens proposés en Région Parisienne.
« Très bien payés » ~ 5 000 euros |
« Bien payés » ~ 4 500 euros |
« Assez bien payés » ~ 4 000 euros |
« Correctement payés » ~ 3 500 euros |
Access |
Hive, Teradata, DB2, MongoDB |
Cassandra, PostgreSQL, MySQL, Redis |
Oracle, SQL Server, ElasticSearch |
Ce tableau est très intéressant, car il semblerait que l'adage est vérifié : ce qui est rare est cher, ce qui est commun est bon marché.
On retrouve ainsi Access sacré base de données en or, avec un salaire moyen atteignant des sommets et une première place incontestable. La base de données de Microsoft était déjà première en 2019, sa place est donc confortée, en contradiction avec sa popularité en berne.
MongoDB est deuxième dans le classement, là encore comme en 2019, mais cette fois-ci l'écart est particulièrement marqué à l'avantage d'Access.
La base de données d'IBM, DB2 est troisième, à un niveau à peine inférieur à celui de MongoDB. C'est donc une très belle remontée par rapport à 2019, où il était avant-dernier avec un salaire moyen plus bas de 1000 euros.
À l'autre bout du classement c'est SQL Server, le plus "mal payé", mais c'est 3 500 euros en moyenne tout de même, et au même niveau que l'année dernière, il faut donc relativiser. Oracle est avant-dernier ; c'est une chute brutale en revanche par rapport à l'année dernière. MySQL est troisième dans le trio de queue, miroir inversé donc de leur popularité.
PostgreSQL est au milieu de ce classement, à l'instar de l'année dernière, et avec un niveau de salaire intéressant. Mais c'est aussi le seul dont le bon salaire est associé aussi à une augmentation significative de sa popularité. On dirait bien que c'est le bon plan du moment.
« Très bien payés » ~ 3 500 euros |
« Bien payés » ~ 3 250 euros |
« Assez bien payés » ~ 3 000 euros |
« Correctement payés » ~ 2 750 euros |
Hive, Cassandra, Access |
ElasticSearch, DB2, Teradata, Redis, MariaDB |
MySQL, Solr, MongoDB, Oracle |
PostgreSQL, SQL Server |
Et en province ?
En province, on retrouve peu ou prou la même forme du classement que pour la région parisienne, bien que les différences soient bien plus lissées.
Seul Access se démarque vraiment en étant encore une fois en première place avec un salaire significativement plus élevé. Quant à PostgreSQL, l'exception parisienne ne se vérifie hélas pas.
En conclusion
SQL Server est encore une fois la base la plus populaire, mais aussi celle qui paie le moins en moyenne.
Oracle Database est en deuxième position, menacée directement par MySQL, autre base de la même société. Là encore, les salaires sont à l'inverse de la popularité.
PostgreSQL est la bonne surprise du classement. Elle a une très solide quatrième place, en progression, et les salaires suivent, en particulier à Paris.
Si DB2 est à la cinquième place, elle n'est qu'à 3,9 %. Cependant, sa rareté se reflète sans souci sur le salaire. C'est donc un très bon choix.
MongoDB est en très nette perte de vitesse, mais au moins le bon salaire proposé est une bonne consolation.
Access n'est pas beaucoup demandé, mais les recruteurs pensent qu'une telle compétence vaut de l'or. Un autre excellent choix. Il faut savoir aussi qu'Access est différent des autres SGBD, c'est censé être un produit "utilisateur final" contrairement aux SGBD comme SQL Server et Oracle dont l'usage est destiné aux informaticiens, par exemple les DBA , donc le fait que les salaires soient plus élevés pour Access est une sorte de paradoxe. L'explication est peut-être due à l'offre et la demande, peu de candidats, et donc surenchère des offres de salaires.
MariaDB est en petite forme, la base n'arrive clairement pas à s'imposer au niveau actuel du marché de l'emploi.
Sybase enfin, est actuellement mort au niveau des offres d'emploi.
Qu'en pensez-vous ?
Retrouvez aussi l'étude langage 2020, ainsi que l'étude base de données 2019.