C’est l’enjeu de la nouvelle feuille de route de la Grande École du Numérique (GEN) qui prévoit le déploiement de quatre nouveaux projets à compter du 20 mai 2021 :
- Un marché public de services de formations inclusives aux métiers du numérique a été lancé par Pôle emploi afin d’enrichir l’offre de formation existante et de former 10 000 nouveaux apprenants d’ici fin 2022. Pour atteindre ces objectifs, la Grande École du Numérique apportera son expertise technique en matière de sélection, de suivi et d’évaluation des formations.
- Afin d’enrichir l’offre de formations labellisées, la feuille de route prévoit par ailleurs le lancement d’un nouvel appel à labellisation. Celui-ci priorisera notamment les formations implantées dans des quartiers prioritaires de la ville ou dans des zones de revitalisation rurale et aux formations accueillant une part importante de publics féminins.
- La feuille de route prévoit également le lancement d’un appel à projets « Innovation » dont l’objectif est de cibler les projets innovants visant à mieux atteindre, former et accompagner les publics cibles de la GEN tout au long de leur formation et de leur insertion professionnelle.
- Enfin, la feuille de route prévoit la mise en place d’un observatoire national de l’offre de formation et des compétences numériques dont le rôle sera d’identifier les besoins dans les territoires pour mieux les anticiper et y apporter une réponse adaptée.
La durée de formation au sein du réseau de la GEN varie de 1 à 42 mois, mais dure en moyenne 7 mois, d’après des données 2017. Grosso modo, ce sont donc pour la plupart des formations courtes et intensives ; détail que vient confirmer le premier point de la nouvelle feuille de route de la GEN désormais en vigueur. Ce choix apparaît comme une réponse à la question de savoir si un diplôme universitaire et plusieurs années d’expérience doivent être requis pour le recrutement de tiers dans la filière IT.
De façon traditionnelle, l’exercice dans la filière des technologies de l’information requiert de suivre le parcours classique d’une formation diplômante en informatique au cours de laquelle le futur développeur de métier acquiert les connaissances de base pour la carrière qu’il envisage. Le cursus est sanctionné par l’obtention d’un diplôme universitaire à bac+3/5 en général requis (en plus d’un certain nombre d’années d’expérience professionnelle) par les employeurs lors de la phase de recrutement. Dans une publication parue au mois de septembre de l’année précédente, la Commission Solarium faisait état de ce que c’est en raison de ce type d’exigences que le gouvernement américain éprouve des difficultés à recruter les profils en cybersécurité dont il a besoin. Elle recommande donc d’ajuster les exigences de recrutement afin de permettre à des profils issus des formations intensives ou bootcamps d’être recrutés.
« Le gouvernement fédéral sera plutôt plus fort s'il s'appuie sur un large éventail de backgrounds et s'il crée des opportunités pour les employés d'acquérir des connaissances et de l'expérience dans le cadre de leur travail. Cet effort nécessitera de nombreuses approches innovantes, parmi lesquelles la Commission recommande tout particulièrement des programmes d'apprentissage et des possibilités de perfectionnement pour soutenir le développement des employés du secteur de la cybersécurité », indiquait-t-elle.
En 2015, Elon Musk et d'autres personnalités de l'industrie de la technologie ont créé OpenAI et l'ont déplacé dans des bureaux au nord de la Silicon Valley à San Francisco. Ils ont recruté plusieurs chercheurs ayant travaillé chez Google et Facebook, deux des entreprises qui mènent une poussée industrielle dans le domaine de l'intelligence artificielle. En plus des salaires et des primes à la signature, les géants de l'Internet rémunèrent généralement les employés avec des options d'achat d'actions considérables. OpenAI a dépensé environ 11 millions de dollars dans sa première année, avec plus de 7 millions de dollars consacrés aux salaires et autres avantages sociaux. C’est ainsi que des chercheurs de renom ont pu entrer en possession de rémunérations annuelles variant entre 300 000 dollars et 2 millions de dollars l’an. Grosso modo, la manœuvre laissait penser que la filière intelligence artificielle est réservée à des tiers ayant fait de longues études universitaires, des personnes nanties de doctorats. Seulement, Elon Musk a complété une offre d’emploi pour la division intelligence artificielle de Tesla à sa manière : « Un doctorat n'est absolument pas nécessaire. Tout ce qui compte, c'est une compréhension approfondie de l'intelligence artificielle et la capacité à mettre en œuvre les réseaux de neurones d'une manière réellement utile (c'est ce dernier point où l'on observe qu'il y a des difficultés). Pour le reste, je me fiche de savoir si vous êtes même parvenu à obtenir votre diplôme d'études secondaires. »
C’est un positionnement qui rejoint celui d’IBM qui suggère de recruter sur la base des compétences plutôt qu’en se fondant sur les diplômes universitaires. Même Tim Cook est d’avis qu’ « un diplôme universitaire de quatre ans n’est pas nécessaire pour maîtriser le codage informatique. »
La GEN c’est 14 millions d’euros de subventions en 2017 et seulement 23 % de CDI
La question qui vient à l’immédiat est celle de savoir si l’initiative Grande École du Numérique est utile. Pour l’année 2017, 77 % des apprenants ont bénéficié de la gratuité dans le cadre de leur formation. Parallèlement à ces chiffres, la Grande École Numérique a également fait l’état du nombre d’apprenants qui a été inséré professionnellement dans le système. Pour les apprenants qui ont terminé la première session de leur formation 2017, seuls 23 % sont parvenus à obtenir un CDI. Environ 12 % des personnes formées ont obtenu un CDD.
Au regard de ces chiffres liés à l’insertion professionnelle, des questionnements sur l’efficacité du dispositif font surface. En effet, pour l’année 2017, l’état français a accordé des subventions de plus de 14 millions d’euros pour aider à la formation de ces 9582 formés en 2017. Mais pour ces dépenses, seulement 563 personnes ont eu un CDI, 283 ont eu un CDD, 207 travaillent en indépendant, etc.
Source : Ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion
Et vous ?
Alors que les entreprises cherchent majoritairement des profils Bac+5 ingénieur ou Master, faire former en masse des sortants de Bac pro pour essayer de les transformer en développeurs web front end par des écoles privées à la réputation parfois douteuse dont certaines ne sont même pas habilitées par le rncp est-il pertinent ?
Selon vous l’État français devrait-il continuer à soutenir l’initiative GEN ?
Un diplôme universitaire et plusieurs années d’expérience doivent être requis pour le recrutement de tiers dans la filière IT ?
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Que pensez-vous des formations intensives en programmation ? Sont-elles plus efficaces que les formations classiques en informatique ?