Avec la crise sanitaire de coronavirus qui a cours, le travail à distance s’est imposé à l’échelle globale. En effet, un sondage de Gartner publié à mi-parcours du mois de mars 2020 révèle que 88 % (d’un échantillon de 800) des organisations disséminées à travers le monde ont fait passer leurs employés en mode télétravail. Quel est le bilan un peu plus d’un an après le début de cette pandémie ? Une étude de l’institut Sapiens donne des pistes sur plusieurs axes dont celui très attendu de la productivité des employés.
« Pratiqué de manière régulière par seulement 3 % des salariés en février 2020, le télétravail vient de connaître un véritable saut quantique pendant le premier confinement, qui a vu près de 40 % des salariés basculer en télétravail quotidien selon nos estimations. Utilisé par des millions de salariés du jour au lendemain, le télétravail a représenté la meilleure façon de préserver l’activité pour de nombreuses entreprises. En sauvant de nombreuses entreprises de la paralysie totale, le recours au télétravail a ainsi permis de sauvegarder entre 216 et 230 milliards d’euros de PIB en 2020 (167 et 173 milliards d’euros de PIB lors du premier confinement, et entre 49 et 57 milliards d’euros lors du second confinement).
« Le télétravail ne doit pas être qu’un phénomène épisodique de notre histoire du travail, mais bien une norme à diffuser, tant cette pratique présente de nombreux avantages pour les salariés et les entreprises. Les expériences montrent que le recours au télétravail permet d’améliorer le management en entreprise, de diminuer l’absentéisme, d’augmenter la productivité des salariés de 22 % et de réduire les coûts liés à l’immobilier. Pour le salarié, le télétravail, en plus de favoriser un meilleur équilibre vie privée / vie professionnelle, peut devenir un outil d’inclusion en gommant les inégalités salariales entre les femmes et les hommes, mais aussi en favorisant l’insertion des travailleurs handicapés au sein des entreprises. Le télétravail peut également être employé comme un procédé de préretraite en favorisant la transition en fin de carrière des actifs.
« Les externalités positives pour la société sont aussi nombreuses. Le travail à distance, en éliminant de nombreux trajets inutiles, peut réduire de 2,3 millions de tonnes nos émissions annuelles de C02 et générer une économie minimale de 200 € par mois pour un actif réalisant une journée hebdomadaire de télétravail », indique l’institut Sapiens.
Qu’on soit aux USA ou en France, les arguments mis en avant en faveur du télétravail par les tiers en confinement sont : les gains de productivité et de temps, ainsi que le calme. L’étude de l’institut Sapiens vient en sus mettre en avant des avantages supplémentaires sur le plan économique, social, managérial et environnemental. Elle fait suite à une étude de Cloudbees qui est arrivée à la même conclusion de gains de productivité pour ce qui est de développeurs informatique travaillant à distance en raison de la crise sanitaire.
Si travail à distance implique plus d’heures passées devant les ordinateurs, cela pourrait dans certains cas ne pas se traduire par plus de productivité. Une raison pour laquelle les heures de travail supplémentaires pourraient ne pas se traduire en productivité supplémentaire est que certaines applications fonctionnent différemment dans les environnements de travail à domicile.
Selon le temps nécessaire pour effectuer un échantillon de tâches au sein des applications, depuis le moment où l'utilisateur clique sur la touche de lancement jusqu'à celui où il obtient les résultats sur son écran, les applications SaaS et en nuage ont des performances similaires ou parfois meilleures pour les travailleurs à distance. Cependant, les applications client-serveur conçues pour une utilisation sur site ont des performances dégradées. Les tâches qui impliquent l'ouverture ou la sauvegarde de contenu distant (par exemple, la sauvegarde d'une feuille de calcul sur un disque partagé) sont plus lentes lorsqu'on travaille à domicile.
Par exemple, les temps d'attente pour les applications de CAO et d'analyse à forte intensité de calcul consomment environ 10 % de leur temps d'utilisation total, contre environ 0,2 % pour les applications de collaboration. Zoom, a des temps d'attente plus longs que Teams, Skype et Slack. Le ralentissement des performances des applications compense l'augmentation du nombre d'heures de travail passées devant l'ordinateur. C’est grosso modo ce qui ressort d’un rapport d’Aternity.
Le télétravail en masse impose un changement d’habitude qui casse avec la norme en vigueur avant le début de la pandémie : le travail en présentiel sur un lieu de service. Désormais, l’adoption en masse du télétravail est envisagée par bon nombre d’observateurs comme l’un des changements phares du post-pandémique. En raison des avantages mis en avant dans son rapport, l’institut Sapiens appelle à la pérennisation et à la sécurisation de cette pratique d’avenir.
En Allemagne, le télétravail est en passe de devenir une règle nationale. Le ministre allemand du Travail l’avait déjà fait savoir lors d’une sortie au cours du mois d’avril de l’année dernière : les employés devraient avoir le droit de travailler depuis leur domicile, ce, surtout que la pandémie de coronavirus l’impose désormais. Un projet de loi est en cours dans gestation pour aller dans ce sens. Hubertus Heil annonce sa publication dans quelques semaines. L’exécutif français pour sa part ne prévoit pas de mesures contraignantes pour des raisons de conservation des intérêts des collectifs d’entreprises – un pan sur lequel le projet allemand est critiqué en interne.
Le projet de loi vise à garantir que les travailleurs ont la possibilité de travailler à domicile lorsque cela est possible, ainsi qu'à réglementer le travail à domicile. L'une des formules explorées est celle de la limitation des heures de travail. Il vise un renforcement des droits des travailleurs en matière de travail à distance et l’établissement de frontières plus claires entre vie personnelle et professionnelle pour les employés lancés sur ce créneau. Grosso modo, le projet de loi vise à répondre à la question de savoir*: comment procéder pour tirer le meilleur parti des progrès technologiques afin de toujours garder la productivité des employés en télétravail à son meilleur niveau ?
Plusieurs politiciens allemands soutiennent cette proposition de loi. Le vice-chancelier Olaf Scholz que la mise sur pied d’une telle loi est une bonne occasion pour le pays de ne plus revenir aux anciennes méthodes c’est-à-dire au présentiel. Katrin Göring-Eckardt, chef du groupe parlementaire du Parti Vert allemand, salue également cette suggestion. Elle demande entre autres le droit à l'internet haut débit pour permettre aux employés de travailler plus efficacement depuis leur domicile. La proposition de loi se heurte néanmoins à des critiques sur au moins deux axes : primo, l’affaiblissement de la capacité des travailleurs à s'engager dans des négociations collectives ; deuxio, la porte ouverte à l’externalisation des emplois vers des pays où les normes de travail sont moins strictes. Les premiers retours font état de ce que le projet de loi ne devrait pas être contraignant pour les employeurs. Toutefois, l’idée de « règle nationale » en matière de télétravail se dessine en Allemagne. Avant la dernière mise à jour du protocole national pour assurer la santé et la sécurité des salariés en entreprise, Emmanuel Macron s’était refusé à aller dans le sens de l’Allemagne arguant que c’est une formule susceptible de mettre à mal les collectifs d’entreprise et les employés locaux.
Source : Institut Sapiens
Et vous ?
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Le télétravail a fait grimper la productivité des salariés de 22 %, d'après une étude de l'institut Sapiens
Qui souligne en sus que cela a permis une sauvegarde de 9 points du PIB français en 2020
Le télétravail a fait grimper la productivité des salariés de 22 %, d'après une étude de l'institut Sapiens
Qui souligne en sus que cela a permis une sauvegarde de 9 points du PIB français en 2020
Le , par Patrick Ruiz
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