Chaque année, le Developer Survey de Stack Overflow fait office de baromètre pour la communauté mondiale des développeurs. Avec près de 50 000 réponses issues de 177 pays pour cette édition 2025, l’enquête ne se limite plus à une photographie des langages les plus utilisés ou des frameworks préférés. Elle propose désormais une cartographie fine des salaires, des usages de l’intelligence artificielle et des dynamiques de carrière. Pour les développeurs français, ces données sont particulièrement précieuses : elles permettent non seulement de se situer par rapport à leurs pairs européens, mais aussi de comprendre les écarts persistants avec les États-Unis, où les rémunérations atteignent des sommets.Les grandes lignes du rapport global
Le Developer Survey 2025 met en avant des tendances structurantes pour l’ensemble du secteur. D’abord, les salaires médians montrent des disparités nettes selon les profils. Les cadres supérieurs et C-level dépassent les 130 000 dollars annuels, tandis que les engineering managers suivent de près, autour de 130 000 dollars également. Les ingénieurs spécialisés en IA/ML se situent autour de 90 000 dollars, ce qui reflète la forte demande pour ces compétences, bien qu’un certain plafonnement semble apparaître face à l’explosion de l’offre de profils récemment formés.
En comparaison, les développeurs back-end gravitent autour de 80 000 dollars, et les développeurs front-end autour de 62 000 dollars. Des métiers comme la conception d’applications dopées à l’IA ou l’IA embarquée affichent des niveaux similaires, ce qui traduit une spécialisation encore en cours de consolidation.
Ces chiffres doivent être lus avec un prisme régional : un manager aux États-Unis peut percevoir jusqu’à 200 000 dollars, contre un peu plus de 100 000 en Allemagne et encore légèrement moins en France. Le fossé transatlantique persiste, notamment du fait de la compétition féroce que se livrent les géants américains pour recruter et retenir les talents.
Le rapport 2025 confirme une tendance de fond : l'intégration massive de l'intelligence artificielle dans les flux de travail des développeurs. Plus de 80 % des professionnels utilisent désormais des outils d'IA au quotidien, un chiffre en forte progression. L'IA est devenue un outil d'apprentissage, 44 % des développeurs l'ayant utilisée pour apprendre une nouvelle technologie ou un nouveau langage.
Cependant, le rapport met en lumière un paradoxe. Si l'adoption explose, la confiance, elle, s'effrite. Seulement 29 % des développeurs déclarent avoir une confiance « relative » dans les outils d'IA, un chiffre en baisse par rapport aux années précédentes. La raison principale ? Des « solutions d'IA qui sont presque justes, mais pas tout à fait ». Cela se traduit par une augmentation du temps passé à déboguer du code généré par l'IA, ce qui tempère l'enthousiasme initial. En tant que professionnels, cela souligne l'importance de la vigilance et de la vérification, l'IA restant un assistant et non un remplaçant.
France, Allemagne, États-Unis : une comparaison éclairante
Pour la première fois, le site donne des chiffres pour les salaires annuels médians. Dans le contexte européen, l’Allemagne apparaît comme un point de référence. Avec près de 9 % des réponses au sondage, elle est l’un des pays les mieux représentés après les États-Unis. Les salaires allemands se situent généralement au-dessus de ceux pratiqués en France, en particulier pour les postes de management ou les spécialistes cloud et IA. L’Allemagne bénéficie d’un tissu industriel solide et d’une forte demande pour accompagner sa transformation numérique, ce qui tire les rémunérations vers le haut.
La France, quant à elle, représente environ 4 % des participants. Les niveaux de salaire y sont structurellement plus bas que dans le monde anglo-saxon. Un développeur français senior gagne souvent 20 à 30 % de moins qu’un Allemand, et près de deux à trois fois moins qu’un Américain de niveau équivalent. En revanche, l’écart de coût de la vie et la stabilité des contrats jouent en faveur de la France, où la sécurité de l’emploi reste plus valorisée que l’hyper-compétition salariale.
Aux États-Unis, le paysage est tout autre. L’explosion des besoins en ingénierie, notamment dans les domaines de l’IA générative et du cloud, a fait bondir les rémunérations. La tension est telle que des profils intermédiaires se retrouvent propulsés à des salaires supérieurs à 120 000 dollars annuels, avec des bonus et avantages en sus.
Les salaires médians des développeurs français connaissent des variations notables selon les spécialisations. La hiérarchie des rémunérations est la suivante (le rapport les communique en dollars) :
- Développeur en jeux vidéo et graphisme : environ 76 000 €
- Data Engineer : 68 000 €
- Ingénieur IA/ML : 62 900 €
- Développeur Back-End : 62 000 €
- DevOps : plus de 60 000 €
- Développeur Mobile : 54 500 €
- Développeur Front-End : 53 000 €
- Data Scientist : 52 000 €
- Développeur Full Stack : 50 000 €
- Développeur en systèmes embarqués : 49 000 €
- Professionnel des applications d'entreprise : 47 000 €
Ces chiffres donnent un bon aperçu des rôles les plus valorisés sur le marché français, avec une nette domination des métiers liés à l'IA, à la data et aux infrastructures. L’étude précise que l’écart salarial entre les États-Unis et les autres pays est important pour les postes les mieux rémunérés.
Pour les développeurs qui envisagent une carrière à l'étranger, la comparaison des salaires est primordiale. Le rapport 2025 de Stack Overflow confirme que les salaires médians américains restent considérablement plus élevés que ceux de leurs homologues européens. Par exemple, un ingénieur en infrastructures cloud aux États-Unis gagne un salaire médian 48 % plus élevé que son homologue allemand.
Si l'Allemagne propose des salaires attractifs, elle est classée comme le pays où la satisfaction au travail est la plus basse (19 %), loin derrière les États-Unis (29 %). La France se positionne sur un marché salarial qui, bien que plus modeste que celui des États-Unis, offre une qualité de vie et un équilibre entre vie professionnelle et vie privée souvent cités comme des atouts.
Technologies dominantes et désirées
- Python gagne en adoption, avec une progression de +7 points en 2025 (lié à son usage en IA, science des données, backend)
- LLM & agents IA : Claude Sonnet (Anthropic) est le plus admiré, suivi par OpenAI GPT, Gemini Reasoning
- L’adoption des outils IA s'accélère, mais la confiance s'effrite : seule une minorité (≈ 3 %) accorde une confiance « élevée » aux résultats produits par ces outils, tandis que 46 % les jugent peu fiables
- 84 % des développeurs utilisent désormais des outils IA (contre 76 % l’an dernier)
- L’un des freins majeurs reste le débogage de code généré par l’IA : 45 % des développeurs jugent perdre du temps à corriger des erreurs
L'IA : omniprésente mais pas encore totalement fiable
L’autre enseignement majeur de ce rapport réside dans l’usage des outils d’intelligence artificielle par les développeurs. En 2025, plus de 84 % déclarent avoir recours à des solutions de génération de code ou d’assistance par IA, contre 76 % un an plus tôt. La progression est fulgurante et touche tous les profils, des juniors aux architectes expérimentés.
Cependant, cette adoption massive ne s’accompagne pas d’une confiance aveugle. Près de la moitié des développeurs affirment ne pas faire confiance aux résultats fournis par les IA, et 45 % estiment perdre du temps à corriger le code produit. Le phénomène de « débogage inverse » devient un vrai sujet : plutôt que de gagner du temps, les développeurs doivent parfois décortiquer des morceaux de code approximatifs, ce qui engendre frustration et scepticisme.
Fait notable, ce sont les développeurs les plus expérimentés qui manifestent la plus grande défiance. Ils considèrent l’IA comme un outil utile pour accélérer certaines tâches, mais pas comme un substitut...
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