
Les résultats de ces sondages atterrissent dans un contexte de multiplication des appels à retourner au bureau que les patrons justifient par la nécessité de maintenir la productivité de leurs équipes
Un groupe d'employés de JP Morgan a lancé une pétition en ligne pour protester contre la politique de retour au bureau de l'entreprise. Le CEO de JP Morgan a dédaigné ces appels à assouplir la politique de retour au bureau sur 5 jours. Il a d’ailleurs précisé que les employés en quête de télétravail sont libres de présenter leurs démissions. Cette décision qui est similaire à celle d’autres banques comme Goldman Sachs est en général prise par les dirigeants au motif de ce que le travail au bureau permet « d’œuvrer ensemble » et donc d’améliorer la productivité.
« Travailler ensemble sur un problème à l'aide d'un tableau blanc procure un réel sentiment de satisfaction », soulignent certains chefs d’entreprise après avoir indiqué que le télétravail a isolé leurs employés. Cette position s’accorde avec celle de Marissa Meyer PDG de Yahoo en 2013 : « Certaines des meilleures décisions et idées viennent de discussions de couloir et de cafétéria, en rencontrant de nouvelles personnes et dans des réunions d'équipe improvisées » avant d’ajouter que « la rapidité et la qualité sont souvent sacrifiées lorsque nous travaillons à la maison » et qu'avoir un Yahoo! uni « commence par être physiquement ensemble ».
En 2017, IBM a mis en avant des arguments allant dans le même sens pour mettre fin au télétravail. Comme quoi, le présentiel serait un plus dans la stimulation de la productivité des employés.
Dans le même ordre d’idées, Donald Trump a ordonné à toutes les agences fédérales américaines de mettre fin au télétravail. « Nous avons ordonné à tous les travailleurs fédéraux de retourner au bureau. Ils devront se présenter au travail en personne ou seront démis de leurs fonctions », a martelé Donald Trump.
La mesure n’est pas surprenante quand on sait quelle est la position d’Elon Musk vis-à-vis du télétravail et son rôle dans l’actuel gouvernement des USA : « Je crois fermement que les gens doivent être plus productifs lorsqu’ils sont lancés sur la formule présentiel au bureau », a-t-il déclaré par le passé avant d’ajouter entre autres que « le télétravail pose un problème moral car c’est une formule injuste pour les personnes qui ne peuvent travailler à domicile. »
"We ordered all federal workers to return to the office. They will either show up for work in person or be removed from their job." 🔥 pic.twitter.com/PlXSDD4x07
— The Sentinel Action Fund (@sentinelaction) March 5, 2025
Gitlab rapporte que le télétravail n’a pas d’impact négatif sur la productivité de ses employés
En effet, Gitlab fonctionne en télétravail depuis ses débuts en 2014. Lorsque la pandémie a frappé, ses employés disposaient déjà d'espaces adéquats à la maison où ils pouvaient travailler. Et comme beaucoup d’autres sociétés, GitLab s'appuie aussi sur des outils de communication virtuels tels que Slack et Zoom. Les employés utilisent simplement ces outils de manière très spécifique.
Les employés de la société suivent une politique consistant à choisir les bons émojis pour réagir aux messages de chat et à allouer un certain nombre de minutes pour clore les appels vidéo. De plus, son site affiche et met à jour régulièrement des instructions détaillées sur la manière d'intégrer les nouveaux employés, et un système de jumelage permet d'éviter que les nouveaux employés ne soient débordés. Cela dit, certains membres se réunissent toutefois de temps en temps.
« Nous nous réunissions de temps en temps avec des personnes qui se trouvent à proximité, et environ une fois tous les 9 à 10 mois avec toute l'entreprise », indique un responsable de l’entreprise. « Ces moments étaient très agréables pour apprendre à connaître d'autres côtés des gens, mais il faut reconnaître que nous avons déjà beaucoup travaillé sur ce point en passant des appels plus souvent avec Zoom, par exemple », ajoute-t-il. En outre, son PDG a rapporté que la productivité des employés a augmenté au cours de la pandémie.
« La productivité n'est pas liée à l'endroit où l'on travaille, mais à la manière dont on travaille. Les travailleurs à distance sont 35 % plus productifs que leurs homologues au bureau. Avec moins de distractions et des horaires flexibles, les résultats parlent d'eux-mêmes », déclare une internaute.
Productivity isn’t about where you work but how you work. Remote workers are 35% more productive than their in-office counterparts. With fewer distractions and flexible hours, the results speak for themselves. 🚀 #Productivity #RemoteWorkLife #WomenInBusiness
— Christena Garduno, DBA (@IamChristenaG) March 12, 2025
D’ailleurs, les données à disposition n’établissent pourtant pas que les employés sont plus productifs au bureau qu’en télétravail
Ces développements font suite à de précédents qui remettent en question le positionnement des employeurs selon lequel les employés sont plus productifs au bureau. Dans bien de pays au monde, la journée de travail a une durée de 8 heures. Pour un employé de bureau, on arrive au lieu de service, s’installe sur un siège devant un ordinateur et se lance dans ses activités. Mais, lesquelles ? De quoi s’agit-il dans la réalité ? De « 8 heures de travail » ou « 8 heures au travail » ? En d’autres termes, pour combien de temps les travailleurs sont-ils productifs sur une journée de travail ? Dans une publication parue en 2017, Invitation Digital Ltd – une firme de marketing basée au Royaume-Uni – répond aux questions.
L’étude d’Invitation Digital Ltd a porté sur près de 2000 (1989 pour être exact) employés de bureau (à temps plein) âgés de plus de 18 ans et disséminés sur l’ensemble du territoire du Royaume-Uni. En réponse à la question de savoir s’ils se considèrent productifs tout au long d’une journée de travail, la grande majorité (soit 79 %) avait répondu non. D’après les résultats de l’étude, seul le cinquième (donc les 21 % restants) a répondu par l’affirmative. Le sondage avait ensuite révélé que la durée moyenne de productivité sur le lieu de service est de 2 h 53 min, soit moins de 3 h.
D’après l’enquête, si les travailleurs se retrouvaient avec moins de 3 h de productivité sur une journée de travail c’est parce qu’ils étaient la plupart du temps distraits par des activités comme : surfer sur les réseaux sociaux – 47 % (des répondants au sondage) ; lire les sites Web d'actualités – 45 % ; discuter des activités en dehors du travail avec des collègues – 38 % ; préparation de boissons chaudes – 31 % ; pauses cigarettes – 28 % ; messagerie texte et messagerie instantanée – 27 % ; manger par petits bouts...
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