
En opposition avec d’autres à propos de l’impact sur la productivité
Zillow a décidé de permettre à ses employés de travailler entièrement à distance pendant la pandémie. Les derniers retours à propos de cette décision font état de ce que l’entreprise qui emploie un nombre important de développeurs informatique ne compte plus exiger leur retour dans les bureaux. Motif : la manœuvre lui a permis d’économiser de l’argent, de voir les demandes d’emploi de personnes intéressées par le télétravail affluer en plus grand nombre et de maintenir sa productivité. C’est ce qui ressort de certains rapports en opposition avec de précédents sur la question de l’impact du télétravail sur la productivité.
Si Zillow indique toujours que son siège social se trouve à Seattle, l'entreprise se présente comme « basée dans le nuage », avec des travailleurs à distance et des bureaux satellites.
Le rapport de Zillow au télétravail est similaire à celui de Gitlab avec cette approche
En effet, Gitlab fonctionne en télétravail depuis ses débuts en 2014. Lorsque la pandémie a frappé, ses employés disposaient déjà d'espaces adéquats à la maison où ils pouvaient travailler. Et comme beaucoup d’autres sociétés, GitLab s'appuie aussi sur des outils de communication virtuels tels que Slack et Zoom. Les employés utilisent simplement ces outils de manière très spécifique.
Les employés de la société suivent une politique consistant à choisir les bons émojis pour réagir aux messages de chat et à allouer un certain nombre de minutes pour clore les appels vidéo. De plus, son site affiche et met à jour régulièrement des instructions détaillées sur la manière d'intégrer les nouveaux employés, et un système de jumelage permet d'éviter que les nouveaux employés ne soient débordés. Cela dit, certains membres se réunissent toutefois de temps en temps.
« Nous nous réunissions de temps en temps avec des personnes qui se trouvent à proximité, et environ une fois tous les 9 à 10 mois avec toute l'entreprise », indique un responsable de l’entreprise. « Ces moments étaient très agréables pour apprendre à connaître d'autres côtés des gens, mais il faut reconnaître que nous avons déjà beaucoup travaillé sur ce point en passant des appels plus souvent avec Zoom, par exemple », ajoute-t-il. En outre, son PDG a rapporté que la productivité des employés a augmenté au cours de la pandémie.
« La productivité n'est pas liée à l'endroit où l'on travaille, mais à la manière dont on travaille. Les travailleurs à distance sont 35 % plus productifs que leurs homologues au bureau. Avec moins de distractions et des horaires flexibles, les résultats parlent d'eux-mêmes », déclare une internaute.
Productivity isn’t about where you work but how you work. Remote workers are 35% more productive than their in-office counterparts. With fewer distractions and flexible hours, the results speak for themselves. 🚀 #Productivity #RemoteWorkLife #WomenInBusiness
— Christena Garduno, DBA (@IamChristenaG) March 12, 2025
— Christena Garduno, DBA (@IamChristenaG) March 12, 2025
D’ailleurs, les données à disposition n’établissent pourtant pas que les employés sont plus productifs au bureau qu’en télétravail
Ces développements font suite à de précédents qui remettent en question le positionnement des employeurs selon lequel les employés sont plus productifs au bureau. Dans bien de pays au monde, la journée de travail a une durée de 8 heures. Pour un employé de bureau, on arrive au lieu de service, s’installe sur un siège devant un ordinateur et se lance dans ses activités. Mais, lesquelles ? De quoi s’agit-il dans la réalité ? De « 8 heures de travail » ou « 8 heures au travail » ? En d’autres termes, pour combien de temps les travailleurs sont-ils productifs sur une journée de travail ? Dans une publication parue en 2017, Invitation Digital Ltd – une firme de marketing basée au Royaume-Uni – répond aux questions.
L’étude d’Invitation Digital Ltd a porté sur près de 2000 (1989 pour être exact) employés de bureau (à temps plein) âgés de plus de 18 ans et disséminés sur l’ensemble du territoire du Royaume-Uni. En réponse à la question de savoir s’ils se considèrent productifs tout au long d’une journée de travail, la grande majorité (soit 79 %) avait répondu non. D’après les résultats de l’étude, seul le cinquième (donc les 21 % restants) a répondu par l’affirmative. Le sondage avait ensuite révélé que la durée moyenne de productivité sur le lieu de service est de 2 h 53 min, soit moins de 3 h.
D’après l’enquête, si les travailleurs se retrouvaient avec moins de 3 h de productivité sur une journée de travail c’est parce qu’ils étaient la plupart du temps distraits par des activités comme : surfer sur les réseaux sociaux – 47 % (des répondants au sondage) ; lire les sites Web d'actualités – 45 % ; discuter des activités en dehors du travail avec des collègues – 38 % ; préparation de boissons chaudes – 31 % ; pauses cigarettes – 28 % ; messagerie texte et messagerie instantanée – 27 % ; manger par petits bouts – 25 % ; faire de la nourriture au bureau – 24 % ; téléphoner à son partenaire/à ses amis – 24 % ; recherche d'un nouvel emploi – 19 %. Bref, un ensemble de facteurs aisément applicables à la situation de tiers en télétravail.
87 % des participants de l’enquête de Microsoft disent être plus productifs en télétravail. La publication du géant technologique fait suite à une étude d’une équipe de l’université du Texas qui souligne que le travail à distance a zéro impact négatif sur la productivité des travailleurs. Ce serait même plutôt le contraire. L'équipe de l'université du Texas a travaillé sur des données d’un logiciel fourni par une grande entreprise pétrolière et gazière de Houston. Pendant la période d'étude (de janvier 2017 à décembre 2018), l'entreprise a été contrainte de fermer ses bureaux en raison des inondations provoquées par l'ouragan Harvey, ce qui a obligé les employés à travailler à distance pendant une période prolongée.
Les chercheurs ont examiné les données technologiques des employés (le nombre total d'heures travaillées par employé, le temps de travail actif total, l'utilisation du clavier par minute active, l'utilisation de la souris par minute active, les mots tapés par heure et le nombre d'erreurs typographiques par mot tapé) avant, pendant et après l'ouragan Harvey. Ils ont constaté que, bien que l'utilisation totale des ordinateurs ait diminué pendant l'ouragan, les comportements professionnels des employés pendant la période de sept mois de travail à distance sont revenus aux niveaux d'avant l'ouragan. Cette conclusion suggère que le travail à distance n'a pas d'impact négatif sur la productivité des personnes lancées sur la formule télétravail.
Il n’empêche que les patrons multiplient les appels de retour au bureau car « cela permet de travailler ensemble. »
« Travailler ensemble sur un problème à l'aide d'un tableau blanc procure un réel sentiment de satisfaction », soulignent certains chefs d’entreprise après avoir indiqué que le télétravail a isolé leurs employés. Cette position s’accorde avec celle de Marissa Meyer PDG de Yahoo en 2013 : « certaines des meilleures décisions et idées viennent de discussions de couloir et de cafétéria, en rencontrant de nouvelles personnes et dans des réunions d'équipe improvisées » avant d’ajouter que « la rapidité et la qualité sont souvent sacrifiées lorsque nous travaillons à la maison » et qu'avoir un Yahoo! uni « commence par être physiquement ensemble ». En 2017, IBM a mis en avant des arguments allant dans le même sens pour mettre fin au télétravail. Comme quoi, le présentiel serait un plus dans la stimulation de la productivité des employés.
Source : seattletimes
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