L'anxiété de la génération Z face à l'IA rencontre la sérénité des dirigeants
L'étude a été réalisée par General Assembly, un fournisseur de formation technologique. Il a interrogé 1 180 adultes salariés de la génération Z aux États-Unis et 393 cadres au Royaume-Uni. L'étude révèle que la génération Z est parfaitement consciente de la rapidité avec laquelle les dernières innovations technologiques peuvent devenir incontrôlables et est inquiète pour son avenir à mesure que la technologie de l'IA générative est déployée sur le lieu de travail.
Selon le rapport, 62 % des membres de la génération Z interrogés pensent qu'ils pourraient perdre leur emploi au cours de la prochaine décennie. Un rapport mondial publié en septembre 2024 suggère que les craintes de la génération Z ne sont pas infondées. Il prévoit notamment que l'intégration de l'IA sur le lieu de travail pourrait affecter jusqu'à 43 millions d'emplois au cours de l'année prochaine (2025). Mais encore, ce chiffre ne concerne que les États-Unis.
Ce rapport a été produit par la Banque interaméricaine de développement (Inter-American Development Bank - IBD). Il suggère toutefois que l'impact sera moins lié à l'âge qu'aux qualifications académiques et au sexe. L'IBD a prédit que les travailleurs américains moins instruits seront plus durement touchés que ceux qui possèdent un diplôme de premier cycle ou une licence. De plus en plus d'entreprises que leur objectif est de réduire les coûts liés au personnel.
Si la jeune génération a peur de l'impact potentiel de l'IA sur la main-d’œuvre humaine, les PDG semblent sereins ou s'inquiètent peu face à la montée en puissance de la technologie. L'étude de General Assembly a révélé que seuls 6 % des directeurs et des cadres de niveau VP (vice-president) pensent que l'IA représente une menace pour leur rôle. Les licenciements ne visent que le personnel, laissant penser que les dirigeants se considèrent comme immunisés.
Pourquoi la génération Z s'inquiète-t-elle à propos de l'IA générative ?
Selon les experts, les jeunes travailleurs se sentent probablement plus menacés que les cadres parce qu'ils ont moins d'influence et ne sont pas assis à la table des négociations, notamment en ce qui concerne les licenciements et l'impact de l'IA sur leur entreprise en général. L'année dernière, de nombreux PDG se sont montrés plus que disposés à utiliser l'IA comme bouc émissaire pour réduire les effectifs, tout en réaffectant les ressources aux projets d'IA.
Les membres de la génération Z pourraient également être anxieux en raison de leur début de carrière. Selon Lupe Colangelo, directrice de l'engagement des anciens élèves et des partenariats avec les employeurs à General Assembly, la nature corrective de nombreux emplois subalternes rend la génération Z plus vulnérable au changement. L'IA met à mal la génération Z en lui arrachant les tâches qui devraient normalement lui permettre d'acquérir de l'expérience.
« L'IA est capable d'effectuer un grand nombre de tâches répétitives et de bas niveau qui étaient généralement effectuées par des travailleurs débutants. Il est compréhensible que les jeunes générations soient anxieuses à ce sujet. Les cadres et les dirigeants chevronnés, quant à eux, apportent des années d'expérience et de contexte que l'IA ne peut pas tout à fait reproduire, du moins pas encore », a écrit Lupe Colangelo dans une déclaration à Fortune.
Le PDG milliardaire de Nvidia, Jensen Huang, a abondé dans le même sens. Lorsqu'on lui a demandé, lors du sommet sur l'IA organisé par Nvidia en octobre 2024, s'il pensait que l'IA pourrait remplacer son travail, il a répondu : « absolument pas ». Suggérant que l'IA peut faire de 20 à 50 % du travail d'un travailleur donné, Jensen Huang a déclaré : « la personne qui est capable d'utiliser l'IA pour automatiser ces 20 % est celle qui va prendre votre travail ».
Les employeurs déplorent les lacunes des diplômés de la génération Z
Les employeurs affirment que de nombreux travailleurs de la génération Z ne sont pas préparés au monde du travail. Une étude récente a révélé qu'une entreprise sur six hésite à embaucher de jeunes diplômés de l'enseignement supérieur, invoquant des préoccupations à l'égard de leur préparation, leurs compétences techniques et leur professionnalisme. Plus de la moitié (55 %) des répondants pensent que les jeunes diplômés manquent d'éthique de travail.
De nombreux rapports indiquent que les employeurs se plaignent de l'état déplorable des connaissances informatiques des employés de la génération Z. Un rapport publié en février 2024 par la Linux Foundation Research et de l'Open Source Security Foundation (OpenSSF) indique que de nombreux développeurs ne disposent pas des connaissances et les compétences essentielles pour développer efficacement des logiciels sécurisés. Il formule des recommandations.
Par ailleurs, selon une étude publiée l'année dernière par Dell Technologies, les membres de la génération Z estiment que l'école ne leur donne pas les compétences nécessaires pour survivre dans un monde numérique. Ils reconnaissent la nécessité de développer des compétences numériques pour leur future carrière, mais les membres de la génération Z sont frustrés par le fait que leur éducation ne les ait pas suffisamment préparés au monde du travail.
Selon le rapport, 37 % des répondants à l'étude ont déclaré que l'enseignement scolaire ne leur a pas permis d'acquérir les compétences technologiques dont ils avaient besoin pour la carrière qu'ils envisageaient. Environ 44 % des répondants pensent que les entreprises doivent travailler plus étroitement avec le secteur public, principalement avec le secteur de l'éducation, pour répondre à leur soif d'apprentissage, notamment autour des compétences numériques.
Des milliers d'emplois déjà supprimés en raison de l'adoption de l'IA
En février 2024, Fortune et Bloomberg ont rapporté que plus de 4 000 emplois avaient été perdus aux États-Unis depuis mai 2023 en raison de l'adoption de l'IA. L'équipe à l'origine du rapport, Challenger, Gray & Christmas, a ajouté qu'il s'agissait certainement d'une « sous-estimation des emplois perdus au profit de l'IA ». Parmi les entreprises citées dans le rapport figure UPS, qui a licencié du personnel en raison de l'automatisation de certains processus par l'IA.
Les salariés savent qu'ils doivent se mobiliser. Selon le cabinet de conseil en éducation CarringtonCrisp, près de la moitié des personnes interrogées dans le cadre d'une enquête menée auprès de 10 000 apprenants dans 40 pays prévoyaient de se former à l'IA au cours des cinq prochaines années. L'étude de General Assembly montre que les jeunes générations ont tendance à être les plus préoccupées par la possibilité que l'IA leur marche sur les pieds.
Les conclusions de l'étude, partagées avec Fortune, indiquent que la moitié des milléniaux pensent qu'il y a au moins une chance que l'IA remplace leur rôle, contre 44 % des membres de la génération X et seulement 24 % des baby-boomers. Lupe Colangelo affirme que les employés doivent reconnaître la valeur que les membres de la génération Z apportent sur lieu de travail et ne doivent pas les dévaloriser. Elle recommande d'aider la génération Z.
Lupe Colangelo a déclaré à ce propos : « même si les baby-boomers ne s'inquiètent pas pour eux-mêmes, ils ont la responsabilité de donner un coup de main à l'avenir. L'IA occupant de plus en plus de postes de débutants, les employeurs ont une plus grande responsabilité dans la formation de la prochaine génération. Les entreprises doivent leur offrir une porte d'entrée. Les employeurs ne peuvent tout simplement pas laisser tomber toute une génération ».
La question qui se pose est la suivante : si personne ne forme les jeunes, comment feront les entreprises lorsque les séniors partiront à la retraite ? Selon Lu Colangelo, les employeurs doivent contribuer à développer les compétences qu'ils souhaitent dans le vivier de talents actuel.
Source : General Assembly
Et vous ?
Quel est votre avis sur le sujet ?
Que pensez-vous de l'anxiété suscitée par l'IA auprès de la génération Z ?
Selon vous, comment la génération Z peut-elle surmonter ses craintes à l'égard de l'IA ?
Les dirigeants se considèrent comme immunisés contre l'impact potentiel de l'IA sur leurs rôles. Qu'en pensez-vous ?
Comment les employeurs peuvent-ils venir en aide aux membres de la génération Z face à la montée en puissance de l'IA ?
Certains employeurs délaissent les membres de la génération Z au profit de l'IA. Quels pourraient être les impacts à long terme de ce choix ?
Voir aussi
Les PDG doivent être honnêtes sur l'impact de l'IA sur les emplois et ne doivent pas « baratiner » leurs employés. Pour Jim Kavanaugh, les gens sont « trop intelligents » pour penser que rien ne va changer
Les employeurs déplorent le manque de motivation et d'initiative des jeunes diplômés de la génération Z, et des rapports indiquent que les juniors en informatique n'ont pas les compétences techniques requises
L'essor de l'IA serait en train de mettre à mal la génération Z et ChatGPT réquisitionne les tâches banales sur lesquelles les jeunes employés s'appuyaient pour faire avancer leur carrière