Des centaines d'employés du géant du commerce en ligne se plaignent de l'impact négatif sur leur vie et leur productivité au travail de la décision du PDG Andy Jassy de reprendre le travail cinq jours par semaine et espèrent que l'entreprise reviendra sur sa décision. En parallèle, ils se lancent à la recherche d’emplois qui leur offrent plus d’options en matière de télétravail. Le tableau ravive le débat de la comparaison entre la productivité des employés en télétravail et au bureau.
Dans l'après-midi du 24 septembre, le taux de satisfaction moyen des répondants à l'enquête concernant l’exigence de retour au bureau était de 1,4 sur une échelle allant jusqu'à 5 (1 signifiant « fortement insatisfait » et 5 représentant « fortement satisfait »). Les créateurs de l'enquête indiquent dans l'introduction de leur questionnaire qu'ils prévoient d'agréger et de partager les résultats par courrier électronique avec Andy Jassy et d'autres cadres de l'entreprise « afin de leur donner un aperçu clair de l'impact de cette politique sur les employés, y compris les défis identifiés et les solutions proposées ».
« Nous recherchons des commentaires honnêtes et constructifs sur la récente décision d'exiger un retour au bureau dans les cinq jours », peut-on lire dans l'introduction de l'enquête.
Les employés d’Amazon vont en parallèle à la quête d’emplois qui offrent plus de flexibilité en matière de télétravail
Les employés d'Amazon ne veulent pas retourner au bureau cinq jours par semaine. Quatre-vingt-onze pour cent des professionnels d'Amazon interrogés par le réseau social professionnel Blind ne sont pas satisfaits de la décision du PDG Andy Jassy d'exiger un travail au bureau cinq jours par semaine à partir de janvier 2025. L'enquête de Blind a été menée auprès de 2 585 professionnels vérifiés d'Amazon, un jour après l'envoi par Jassy de la note de service annonçant les nouveaux plans de l'entreprise.
Près de trois professionnels d'Amazon sur quatre (73 %) déclarent qu'ils envisagent de chercher un autre emploi en raison de la politique de travail au bureau lorsqu'ils ont été interrogés par Blind.
En effet, les données à disposition n’établissent pas que les employés sont plus productifs au bureau qu’en télétravail
Ces développements font suite à de précédents qui remettent en question le positionnement des employeurs selon lequel les employés sont plus productifs au bureau. Dans bien de pays au monde, la journée de travail a une durée de 8 heures. Pour un employé de bureau, on arrive au lieu de service, s’installe sur un siège devant un ordinateur et se lance dans ses activités. Mais, lesquelles ? De quoi s’agit-il dans la réalité ? De « 8 heures de travail » ou « 8 heures au travail » ? En d’autres termes, pour combien de temps les travailleurs sont-ils productifs sur une journée de travail ? Dans une publication parue en 2017, Invitation Digital Ltd – une firme de marketing basée au Royaume-Uni – répond aux questions.
L’étude d’Invitation Digital Ltd a porté sur près de 2000 (1989 pour être exact) employés de bureau (à temps plein) âgés de plus de 18 ans et disséminés sur l’ensemble du territoire du Royaume-Uni. En réponse à la question de savoir s’ils se considèrent productifs tout au long d’une journée de travail, la grande majorité (soit 79 %) avait répondu non. D’après les résultats de l’étude, seul le cinquième (donc les 21 % restants) a répondu par l’affirmative. Le sondage avait ensuite révélé que la durée moyenne de productivité sur le lieu de service est de 2 h 53 min, soit moins de 3 h.
D’après l’enquête, si les travailleurs se retrouvaient avec moins de 3 h de productivité sur une journée de travail c’est parce qu’ils étaient la plupart du temps distraits par des activités comme : surfer sur les réseaux sociaux – 47 % (des répondants au sondage) ; lire les sites Web d'actualités – 45 % ; discuter des activités en dehors du travail avec des collègues – 38 % ; préparation de boissons chaudes – 31 % ; pauses cigarettes – 28 % ; messagerie texte et messagerie instantanée – 27 % ; manger par petits bouts – 25 % ; faire de la nourriture au bureau – 24 % ; téléphoner à son partenaire/à ses amis – 24 % ; recherche d'un nouvel emploi – 19 %. Bref, un ensemble de facteurs aisément applicables à la situation de tiers en télétravail.
87 % des participants de l’enquête de Microsoft disent être plus productifs en télétravail. La publication du géant technologique fait suite à une étude d’une équipe de l’université du Texas qui souligne que le travail à distance a zéro impact négatif sur la productivité des travailleurs. Ce serait même plutôt le contraire. L'équipe de l'université du Texas a travaillé sur des données d’un logiciel fourni par une grande entreprise pétrolière et gazière de Houston. Pendant la période d'étude (de janvier 2017 à décembre 2018), l'entreprise a été contrainte de fermer ses bureaux en raison des inondations provoquées par l'ouragan Harvey, ce qui a obligé les employés à travailler à distance pendant une période prolongée.
Les chercheurs ont examiné les données technologiques des employés (le nombre total d'heures travaillées par employé, le temps de travail actif total, l'utilisation du clavier par minute active, l'utilisation de la souris par minute active, les mots tapés par heure et le nombre d'erreurs typographiques par mot tapé) avant, pendant et après l'ouragan Harvey. Ils ont constaté que, bien que l'utilisation totale des ordinateurs ait diminué pendant l'ouragan, les comportements professionnels des employés pendant la période de sept mois de travail à distance sont revenus aux niveaux d'avant l'ouragan. Cette conclusion suggère que le travail à distance n'a pas d'impact négatif sur la productivité des personnes lancées sur la formule télétravail.
Des dirigeants d’entreprises continuent néanmoins à soutenir que la présence au bureau permet de « travailler ensemble sur des problèmes. »
Les dirigeants de ces entreprises ordonnent les retours au bureau à temps plein afin de retrouver le « succès collectif » en sacrifiant le « confort individuel » qui résulte du travail à distance. Ces appels au retour laissent entendre que le travail « en équipe » au bureau permet l’atteinte de cimes de productivité que l’approche télétravail ne permet pas.
« Travailler ensemble sur un problème à l'aide d'un tableau blanc procure un réel sentiment de satisfaction », souligne-t-il après avoir indiqué que le télétravail a isolé ses employés. Sa sortie s’accorde avec celle de Marissa Meyer PDG de Yahoo en 2013 : « certaines des meilleures décisions et idées viennent de discussions de couloir et de cafétéria, en rencontrant de nouvelles personnes et dans des réunions d'équipe improvisées » avant d’ajouter que « la rapidité et la qualité sont souvent sacrifiées lorsque nous travaillons à la maison » et qu'avoir un Yahoo! uni « commence par être physiquement ensemble ». En 2017, IBM a mis en avant des arguments allant dans le même sens pour mettre fin au télétravail. Comme quoi, le présentiel serait un plus dans la stimulation de la productivité des employés.
Sources : Enquêtes
Et vous ?
Que pensez-vous de ces tendances ? Sont-elles cohérentes avec la réalité dont vous êtes au fait ?
Partagez-vous de l’argument des employeurs selon lequel les employés en télétravail sont moins productifs ?
Télétravail ou bureau : dans quelle situation êtes-vous le plus productif ? Pour quelles raisons ?
Voir aussi :
Twitter encourage fortement tous ses employés du monde entier à travailler à domicile pour réduire la probabilité de propagation du coronavirus
Coronavirus : après avoir recommandé le travail à domicile, Twitter demande à ses employés de travailler chez eux, une mesure adoptée par les grandes enseignes de la tech comme Google
Télétravail : cinq raisons pour lesquelles les entreprises lui disent non, Gagnerait-il à être plus largement adopté ?
Le coronavirus ralentit la production d'écrans LCD, et les prix des TV et moniteurs devraient monter en conséquence, cinq usines de fabrication à Wuhan étant actuellement touchées, selon un rapport
Une IA aurait fourni les premières alertes sur l'épidémie du coronavirus de Wuhan à l'aide du big data pour suivre et anticiper la propagation des maladies infectieuses les plus dangereuses au monde
Des employés d'Amazon très insatisfaits plaident pour l'annulation de l'exigence de retour au bureau de 5 jours, via une enquête anonyme
Et se lancent en parallèle à la quête d'emplois plus flexibles
Des employés d'Amazon très insatisfaits plaident pour l'annulation de l'exigence de retour au bureau de 5 jours, via une enquête anonyme
Et se lancent en parallèle à la quête d'emplois plus flexibles
Le , par Patrick Ruiz
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !