« Si vous avez des possibilités d'emploi à distance, veuillez m'envoyer un message. Rien n'est exclu. Je préfère retourner à l'école plutôt que de travailler à nouveau dans un bureau », lance un employé de l’entreprise sur son compte Linkedin.
Amazon revient à sa politique d'avant la pandémie et met fin au télétravail
Amazon tente depuis la fin de la pandémie de rappeler ses employés au bureau à temps plein. Les ordres de retour au bureau d'Amazon ont déclenché une vague de mécontentements parmi les employés, et certains ont voulu résister, notamment ceux qui pensent que leur travail ne nécessite pas une présence sur les lieux. Cependant, Amazon a progressivement durci le ton contre les contestations ; des documents divulgués à la fin de l'année dernière ont révélé que les employés d'Amazon qui refusent de se conformer à la politique de retour au bureau (3 jours par semaine) peuvent perdre leurs promotions.
Dans un récent mémo interne envoyé au personnel, le PDG Andy Jassy a annoncé que la société reviendra à sa politique de travail d'avant la pandémie à partir de l'année prochaine. Cela signifie que les employés auront l'obligation d'être présents au bureau 5 jours par semaine. La politique actuellement en vigueur exige que les employés soient présents au bureau au moins 3 jours par semaine. « Nous allons recommencer à être au bureau comme avant », a écrit Jassy.
Il a ajouté : « avant la pandémie, il n'était pas acquis que les gens puissent travailler à distance deux jours par semaine, et ce sera également le cas à l'avenir ; nous nous attendons à ce que les gens soient au bureau en dehors de circonstances atténuantes ». Amazon donne aux employés jusqu'au 2 janvier pour commencer à adhérer à la nouvelle politique :
« Lorsque nous nous penchons sur les cinq dernières années, nous continuons à penser que les avantages d'être ensemble au bureau sont considérables. Nous avons observé qu'il est plus facile pour nos coéquipiers d'apprendre, de modéliser, de pratiquer et de renforcer notre culture ; la collaboration, le brainstorming et l'invention sont plus simples et plus efficaces ; l'enseignement et l'apprentissage mutuel sont plus transparents ; et les équipes ont tendance à être mieux connectées les unes aux autres.
Les 15 derniers mois où nous sommes retournés au bureau au moins trois jours par semaine ont renforcé notre conviction quant aux avantages du travail en entreprise. Nous comprenons que certains de nos coéquipiers peuvent avoir organisé leur vie personnelle de telle sorte que le retour au bureau cinq jours par semaine nécessitera quelques ajustements. Afin d'assurer une transition en douceur, nous allons rendre cette nouvelle attente active à partir du 2 janvier 2025 », déclare Jassy.
Jassy a ajouté qu'Amazon prévoit de simplifier sa structure d'entreprise en réduisant le nombre de responsables afin de supprimer des couches et d'aplanir les organisations. Chaque organisation de l'équipe S devra augmenter le ratio entre les contributeurs individuels et les managers d'au moins 15 % d'ici la fin du premier trimestre 2025. Les contributeurs individuels sont des employés d'Amazon qui ne gèrent généralement pas d'autres membres du personnel.
Il a indiqué que chaque équipe réexaminera sa structure dans le cadre du processus et qu'il est possible qu'elle identifie les rôles qui ne sont plus nécessaires. Tout changement ou ajustement sera annoncé au niveau de l'équipe. Jassy a expliqué qu'Amazon procédait à ces changements pour renforcer sa culture d'entreprise et s'assurer qu'elle resterait flexible. À la suite de ce mémo, les actions d'Amazon ont baissé dans les échanges de l'après-midi.
Amazon a rapidement augmenté ses effectifs pendant la pandémie avant que Jassy ne prenne les rênes et n'institue des réductions généralisées de coûts. Au deuxième trimestre, Amazon comptait 1,53 million d'employés après des licenciements, soit une croissance de 5 % seulement par rapport à l'année précédente. À titre de comparaison, la main-d'œuvre d'Amazon a augmenté de 14 % pour atteindre 1,52 million d'employés au deuxième trimestre 2022.
Les données à disposition n’établissent pas que les employés sont plus productifs au bureau qu’en télétravail
Ces développements font suite à de précédents qui remettent en question le positionnement des employeurs selon lequel les employés sont plus productifs au bureau. Dans bien de pays au monde, la journée de travail a une durée de 8 heures. Pour un employé de bureau, on arrive au lieu de service, s’installe sur un siège devant un ordinateur et se lance dans ses activités. Mais, lesquelles ? De quoi s’agit-il dans la réalité ? De « 8 heures de travail » ou « 8 heures au travail » ? En d’autres termes, pour combien de temps les travailleurs sont-ils productifs sur une journée de travail ? Dans une publication parue en 2017, Invitation Digital Ltd – une firme de marketing basée au Royaume-Uni – répond aux questions.
L’étude d’Invitation Digital Ltd a porté sur près de 2000 (1989 pour être exact) employés de bureau (à temps plein) âgés de plus de 18 ans et disséminés sur l’ensemble du territoire du Royaume-Uni. En réponse à la question de savoir s’ils se considèrent productifs tout au long d’une journée de travail, la grande majorité (soit 79 %) avait répondu non. D’après les résultats de l’étude, seul le cinquième (donc les 21 % restants) a répondu par l’affirmative. Le sondage avait ensuite révélé que la durée moyenne de productivité sur le lieu de service est de 2 h 53 min, soit moins de 3 h.
D’après l’enquête, si les travailleurs se retrouvaient avec moins de 3 h de productivité sur une journée de travail c’est parce qu’ils étaient la plupart du temps distraits par des activités comme : surfer sur les réseaux sociaux – 47 % (des répondants au sondage) ; lire les sites Web d'actualités – 45 % ; discuter des activités en dehors du travail avec des collègues – 38 % ; préparation de boissons chaudes – 31 % ; pauses cigarettes – 28 % ; messagerie texte et messagerie instantanée – 27 % ; manger par petits bouts – 25 % ; faire de la nourriture au bureau – 24 % ; téléphoner à son partenaire/à ses amis – 24 % ; recherche d'un nouvel emploi – 19 %. Bref, un ensemble de facteurs aisément applicables à la situation de tiers en télétravail.
87 % des participants de l’enquête de Microsoft disent être plus productifs en télétravail. La publication du géant technologique fait suite à une étude d’une équipe de l’université du Texas qui souligne que le travail à distance a zéro impact négatif sur la productivité des travailleurs. Ce serait même plutôt le contraire. L'équipe de l'université du Texas a travaillé sur des données d’un logiciel fourni par une grande entreprise pétrolière et gazière de Houston. Pendant la période d'étude (de janvier 2017 à décembre 2018), l'entreprise a été contrainte de fermer ses bureaux en raison des inondations provoquées par l'ouragan Harvey, ce qui a obligé les employés à travailler à distance pendant une période prolongée.
Les chercheurs ont examiné les données technologiques des employés (le nombre total d'heures travaillées par employé, le temps de travail actif total, l'utilisation du clavier par minute active, l'utilisation de la souris par minute active, les mots tapés par heure et le nombre d'erreurs typographiques par mot tapé) avant, pendant et après l'ouragan Harvey. Ils ont constaté que, bien que l'utilisation totale des ordinateurs ait diminué pendant l'ouragan, les comportements professionnels des employés pendant la période de sept mois de travail à distance sont revenus aux niveaux d'avant l'ouragan. Cette conclusion suggère que le travail à distance n'a pas d'impact négatif sur la productivité des personnes lancées sur la formule télétravail.
Même les cadres qui imposent le retour au bureau admettent que cela n'améliore pas la productivité comme l’illustrent des données chez Atlassian
Le rapport d'Atlassian, intitulé "Lessons Learned : 1,000 Days of Distributed at Atlassian", rend compte des enseignements tirés par l'éditeur sur sa politique de travail distribué et les replace dans le contexte d'un sentiment public plus large.
Dans le cadre de l'étude, Atlassian a interrogé 5 000 employés internes sur leurs sentiments à l'égard de sa politique de travail distribué, puis a sondé 100 PDG de Fortune 1000 et 100 PDG de Fortune 500. (Bien que 200 soit un petit échantillon, il y a très peu de postes de direction dans ces entreprises, ce qui fait que la représentation d'Atlassian semble assez proche de celle de ce groupe spécifique.) La quasi-totalité (92 %) des employés internes interrogés par Atlassian a déclaré que cette politique de travail (zéro jour obligatoire au bureau) fait partie intégrante de leur capacité à réaliser leur meilleur travail.
Et 91 % ont déclaré que c'était une raison majeure pour laquelle ils restaient dans l'entreprise. Les PDG ne sont pas en reste. La quasi-totalité (99 %) des dirigeants interrogés par Atlassian a déclaré qu'ils pensaient que le travail distribué était la voie de l'avenir et que sa popularité ne ferait que croître à partir de maintenant. Selon les analystes, ce n'est pas un sentiment nouveau ni une prédiction sans fondement. En effet, les données, en tout cas depuis le début de la pandémie, montrent que les taux de travail au bureau se sont stabilisés à un peu moins de 50 % dans les dix principales zones métropolitaines des États-Unis.
Et vous ?
Partagez-vous les avis à propos des employés en télétravail selon lesquels « le plus important c’est le résultat » qu’ils fournissent ?
Seriez-vous prêt à démissionner de votre entreprise pour rejoindre une autre qui vous permet de travailler à distance ?
Selon vous, sur quels critères doit-on s’appuyer pour juger de la productivité d’un travailleur de la filière programmation informatique en particulier ?
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