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Les patrons imposent les retours au bureau pour provoquer les démissions volontaires des employés en télétravail, d'après une étude
Qui fait suite à des démissions d'employés forcés à retourner au bureau

Le , par Patrick Ruiz

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Les dirigeants d’entreprises imposent les retours au bureau pour provoquer les démissions volontaires des employés en télétravail. C’est ce qui ressort d’une récente étude qui souligne que ces ordres de retour au bureau sont des licenciements déguisés qui vise à réduire les effectifs sans les coûts associés aux licenciements formels.

Le rapport de Bamboo HR montre qu'environ un quart des dirigeants ont mis en œuvre des politiques de retour au bureau dans l'espoir de provoquer des démissions volontaires. De même, environ 20 % des professionnels des ressources humaines ont indiqué que leurs politiques de retour au bureau étaient conçues pour inciter les travailleurs à démissionner.

« En utilisant les ordres de retour au bureau comme tactique de réduction des effectifs, les entreprises perdent des talents. Près de la moitié (45 %) des employés qui ont fait l'expérience du retour au bureau signalent une perte importante de talents au sein de leur organisation - des talents qui étaient très appréciés et que l'on souhaitait conserver.

En outre, le mécontentement à l'égard des politiques de retour au bureau est très fort parmi les employés, plus d'un sur quatre (28 %) déclarant qu'il envisagerait de quitter son poste s'il était soumis à de telles exigences. Ce niveau d'insatisfaction pourrait conduire à une nouvelle fuite des talents, affectant non seulement le moral, mais aussi la stabilité et le potentiel d'innovation de la main-d'œuvre », souligne le rapport.



Une lettre de 5000 employés de SAP illustre un positionnement contre le télétravail dont les dirigeants savent désormais tirer partie

En janvier, SAP a ordonné à ses employés dans le monde entier, soit un peu plus de 100 000 travailleurs, de retourner au bureau ou de travailler depuis les installations d'un client 3 jours par semaine à partir d'avril. Il s'agit d'un revirement par rapport à ses politiques de travail flexible introduites en juin 2021, qui permettaient au personnel de travailler à domicile, à distance ou au bureau. Christian Klein, directeur général de SAP, a déclaré que le travail à distance pourrait coûter à SAP sa culture et son esprit d'équipe. Selon lui, les outils de collaboration à distance ne permettent pas de créer des liens solides.

« Je ne crois pas vraiment qu'une plateforme de vidéoconférence permette de comprendre notre culture, de se former et de se donner les moyens de faire son travail au mieux », a déclaré Klein à la suite des résultats financiers de l'entreprise. Cependant, un grand nombre de ses employés ne sont pas de cet avis. Une lettre ouverte interne critiquant la politique de retour au bureau de SAP a recueilli plus de 5 000 signatures en moins de deux semaines. Les employés du géant allemand des logiciels menaçaient de chercher un autre emploi plutôt que d'accepter les nouvelles règles sur le retour au bureau.

« Nous nous sentons trahis par une société qui, jusqu'à récemment, nous encourageait à travailler à domicile, pour ensuite nous demander de changer radicalement de direction », peut-on lire dans la lettre, qui a été publiée en interne. Le comité d'entreprise européen de la société, un groupe qui représente les employés de SAP sur le continent, a déclaré que l'exigence d'être de retour au bureau était déraisonnable après que les employés aient été informés qu'ils pouvaient continuer à travailler à distance. Selon les signataires de la lettre, cette nouvelle politique n'est pas soutenable.

Par exemple, la lettre souligne que "l'absence d'augmentations salariales significatives" au fil des ans a contraint le personnel à trouver des moyens de s'adapter. « Pour compenser cela, nous avons profité de la possibilité de travailler à distance et avons déménagé là où le coût de la vie était moins élevé, loin des métropoles coûteuses », indique la lettre. De son côté, SAP a déclaré que le retour au bureau est essentiel pour atteindre ses objectifs, ajoutant que l'entreprise a pris cette décision pour s'aligner sur les meilleures pratiques du marché et sur sa propre expérience en tant que pionnier du travail hybride :

« Trouver le bon équilibre entre le télétravail et le travail au bureau permet de stimuler la productivité, l'innovation et le bien-être des employés. Nous faisons évoluer notre politique de travail flexible pour l'aligner sur les meilleures pratiques du marché et sur notre propre expérience en tant que pionniers du travail hybride ». Selon certains critiques, SAP force les employés à travailler sur site contre leur gré. Par conséquent, cela pourrait ne pas conduire aux résultats escomptés, voire nuire à la productivité des travailleurs. D'autres critiques pensent que SAP pourrait utiliser cette situation pour réduire son personnel.

La grogne monte de plus en plus contre les ordres de retour au bureau dans l'industrie technologie. Les entreprises veulent mettre fin au travail entièrement à distance en exigeant des employés qu'ils se rendent dans un bureau ou chez un client au moins 3 jours par semaine, ce qui peut être considéré comme une politique de travail hybride. Cependant, les travailleurs n'en veulent pas et se rebellent contre leurs employés. De Google à IBM en passant par Amazon, les employés dont les responsabilités peuvent être assumées entièrement à distance s'opposent aux nouvelles règles et menacent même de démissionner.

De nombreuses entreprises ont renforcé leurs exigences en matière de retour au bureau au cours de l'année dernière, remplaçant les mesures incitatives favorables aux salariés, telles que les subventions pour les trajets domicile-travail, par des mesures plus punitives, notamment des mesures disciplinaires ou une progression de carrière limitée si les objectifs d'assiduité ne sont pas atteints. Au début du mois dernier, IBM a annoncé à ses managers qu'ils sont désormais tenus de s'installer près d'un bureau et de commencer à assister aux réunions trois fois par semaine. Dans le cas, ils sont invités à quitter l'entreprise.

Les ordres de retour au bureau sont souvent considérés comme un facteur d'attrition. Ainsi, les employés de SAP ont écrit dans leur lettre que si la nouvelle exigence est conçue comme une stratégie de réduction du personnel à coût zéro, elle ne fera qu'éloigner les employés talentueux. Ces règles ont été durcies au fur et à mesure que le marché se dégradait et que le risque de suppressions d'emplois faisait pencher la balance en faveur des employeurs. Pourtant, selon les données de la société Kastle Systems, la fréquentation des bureaux est restée relativement stagnante tout au long de l'année 2023.

Moins d'un mois après avoir présenté sa politique de retour au bureau, SAP a annoncé une restructuration qui concernerait 8 000 employés. SAP a déclaré qu'elle identifierait les "efficacités induites par l'IA" dans ses opérations et qu'elle restructurerait certaines parties de l'entreprise pour faire face aux changements. L'entreprise affirme qu'elle prévoit de terminer l'année 2024 avec un effectif similaire à celui d'aujourd'hui. Selon des données compilées par Bloomberg, SAP comptait près de 108 000 employés à la fin du mois de décembre.



Les meilleurs talents de la filière technologiques partent effectivement suite aux ordres de retour au bureau

Selon une étude par des chercheurs de l'université de Chicago et de l'université du Michigan, les mandats de retour au bureau dans certaines des entreprises technologiques les plus puissantes - Apple, Microsoft et SpaceX - ont été suivis d'un pic de départs parmi les talents les plus chevronnés et les plus difficiles à remplacer.

Les chercheurs se sont appuyés sur les données de CV de People Data Labs pour comprendre l'impact des retours forcés au bureau sur l'ancienneté des employés et le mouvement des travailleurs entre les entreprises. Ils ont constaté une forte corrélation entre les départs d'employés de haut rang directement après la mise en œuvre d'un mandat, ce qui suggère que ces politiques "ont eu un effet négatif sur la durée d'emploi et l'ancienneté de leur personnel respectif". Selon l'étude, les employés de haut rang sont restés plusieurs mois de moins qu'ils ne l'auraient fait en l'absence de mandat et, dans de nombreux cas, ils sont allés travailler pour des concurrents directs.

Chez Microsoft, la part des employés de haut rang dans l'effectif global de l'entreprise a diminué de plus de 5 points de pourcentage après l'entrée en vigueur de l'obligation de retour au bureau, ont constaté les chercheurs. Chez Apple, la baisse a été de 4 points de pourcentage, tandis que chez SpaceX - la seule des trois entreprises à exiger que les travailleurs soient entièrement présents - la part des employés seniors a chuté de 15 points de pourcentage.

« Avec la fin officielle de la pandémie de COVID-19, les débats sur le retour au bureau ont occupé le devant de la scène parmi les entreprises et les employés. Malgré leur omniprésence, les implications économiques des politiques de retour au bureau ne sont pas entièrement comprises. En utilisant 260 millions de CV appariés aux données de l'entreprise, nous analysons les effets causaux de ces politiques sur la durée d'emploi et les niveaux d'ancienneté des employés dans trois des plus grandes entreprises technologiques américaines : Microsoft, SpaceX et Apple. Notre procédure d'estimation est non paramétrique et tient compte de toute l'hétérogénéité de la durée d'emploi et de l'ancienneté des employés dans un cadre de contrôles synthétiques distributionnels.

Nous estimons une réduction de la durée d'emploi contrefactuelle qui augmente pour les employés ayant une durée d'emploi plus longue. De même, nous constatons un déplacement vers la gauche de la distribution de l'ancienneté vers les postes inférieurs au niveau supérieur. Ces changements semblent être dus au départ des employés vers des entreprises plus grandes qui sont des concurrents directs. Nos résultats suggèrent que les politiques de retour au bureau peuvent conduire à un exode des employés seniors, ce qui constitue une menace potentielle pour la productivité, l'innovation et la compétitivité de l'entreprise dans son ensemble », résument les chercheurs.



Source : Bamboo HR

Et vous ?

Quel crédit accordez-vous à ces études ? Sont-elles cohérentes avec la réalité dont vous êtes au fait ?
Que pensez-vous de l'argument avancé par SAP pour justifier l'ordre de retour au bureau ?
Cet argument est-il crédible ? S'agit-il d'une stratégie pour obliger les employés à démissionner d'eux-mêmes ?

Voir aussi :

Le travail à distance n'a vraisemblablement ni freiné ni stimulé la croissance de la productivité, selon une étude des économistes de la Fed de San Francisco

Une étude révèle que le travail à distance entraîne une pénalité cachée pour les jeunes professionnels, ils ne bénéficient pas d'une bonne supervision et leur carrière n'évolue pas correctement

Le retour au bureau, une erreur stratégique pour les entreprises ? 80% des patrons regrettent leurs décisions initiales et admettent qu'ils auraient dû mieux écouter leurs employés, selon Envoy

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Avatar de virginieh
Membre expérimenté https://www.developpez.com
Le 12/08/2024 à 13:02
Citation Envoyé par Anselme45 Voir le message
Roooooooooooooooooooooooooh! Les vilains patrons!

Ils oseraient donc ne pas accepter les diktats de leur employés?

Ben merde alors, si les patrons finissent pas agir en patron de leur propre entreprise où va-t-on?
Bah là, ce n'est pas tant qu'ils ont voulu changer les conditions de travail parce qu'ils pensent que c'est mieux pour leur entreprise, mais juste pour contrarier leurs employés (et par conséquent les pousser à la démission).
Entre suivre les diktats des employés et prendre des décisions juste pour les faire ch..., je suis persuadée qu'il peut y avoir un juste milieu.
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Avatar de Anselme45
Membre extrêmement actif https://www.developpez.com
Le 12/08/2024 à 17:13
Citation Envoyé par virginieh Voir le message
Bah là, ce n'est pas tant qu'ils ont voulu changer les conditions de travail parce qu'ils pensent que c'est mieux pour leur entreprise, mais juste pour contrarier leurs employés (et par conséquent les pousser à la démission).
Entre suivre les diktats des employés et prendre des décisions juste pour les faire ch...,.
Pour faire chi... leur employés?

Ca, c'est votre grille de lecture... Personnellement, je connais peu de patrons qui ont pour but de faire ch... leur employés, par contre le contraire est extrêmement courant!

Est-ce qu'il vous aurait effleuré l'esprit que les patrons en question ont tout simplement profité de l'aubaine pour dégraisser leur entreprise sans qu'ils aient besoin de reconnaître qu'ils ont une chute de leur chiffres d'affaires ou tout simplement pour baisser drastiquement leur coût sans avoir à entreprendre de longues discussions syndicales?

La génération Z a un gros problème d'ego: Ils se croient indispensables, ne veulent pas endosser des responsabilités et prennent la grosse tête... Alors ils refusent de bosser selon les conditions de l'entreprise qui les emploie et veulent démissionner? Aucun problème, qu'ils démissionnent

Quand ils auront connu une crise économique comme les générations précédentes, ils ne démissionneront plus... Et la tête fera pssssssssssssssssssssssssssssssssssssssst!
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Avatar de Anselme45
Membre extrêmement actif https://www.developpez.com
Le 12/08/2024 à 11:21
Roooooooooooooooooooooooooh! Les vilains patrons!

Ils oseraient donc ne pas accepter les diktats de leur employés?

Ben merde alors, si les patrons finissent pas agir en patron de leur propre entreprise où va-t-on?
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