C'est ce que je vous propose de découvrir grâce à cette étude basée sur les 30 000 offres d'emploi postées en 2023 sur le portail Emploi de Developpez.com, spécialisé dans les offres d'emploi destinées aux développeurs et professionnels de l'informatique. Cette étude fait suite à sept autres études réalisées les années précédentes.
Méthodologie : nous avons pris l'ensemble des offres d'emploi postées sur le Portail Emploi et comptabilisé les annonces demandant chaque technologie. Dans le cas où une annonce demande plusieurs technologies (cas extrêmement courant), elle est donc décomptée pour chaque technologie étudiée, ce qui permet donc de dégager la demande globale pour chaque technologie, du moment qu'elle fait partie d'au moins une des compétences requises pour un poste. Notez également que la manière de déterminer les offres en fonction des technologies a évolué ce qui peut expliquer des petites différences sur les chiffres des années passées.
Voici pour commencer la popularité des différents langages dans les offres d'emploi postées en 2023 sur Developpez.com :
Ainsi que l'évolution de la popularité des différents langages de 2013 à 2023 des langages les plus populaires :
Java est toujours le leader incontesté des langages. Si en 2014, sa place a failli être remise en question, les choses se sont nettement arrangées depuis et l'écart s'est même creusé avec tous les autres concurrents. Java reste donc une valeur sûre.
Python est, hormis Java, le seul autre langage vraiment en forme. Il a ravi à JavaScript la deuxième place en 2021 et l'écart se creuse depuis. Langage de script généraliste, mais particulièrement apprécié des mathématiciens et favori des universitaires, il est le seul à être en capacité de menacer la domination de Java.
Le langage C, langage vénérable bien connu, aimé ou haï suivant les personnes, a trouvé le moyen de ravir à JavaScript la troisième place. Malgré son âge et ses défauts, il s'agit tout de même d'un langage incontournable pour la programmation système (Rust étant encore trop jeune) et l'embarqué. Son influence, montante depuis 2020, n'est pas prêt de s'éteindre.
JavaScript, malgré son aspect incontournable dans la programmation Web, est en baisse continue depuis 2020. IUl était en deuxième place en 2015, mais maintenant se retrouve en quatrième place. Si les besoins en JavaScript ne sont pas prêts de s'éteindre, en revanche, il semblerait que la mode du tout JavaScript (avec, entre autres, son utilisation dans le célèbre node.js) est passée.
C++ est en cinquième place. Bien que le langage soit, à juste raison, sévèrement critiqué pour sa syntaxe et ses évolutions trop nombreuses, il reste une valeur sûre. Il devance de peu PHP, actuellement en sixième place, qui a connu des jours meilleurs.
Enfin en queue de peloton des langages populaires, on trouve C# dont la demande se réduit régulièrement depuis 2020. Quant à TypeScript, remplaçant autoproclamé du JavaScript et plus récent langage de ce panel, sa demande reste à peu près stable depuis 2020, mais cela reste une belle performance.
Dans un deuxième graphique, pour une meilleure lisibilité, voici des langages moins populaires et leur évolution :
Ce graphique, qui réunit donc les langages dont l'utilisation dans les offres d'emploi de 2023 est comprise entre 0,5 % et 2,5 %, pourrait faire vaguement penser à l'électrocardiogramme d'un cœur très malade. Les variations sont nombreuses, mais tous ces langages restent globalement dans la même tranche.
Ce qui est intéressant déjà, c'est de voir l'arrivée de Rust dans ce classement. Auparavant considéré comme un "langage de niche", il a donc monté de niveau en quelque sorte pour entrer ici. Inexistant avant 2017, son utilisation est en croissance depuis. Le C doit commencer à se faire des lignes de code d'encre.
Rust n'est pas le seul nouveau langage en vogue. Kotlin, le langage de JetBrains, qui a commencé à apparaître dans notre classement en 2016, se débrouille plutôt bien. N'oublions pas qu'il est devenu le langage de prédilection pour le développement Android à côté du vénérable Java, et ce n'est pas une moindre performance.
Outre Rust et Kotlin, ce qui frappe dans ce graphique, c'est la montée de Perl, qui crève même le plafond cette année. Ce langage de script à la syntaxe pourtant considérée comme rebutante ne semble pas avoir dit son dernier mot et veut se battre avec les langages plus modernes.
Parlons également de Ruby. Présenté comme le nouveau langage du Web, notamment avec la plateforme Ruby on Rails. Ses résultats, plutôt bons avant 2018, se sont effondrés depuis. Cece dit, Ruby n'est pas mort, mais juste has been.
Enfin, dans ce dernier graphique, voici les langages « de niche » et leur évolution :
Ce classement inclut tous les langages dont la popularité dans les offres d'emploi en 2023 est inférieure à 0,5 %. Contrairement à la catégorie précédente, ici, tout est en baisse ; on y trouve ici des technologies mourantes, mortes, voire en état avancé de décomposition.
Le VBA fait son entrée dans cette catégorie peu enviable, et il est possible que certains de nos lecteurs débouchent le champagne à la lecture de cette nouvelle, mais il serait sûrement prématuré de parier sur sa disparition.
Certains langages sont ici parce que la relève est là, notamment Objective C (remplacé par Swift) et VB.NET (remplacé par C#). D'autres sont vraiment des langages de niche, comme R, Abap ou Delphi, ou n'arrivent pas à décoller, comme Dart.
Enfin, nos plus jeunes lecteurs ne savent peut-être même pas ce que pouvait être Flash ; une technologie morte, sauvagement assassinée par la société qui l'éditait. Ceci dit, c'est probablement mieux pour tout le monde.
Tout cela est bien intéressant, mais combien cela rapporte ?
Hé oui, savoir que telle ou telle technologie est beaucoup demandée est une chose, mais les salaires proposés suivent-ils la demande ? On dit souvent que « ce qui est rare est cher », est-ce que cela se vérifie aujourd'hui ?
Méthodologie : pour le calcul des salaires, nous avons pris la moyenne de la fourchette des salaires des offres d'emploi postées sur le Portail Emploi ; les valeurs clairement trop éloignées de la moyenne sont ignorées dans le calcul. Il s'agit donc bien de propositions de salaires, et non pas de salaires réels actuellement versés à des personnes, dont l'expérience et l'ancienneté peuvent être très diverses. Si le nombre d'offres dans une technologie donnée est trop faible, cette dernière ne sera pas présentée au niveau de la comparaison des salaires pour éviter d'avoir une moyenne faussée. Les salaires dans cette étude sont exprimés en euros bruts mensuels.
Paris est considérée comme l'une des villes les plus chères du monde, et en conséquence les salaires ne sont pas du même ordre qu'en province. Mais d'un autre côté, beaucoup de grosses entreprises technologies ont leur siège dans la capitale française. En raison de ces deux facteurs, l'étude des salaires distingue Paris du reste de la province, vu que la demande en technologie et les salaires proposés sont très différents.
Pour commencer, voici les salaires moyens par technologie en région parisienne.
« Très bien payés » ~ 4 250 euros |
« Bien payés » ~ 3 750 euros |
« Assez bien payés » ~ 3 500 euros |
« Correctement payés » ~ 3 000 euros |
« Mal payés » ~ 2 250 euros |
Cobol, VBA, D, Abap |
PHP, Kotlin, C |
Python, JavaScript, Java, C#, C++ |
Perl, Go |
TypeScript, Rust |
Ce qui est rare est cher ? Clairement oui. Cobol, le langage dinosaure, est le mieux payé à Paris. Il est suivi de peu par VBA, D et Abap, des langages en-dessous de 0,5 % (seul D sort du lot avec 1,2 %).
En revanche, PHP semble vraiment bien payé pour un langage que beaucoup de développeurs de langages plus "sérieux" (leurs mots, pas les miens). Kotlin et le C s'en sortent bien. Java n'est pas mal payé, mais vu la demande, il ne fallait pas s'attendre à des miracles.
Les vraies déceptions sont pour Rust et TypeScript. Ce sont des technologies récentes, mais les propositions de salaire frisent l'indécence.
Et en province ?
« Très bien payés » ~ 4 750 euros |
« Bien payés » ~ 3 750 euros |
« Assez bien payés » ~ 3 500 euros |
« Correctement payés » ~ 3 250 euros |
« Mal payés » ~ 2 250 euros |
Cobol |
Kotlin, Scala, Windev |
D, C, Perl, Java, C#, Swift, C++, Matlab |
Python, JavaScript, PHP, R, Go, TypeScript |
VBA, Ruby |
Cobol est, et de loin, le langage qui transformera en le nouveau Elon Musk ou Larry Page. Il est très largement en tête par rapport aux autres langages au niveau salaire proposé en province.
La plupart des autres langages se suivent dans un mouchoir de poche, mais avec quand même un avantage pour Kotlin, Scala et Windev. A contrario, R, Go et TypeScript ça ne paye pas bien, mais en revanche VBA et Ruby c'est une vraie catastrophe. J'ose espérer pour les amateurs de pierres précieuses ou de basic qu'ils pourront négocier un peu.
Conclusion
Java a toujours dominé le classement en terme de popularité et ce n'est pas près de changer. Mais les salaires proposés sont ordinaires, sans surprise.
Python jouit d'une croissance continue depuis onze ans, et s'est durablement installé à la deuxième place. La grande popularité dans les milieux scientifiques et académoques y est probablement pour quelque chose. Mais tout comme Java, les salaires proposés ne sortent pas du lot.
Cobol est le langage dinosaure par excellence, mais contrairement à ces derniers, il ne souhaite pas disparaître, et ceux qui travaillent avec ne le souhaitent pas non plus car si l'offre est très faible, en revanche la rénumération proposée est conséquente, que ça soit à Paris ou en province. Le fait que Cobol soit répandu dans le monde bancaire explique sûrement beaucoup aussi pourquoi.
TypeScript et Rust sont les technologies parmis les plus récentes, et si elles décollent en popularité, en revanche les salaires proposés sont des salaires de juniors. Quitte à choisir un langage récent, Kotlin semble être un meilleur choix !
Retrouvez la précédente étude (2022) sur les langages