Cette décision de justice constitue l'un des premiers cas qui s’appuient sur une telle technologie pour ordonner à un travailleur de rembourser son employeur en cas de manquement au travail. Besse travaillait à distance pour Reach CPA, un cabinet comptable basé en Colombie-Britannique, au Canada. Le conflit a commencé l'année dernière lorsque Besse a affirmé avoir été licenciée à tort et que son employeur lui devait 5000 $ en salaire et en indemnités de départ impayées.
Son employeur a fait valoir que Besse avait été licenciée à juste titre parce qu'elle avait commis un « vol de temps. » Reach CPA a déclaré avoir recueilli des preuves en utilisant TimeCamp, un logiciel de suivi du temps qui enregistre les accès aux fichiers et leur durée. Les dossiers ont montré un écart de 50 heures entre ce que Besse a déclaré comme temps de travail et ce que TimeCamp a enregistré comme activité professionnelle. C’est sur la base de ces données produites par le logiciel que le tribunal a décidé que l’employée doit rembourser 2600 $ de salaire.
Certains employeurs s’appuient sur des outils de travail collaboratifs comme Sneek qui leur permettent de photographier leurs employés toutes les 5 minutes grâce à un service vidéo en continu.
L'interface du logiciel permet à l'employeur de disposer d'un "mur de visages" (pour chaque bureau), qui reste actif tout au long de la journée de travail et présente des photos des travailleurs prises par leur ordinateur portable toutes les une à cinq minutes. En fait, ce qu’il faut dire est que l’application permet aux employés de régler leur webcam pour qu’elle les photographie de façon automatique toutes les une à cinq minutes, selon la fréquence à laquelle leur patron l’exige. En sus, l’employeur peut initier un appel vidéo en direct avec un travailleur en cliquant sur sa photo, ce, même si ce dernier n’a pas accepté. C’est un paramètre par défaut du logiciel qui peut être modifié pour conditionner la réception de l’appel à une action manuelle, à condition que cela fasse partie des règles que l’employeur approuve.
En matière d’intrusion, c’est un descriptif à l’opposé du nom même de l’application qui a à voir avec la notion d’action dans le secret. À ce propos, l’entreprise souligne justement que « Sneek n’a jamais été conçu pour espionner qui que ce soit. Sinon, nous serions la pire société d’espionnage surtout que nous avons baptisé notre application Sneek. Nous savons que beaucoup de gens trouveront que c'est une atteinte à la vie privée. Nous comprenons à 100 % que cette dernière ne soit pas la solution pour ceux qui regardent les choses de cette façon, mais il y a aussi beaucoup d’équipes désireuses de rester en contact lorsqu’elles travaillent. » Ainsi, d’après l’entreprise derrière l’application l’objectif poursuivi n’est pas l’intrusion à la vie privée, mais la culture de bureau.
Dix ans après que Marissa Meyer se soit érigée contre le travail à distance, nous voilà à nouveau sur les starting blocks des débats de l’époque. En 2013, dans une note envoyée à ses employés, la PDG de Yahoo a annoncé qu'il ne sera plus possible pour ces derniers de travailler à distance. Expliquant sa décision, la patronne de Yahoo avait soutenu que « certaines des meilleures décisions et idées viennent de discussions de couloir et de cafétéria, en rencontrant de nouvelles personnes et dans des réunions d'équipe improvisées » avant d’ajouter que « la rapidité et la qualité sont souvent sacrifiées lorsque nous travaillons à la maison » et qu'avoir un Yahoo! uni « commence par être physiquement ensemble ». En 2017, IBM a mis en avant des arguments allant dans le même sens pour mettre fin au télétravail. Comme quoi, le présentiel (qu’il soit physique ou au finish virtuel via des applications comme Sneek) serait un plus dans la stimulation de la productivité des employés.
Dans bien de pays au monde, la journée de travail a une durée de 8 heures. Pour un employé de bureau, on arrive au lieu de service, s’installe sur un siège devant un ordinateur et se lance dans ses activités. Mais, lesquelles ? De quoi s’agit-il dans la réalité ? De « 8 heures de travail » ou « 8 heures au travail » ? En d’autres termes, pour combien de temps les travailleurs sont-ils productifs sur une journée de travail ? Dans une publication parue il y a 3 ans, Invitation Digital Ltd – une firme de marketing basée au Royaume-Uni – répond aux questions …
L’étude d’Invitation Digital Ltd a porté sur près de 2000 (1989 pour être exact) employés de bureau (à temps plein) âgés de plus de 18 ans et disséminés sur l’ensemble du territoire du Royaume-Uni. En réponse à la question de savoir s’ils se considèrent productifs tout au long d’une journée de travail, la grande majorité (soit 79 %) avait répondu non. D’après les résultats de l’étude, seul le cinquième (donc les 21 % restants) a répondu par l’affirmative. Le sondage avait ensuite révélé que la durée moyenne de productivité sur le lieu de service est de 2 h 53 min, soit moins de 3 h.
D’après l’enquête, si les travailleurs se retrouvaient avec moins de 3 h de productivité sur une journée de travail c’est parce qu’ils étaient la plupart du temps distraits par des activités comme : surfer sur les réseaux sociaux - 47 % (des répondants au sondage) ; lire les sites Web d'actualités - 45 % ; discuter des activités en dehors du travail avec des collègues - 38 % ; préparation de boissons chaudes - 31 % ; pauses cigarette - 28 % ; messagerie texte et messagerie instantanée – 27 % ; manger par petits bouts - 25 % ; faire de la nourriture au bureau - 24 % ; téléphoner à son partenaire/à ses amis - 24 % ; recherche d'un nouvel emploi – 19 %.
Source : Décision
Et vous ?
Pour ou contre les logiciels de surveillance des employés ?
Que pensez-vous de la décision de ce tribunal ? Les données issues de tels logiciels sont-elles suffisantes pour mesurer la productivité d’un employé en télétravail et tirer des conclusions fiables ?
Comment votre employeur fait-il pour vous contrôler alors que vous êtes en télétravail ?
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