
Amazon prévoit de licencier environ 10 000 personnes dans les divisions corporate et technologie dès cette semaine, ont déclaré des personnes connaissant le sujet. Une suppression d'emplois qui serait l'une des plus importantes de l'histoire de l'entreprise. Cette suppression d'emplois toucherait le département Amazon Devices, la division de vente au détail ainsi que les ressources humaines. La répartition par pays n’a pas été spécifiée.
En valeur absolue, la vague de suppression de postes est comparable à celle subie par la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp (11 000 licenciements) ou par le réseau social racheté par Elon Musk (3 750 plus plusieurs milliers de prestataires). Toutefois, la proportion chez Amazon est bien moindre : cela représente moins de 1 % des plus d' 1,5 millions d'employés actuels et moins de 3 % des effectifs administratifs.
Cette vague de licenciement prévu d'Amazon pendant la saison critique des achats des Fêtes montre à quelle vitesse l'économie mondiale en déclin a exercé une pression qui pousse les entreprises en sureffectif à réduire leur personnel. Amazon deviendrait également la dernière entreprise technologique à licencier des travailleurs, qu'elle s'était récemment battue pour conserver. La grande enseigne du commerce électronique a plus que doublé le plafond de la rémunération en cash de ses travailleurs de la technologie cette année, citant « un marché du travail particulièrement compétitif ».
Début novembre, le géant du commerce en ligne a mis en pause les recrutements en espérant que cette alternative l’épargne des licenciements qui frappent les entreprises. Il semble que cette mesure n'ait pas été suffisante puisque c’est au tour d’Amazon d’être touchée par une vague de licenciements économiques.
La pandémie a produit l’ère la plus rentable d’Amazon jamais enregistrée...
Alors que la crise de la COVID-19 a contraint de nombreuses entreprises à mettre la clé sous le paillasson ou à assurer le minimum requis pour éviter la faillite, Amazon a enchaîné les records. En effet, avec le confinement qui a été imposé dans de nombreux pays, Amazon a vu la demande pour ses services de commerce en ligne et de cloud croître au fil des mois. Ainsi, au premier trimestre 2020 par exemple, son chiffre d’affaires a augmenté de 26 % par rapport à celui de l’année précédente sur la même période. Au second trimestre 2020, l’entreprise a doublé ses bénéfices en enregistrant 5,2 milliards de dollars dans ses caisses, ce qui correspond au plus gros bénéfice jamais réalisé sur un trimestre par l'entreprise en 26 ans d’existence.
Pour soutenir ses activités en hausse constante, Amazon a dû également renforcer ses équipes dans cette période de crise sanitaire et de récession mondiale. De janvier à octobre 2020, l’entreprise américaine a embauché 427 300 employés, ce qui portait le nombre total de ses employés dans le monde à 1,2 million. Cela signifiait qu'à cette période là, en moyenne, Amazon a embauché 1 400 nouveaux travailleurs chaque jour sur 10 mois.
...mais l'incertitude économique plombe les actions de l'entreprise qui perd 1 000 Mds $ en capitalisation boursière
Depuis, la croissance exceptionnelle de l’e-commerce s’est tassée et le risque de récession économique combiné à l’inflation a fait planer le spectre d’un recul des ventes et d’une hausse des coûts.
Amazon a déçu les investisseurs le mois dernier avec des revenus du troisième trimestre qui n'ont pas répondu aux attentes. Pire encore, la société a déclaré qu'elle s'attend à afficher une croissance d'une année sur l'autre de seulement 2 à 8 % au quatrième trimestre. C'est bien pour une entreprise normale, mais il n'y a rien de normal chez Amazon qui était, jusqu'à présent, une machine de croissance implacable. Comme de nombreuses autres entreprises, Amazon a également dû faire face à la baisse des achats en ligne alors que les consommateurs, moins préoccupés par le covid-19, commencent à revenir dans les magasins de détail.
Jeudi 27 octobre, Amazon a annoncé une baisse de 9 % de son bénéfice net au troisième trimestre et fait état d'un chiffre d'affaires inférieur aux attentes, assorti de prévisions jugées prudentes pour le quatrième trimestre. Le marché a très mal réagi à cette publication. Dans les échanges électroniques postérieurs à la clôture de Wall Street, l'action Amazon chutait de plus de 11 %. Amazon a néanmoins renoué avec les profits après deux trimestres consécutifs de pertes, avec un bénéfice net de 2,87 milliards de dollars pour la période de juillet à septembre, selon un communiqué.
Quant au chiffre d'affaires, il a progressé de 14 % sur un an, à 127,1 milliards de dollars, soit le double du rythme observé aux premier et deuxième trimestres (7 %). À noter que les revenus ont été amputés de 5 milliards de dollars en raison des effets de change et de l'impact du dollar fort. Pour le quatrième trimestre, période cruciale de l'année pour Amazon, car elle comprend les fêtes de fin d'année, l'entreprise prévoit néanmoins une croissance anémique pour ses standards, comprise entre 2 % et 8 % sur un an. Le groupe envisage un bénéfice opérationnel compris entre 0 et 4 milliards de dollars, contre 3,5 pour la même période de 2021.
Même Amazon Web Services (AWS), l'activité de cloud computing qui affichait jusqu'ici une croissance et une profitabilité exponentielles trimestre après trimestre, voit ses revenus augmenter de façon plus modérée à 27 %, contre 39 % il y a un an. « L'incertitude macroéconomique a entraîné une hausse du nombre de clients d'AWS désireux de contrôler leurs coûts » et ainsi d'économiser sur leurs dépenses technologiques, a expliqué Brian Olsavsky, le directeur financier, lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats.
En revanche, la plateforme de commerce en ligne a renoué avec la hausse de son chiffre d'affaires, après trois trimestres consécutifs de contraction. Autre point positif, la vigueur de la publicité, secteur dans lequel Amazon est un acteur relativement récent, et qui a affiché une croissance de 25 % sur un an, qui tranche avec les difficultés d'autres grandes entreprises technologiques sur ce marché, comme Meta ou Alphabet. Par ailleurs, Amazon a vu ses coûts augmenter plus rapidement que son chiffre d'affaires, notamment ses dépenses technologiques (+35 % sur un an), mais aussi de promotion des ventes et de marketing (+37 %).
« Il se passe évidemment beaucoup de choses dans l'environnement macroéconomique », a déclaré le PDG Andy Jassy à la suite du rapport sur les résultats du troisième trimestre. « Et nous équilibrerons nos investissements pour être plus rationalisés sans compromettre nos principaux paris stratégiques à long terme ».
Malgré tout, la grande enseigne du commerce en ligne prévoit un ralentissement de sa croissance, au cours des fêtes de fin d’année, lié notamment à l’incertitude économique.
Une situation qui a fait perdre à Amazon plus de 1 000 milliards de dollars en capitalisation boursière. Amazon, évalué à 1 882 milliards de dollars le 21 juin, a annoncé jeudi une valorisation relativement maigre de 878 milliards de dollars.
Des licenciements étaient-ils envisageables ?
Plus tôt cette année, la croissance d'Amazon a ralenti au taux le plus bas en deux décennies, le coup de boost de la pandémie s'étant déjà estompé. L'entreprise a dû faire face à des coûts élevés en raison de décisions de surinvestissement et d'expansion rapide, tandis que les changements dans les habitudes d'achat et la forte inflation ont pesé sur les ventes. Amazon a connu un léger rebond au cours de son dernier trimestre, mais a prévenu les investisseurs que la croissance pourrait à nouveau faiblir, tombant peut-être à son rythme le plus bas depuis 2001.
La société a déclaré à Wall Street qu'elle s'était serré la ceinture dans le passé et qu'elle pourrait le faire à nouveau. Amazon a supprimé 1 500 emplois, y compris des travailleurs horaires, en 2001 lors du crash de la dot-com, qui représentait 15 % de son personnel à l'époque. L'entreprise a également licencié quelques centaines d'employés au début de 2018 après une nouvelle période d'expansion rapide.
La semaine dernière, les dirigeants d'Amazon ont rencontré des investisseurs institutionnels, selon trois personnes au courant de l'affaire, juste au moment où son action a chuté à son plus bas niveau depuis les premiers jours de la pandémie, effaçant 1 000 milliards de dollars de valeur depuis qu'Andy Jassy a pris ses fonctions de directeur général l'année dernière.
Jassy, qui dirigeait auparavant l'activité lucrative de cloud computing d'Amazon, a examiné de près les activités pour réduire rapidement les coûts. Il s'est d'abord attaqué à une extension d'entrepôt qui a été suralimentée pendant la pandémie, puis a continué sur d'autres parties de l'entreprise.
Ces derniers mois, Amazon a également fermé ou réduit une poignée d'initiatives, notamment Amazon Care, son service fournissant des soins de santé primaires et urgents qui n'a pas réussi à trouver suffisamment de clients ; Scout, le robot de livraison à domicile de la taille d'une glacière, qui employait 400 personnes, selon Bloomberg ; et Fabric.com, une filiale qui a vendu des fournitures de couture pendant trois décennies.
D'avril à septembre, Amazon a réduit ses effectifs de...
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