La plupart des PDG prévoient une récession dans les douze prochains mois
La reprise après deux longues années de pandémie semble s'avérer plus difficile que les entreprises l'avaient prévue. Les entreprises, notamment technologiques, sont confrontées à de nombreux défis tels que la pénurie de main-d'œuvre et les problèmes de la chaîne d'approvisionnement informatique liés principalement à la pénurie de puces. Elles craignent désormais une récession. Les sirènes d'alarme de la C-Suite concernant une récession imminente gagnent en volume dans le monde, mais les appels au bureau pour un travail à temps plein sont beaucoup plus modérés. KPMG donne une idée de cela à travers son enquête KPMG 2022 CEO Outlook.
L'enquête KPMG 2022 CEO Outlook a interrogé plus de 1 300 PDG des plus grandes entreprises du monde sur leurs stratégies et leurs perspectives. Elle a porté sur des dirigeants de onze marchés clés tels que l'Australie, le Canada, la Chine, la France, l'Allemagne, l'Inde, l'Italie, le Japon, l'Espagne, le Royaume-Uni et les États-Unis. Le rapport de KPGM, cabinet international d'audit, de fiscalité et de conseil, indique que la plupart des chefs d'entreprise du monde entier sont d'avis qu'une récession se profile à l'horizon et qu'elle ne tardera pas. Il ajoute que les PDG envisagent des mesures drastiques qui pourraient avoir de grands impacts sur les employés.
L'enquête a révélé que neuf chefs d'entreprise sur dix aux États-Unis (91 %) pensent qu'une récession surviendra dans les 12 mois à venir, tandis que 86 % des chefs d'entreprise dans le monde sont du même avis. Cela fait écho aux prédictions inquiétantes de grands investisseurs de Wall Street comme Stanley Druckenmiller. Dans le cas spécifique des États-Unis, un peu plus de la moitié des chefs d'entreprise (51 %) déclarent qu'ils envisagent de réduire leurs effectifs au cours des six prochains mois. Sur le plan mondial, le cabinet d'étude et de conseil rapporte que huit chefs d'entreprise sur dix seraient enclins à prendre les mêmes mesures.
Un bémol pour les personnes qui aiment travailler à domicile : les travailleurs à distance peuvent avoir intérêt à se montrer au bureau, car la sécurité de leurs emplois devient plus incertaine. En effet, selon une enquête de Beautiful.ai, un fournisseur de logiciels de présentation, portant sur 3 000 cadres d'entreprise, il est "probable" et "extrêmement probable" que les travailleurs à distance soient licenciés en premier. Au moins 60 % des personnes interrogées seraient de cet avis. Vingt pour cent étaient indécis et les vingt pour cent restants ont déclaré que cela n'était pas probable. Les dirigeants seraient sceptiques quant à leur productivité.
Beautiful.ai a déclaré que les résultats mondiaux proviennent de chefs d'entreprise des États-Unis, mais aussi d'Australie, du Canada, de Chine, d'Inde, du Japon et de certains pays de l'Union européenne et du Royaume-Uni. Parallèlement à l'enquête de Beautiful.ai, des chercheurs de Microsoft ont récemment mis en garde contre la "paranoïa de la productivité" des managers vis-à-vis de leur personnel hybride. De nombreux patrons semblent sceptiques quant à la productivité de leur personnel, même si les travailleurs hybrides programment des réunions, tapent des courriels et correspondent avec leurs collègues à un rythme effréné.
Lorsque Beautiful.ai a demandé aux PDG comment ils prévoyaient les modalités de travail dans trois ans pour les emplois traditionnellement dans un bureau, près de la moitié des PDG (45 %) ont répondu qu'il s'agirait d'un mélange hybride de travail au bureau et à distance. Un tiers (34 %) ont déclaré que les emplois seraient toujours dans un bureau, et 20 % ont déclaré qu'ils seraient entièrement à distance. Sur le plan mondial, deux tiers (65 %) des dirigeants ont déclaré que le travail au bureau était l'idéal, tandis que 28 % ont déclaré que le travail hybride serait la solution et 7 % ont déclaré que le travail à distance serait total.
Les technologies émergentes constituent le principal obstacle à la croissance
Les PDG gardent le risque technologique à l'esprit à court et à long terme. Les technologies perturbatrices apparaissent comme la plus forte menace pour la croissance au cours des trois prochaines années. Ainsi, 72 % d'entre eux reconnaissent avoir une stratégie d'investissement numérique agressive, destinée à s'assurer le statut de pionnier ou de suiveur rapide. En outre, la promotion de la numérisation et de la connectivité dans l'ensemble de l'entreprise est considérée (avec l'attraction et la rétention des talents) comme la principale priorité opérationnelle pour atteindre la croissance au cours des trois prochaines années.
Selon KPMG, l'intérêt pour la transformation numérique peut être motivé par des modalités de travail de plus en plus flexibles et une sensibilisation accrue aux menaces de cybersécurité, exacerbée par l'incertitude géopolitique. Cependant, le cabinet note également que la récession anticipée peut pousser les entreprises à reconsidérer leurs stratégies à court terme. Quatre PDG sur cinq estiment que leurs entreprises font une pause ou réduisent leurs stratégies de transformation numérique pour se préparer à la récession anticipée (40 % ont fait une pause ou réduit, et 37 % prévoient de le faire au cours des six prochains mois).
Le rapport indique que 70 % des entreprises déclarent qu'elles doivent être plus rapides pour réorienter leurs investissements vers des opportunités numériques et se séparer des secteurs où elles risquent l'obsolescence numérique. Toujours dans le cadre de la transformation numérique, KPMG rapporte que les PDG continuent de réduire l'écart entre leurs objectifs de transformation numérique et l'investissement dans leur personnel. Les dirigeants se sont vu proposer un choix binaire : investir davantage dans les nouvelles technologies (56 %) ou développer les compétences et les capacités de leur personnel (44 %).
Cet écart s'est réduit par rapport à 2021, lorsque 60 % d'entre eux donnaient la priorité aux investissements technologiques par rapport aux investissements liés à la main-d'œuvre (40 %). Au fur et à mesure que les entreprises ont mis en œuvre leurs outils numériques, leur attention s'est portée sur l'adoption, l'engagement et la gestion du changement afin de soutenir leurs collaborateurs travaillant dans un monde très différent. Pour stimuler leur croissance, les PDG pourraient chercher à rendre leur personnel existant plus productif grâce à la transformation. Par ailleurs, KPMG estime que peu d'organisations peuvent réussir seules.
Les PDG considèrent les partenariats comme un moyen important de poursuivre le rythme de leur transformation numérique (71 %, contre 59 % en février 2022). Ils déclarent également que la création d'alliances stratégiques avec des tiers est la stratégie la plus importante pour les aider à atteindre leurs objectifs de croissance au cours des trois prochaines années. Il est devenu plus important pour les entreprises de s'associer à des sociétés (par exemple, des startups, des fintechs et plus encore) qui peuvent les aider, en apportant agilité et résilience à la croissance.
Les entreprises cherchent à mieux protéger leurs données et améliorer leur cybersécurité
Selon KPMG, le cyberenvironnement évolue rapidement et 77 % considèrent la sécurité de l'information comme une fonction stratégique et un avantage concurrentiel potentiel. L'incertitude géopolitique accroît les inquiétudes liées aux cyberattaques des entreprises pour de nombreux PDG (73 %) par rapport aux années précédentes (61 % en 2021). Le rapport note que trois PDG sur quatre (76 %) affirment que la protection de leur écosystème de partenaires et de leur chaîne d'approvisionnement est tout aussi importante que le renforcement des cyberdéfenses de leur propre organisation.
L'expérience croissante des défis de la cybersécurité permet aussi aux PDG de se faire une idée plus précise de leur degré de préparation, ou de sous-préparation. Ils sont plus nombreux à reconnaître qu'ils ne sont pas suffisamment préparés à une cyberattaque : 24 % d'entre eux l'admettront en 2022, contre 13 % en 2021 ; cette année, 56 % se disent prêts, soit à peu près autant que l'an dernier. Et près des trois quarts (72 %) affirment que leur organisation a mis en place un plan pour faire face à une attaque par ransomware, contre 65 % en 2021. Notons que les cyberattaques sont de plus en plus sophistiquées.
À titre d'exemple, Alexis George, PDG d'AMP, estime que le risque de cybersécurité augmente à mesure que l'entreprise développe ses capacités numériques. « La cybersécurité est absolument l'un des plus grands risques pour notre secteur face à l'avenir. Nous gérons bien nos risques, mais comme toute organisation, nos données sont une cible. Les violations de la vie privée et les escroqueries sont des menaces, et les cybercriminels sont de plus en plus sophistiqués, mais c'est la nature du paysage financier numérique. Nous devons continuer à nous adapter, à nous préparer et à réagir », a-t-elle déclaré.
Source : KPMG 2022 CEO Outlook
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