Il semble que les beaux jours se terminent dans la Silicon Valley. Alors que beaucoup estiment que le ralentissement économique est lié à la pandémie de la Covid-19 et aux problèmes persistants des chaînes d'approvisionnement, Mark Zuckerberg et Sundar Pichai pensent qu'il y a troisième facteur : les employés qui ne font rien de leur journée. Ils ont souligné dernièrement que les entreprises technologiques avaient probablement beaucoup trop d'employés, à tel point que certains d'entre eux ne travaillent pas et se contentent de se détendre. Pichai l'a dit de manière subtile, en mettant l'accent sur la faible productivité par employé de Google.
Cependant, Zuckerberg a été direct et y est allé sans détour. Lors d'un entretien avec les employés de Meta fin juin, il a déclaré qu'il y a "un tas de gens dans l'entreprise qui ne devraient pas être là". « Je pense que certains d'entre vous peuvent décider que cet endroit n'est pas pour eux, et cette autosélection me convient. De manière réaliste, il y a probablement un tas de personnes dans l'entreprise qui ne devraient pas être là », a-t-il déclaré. Les commentaires du PDG, qui sont parmi les plus virulents qu'il ait adressés aux employés au cours des dernières années, reflètent le degré de difficulté auquel Meta est confrontée dans son activité.
Pichai s'est fait l'écho de ce sentiment lorsqu'il a déclaré aux employés de Google que la productivité n'était pas assez élevée, compte tenu du nombre de personnes inscrites sur les listes de l'entreprise. « Il y a de réelles préoccupations quant au fait que notre productivité dans son ensemble n'est pas là où elle devrait être pour le nombre de personnes que nous avons. Nous devons créer une culture plus axée sur la mission, plus axée sur nos produits et plus axée sur le client », a-t-il déclaré. Pichai avait déjà déclaré que l'entreprise réduirait les embauches jusqu'en 2023, poussant le personnel à travailler de façon plus urgente et avec "plus d'appétit".
Cette déclaration intervient après que Google a annoncé, pour le deuxième trimestre consécutif, des bénéfices et des revenus inférieurs aux prévisions. La croissance des revenus a ralenti à 13 % au cours du deuxième trimestre 2022. C'est un ralentissement significatif du taux de croissance par rapport au même trimestre de l'année dernière, qui était de près de 69 %. Pendant ce temps, Zuckerberg a déclaré qu'il était de plus en plus difficile de faire participer tous les employés à une réunion, car ils prenaient parfois du temps dans la journée pour des travaux personnels. Il a déclaré que ces choses ne devraient pas se répéter à l'avenir.
Les commentaires de Zuckerberg et Pichai interviennent à un moment où la plupart des entreprises, même les plus grandes, du secteur de la technologie resserrent leur porte-monnaie. Et ils sont intervenus pendant l'interaction des deux PDG avec leurs employés, ce qui suggère que leurs commentaires sont un avertissement aux employés qui semblent trop concentrés à "se la couler douce". Les commentaires pourraient être un signe que le vent tourne dans la Silicon Valley. Les entreprises de la Tech sont bien connues pour choyer et couvrir d'amour leurs employés, ce qui fait de Google, Facebook, etc. l'un des meilleurs endroits où travailler.
Mais il semble que ces cadeaux pourraient bientôt prendre fin. Pour faire face à la crise que traversent leurs entreprises, Pichai et Zuckerberg ont gelé les embauches dans certains domaines pour le reste de l'année, et tous deux ont indiqué la possibilité de licenciements si la situation ne s'améliore pas. Dans un mémo adressé aux employés en juin dernier, Chris Cox, chef de produit de Meta, a fait écho aux sentiments de Zuckerberg et a déclaré que l'entreprise traversait une "période grave" et que les "vents contraires économiques sont féroces". Il a déclaré que les équipes de Meta devraient désormais apprendre à "faire plus avec peu de moyens".
Mais les employés sont-ils réellement à blâmer ? En dehors de Pichai et Zuckerberg, les commentaires d'autres analystes et experts n'abondent pas du tout dans ce sens. Une chose importante à noter ici est que ce n'est pas la faute des employés du secteur de la technologie s'ils bénéficient d'avantages gratuits et d'un environnement de travail qui est probablement parmi les meilleurs au monde. En fin de compte, les entreprises technologiques ont besoin de leurs employés pour évoluer. En outre, il a été prouvé il y a plusieurs années que les cadeaux et les avantages ne sont pas exactement un cadeau des entreprises technologiques.
Ce déjeuner gratuit chez Google a un coût caché pour ceux qui le prennent. En 2018, l'écrivain et journaliste Dan Lyons a écrit un livre intitulé "How Silicon Valley Made Work Miserable for the Rest of Us" (Comment la Silicon Valley a rendu le travail misérable pour le reste d'entre nous). Il a indiqué qu'en offrant des avantages, les entreprises technologiques font en fait travailler leurs employés plus longtemps et avec moins d'équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Ce sentiment est peut-être familier aux employés qui ont récemment travaillé à domicile, car souvent le télétravail peut signifier travailler sans pause ni horaires fixes.
D'un autre côté, dans des commentaires recueillis sur certains sites communautaires, certains employés mettent en cause les politiques et les règlements intérieurs des entreprises. « Au fur et à mesure que les entreprises se développent, elles installent de plus en plus de règles et de règlements qui finissent par faire en sorte que rien ne soit jamais fait. Il n'est pas rare de rencontrer des "développeurs" dont le calendrier d'entreprise est rempli à 80 % de réunions. Pas étonnant qu'ils ne fassent rien. En fait, ils auraient généralement aimé être plus productifs. Personne ne veut passer sa vie à être un boulet », lit-on dans un commentaire.
L'internaute ajoute : « rappelez-vous également que ce n'est que la moitié du problème. L'autre moitié est que la méthode agile vous fait itérer à travers une pseudo-productivité avant que vous ne compreniez réellement le problème, accumulant des déchets que vous devez maintenir et étendre au fur et à mesure que vous avancez. Je ne serais pas surpris si, sur la productivité restante, plus de la moitié était gaspillée dans des structures logicielles douteuses et dans l'écriture de code avant d'avoir compris le problème. Et puis personne ne veut jeter le code qui s'est avéré ne pas être ce dont nous avons besoin ».
« Nous gaspillons encore plus de productivité en travaillant autour de mauvaises décisions prises avant de savoir ce que nous nous construisons réellement », a conclu l'intéressé. Un autre internaute a écrit : « j'ai travaillé en R&D pour une grande entreprise pendant dix ans. Je passais probablement 50 % de la journée en réunion à raconter aux chefs de projet ce que j'avais fait. Pour qu'ils puissent dire au patron ce que nous avons fait ». Un autre renchérit : « j'ai passé la majeure partie de ma carrière à faire la différence. Je ne travaille qu'environ 5 heures par semaine, mais j'arrive à faire quelque chose d'utile pendant ce temps ».
Il poursuit en ces termes : « suis-je le meilleur employé ? Absolument pas. Suis-je le pire employé ? Pas du tout ». En parcourant les commentaires, l'on remarque que beaucoup remettent en cause les politiques de travail des entreprises technologiques. Cela suggère que les entreprises ne tiennent probablement pas compte des besoins réels des employés ou n'interrogent pas régulièrement ces derniers afin de déterminer si les méthodes de travail des équipes fonctionnent.
Et vous ?
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Que pensez-vous des déclarations de Sundar Pichai et de Mark Zuckerberg ?
Pensez-vous qu'il s'agit d'une pour justifier de futurs licenciements en masse ?
Selon vous, les employés sont-ils à blâmer dans la crise que traverses les entreprises ?
Que pensez-vous des contre-arguments des employés ? Leurs arguments sont-ils fondés ?
Les règles et méthodes de travail des entreprises peuvent-elles empêcher les employés d'être productifs ?
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