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La pandémie a-t-elle normalisé les logiciels de surveillance des employés ?
Des rapports indiquent que ces logiciels se répandent rapidement

Le , par Bill Fassinou

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Les logiciels de surveillance des employés - désormais connus sous le nom de "bossware" - seraient de plus en plus utilisés et poseraient des problèmes aux travailleurs. Plusieurs rapports notent que les logiciels de surveillance des employés seraient devenus la nouvelle norme pendant le Covid-19 et il semble que les travailleurs ne puissent plus y échapper. Ces logiciels peuvent enregistrer les frappes au clavier, noter les sites Web visités par les employés, faire des captures d'écran, enregistrer les mouvements de la souris et activer les webcams ou les microphones. Souvent, tout ceci serait fait sans leur consentement.

Les entreprises investissent plus dans les logiciels de surveillance des employés

La Covid-19 a rendu l'environnement de travail à distance plus courant que jamais, et les entreprises s'efforcent de s'adapter au nouveau visage du "bureau". Environ 83 % des entreprises ont mis en place une forme de travail à distance, les employés travaillant à domicile à temps plein ou à temps partiel. Le plus grand défi pour les managers est de s'assurer que les employés sont aussi productifs à la maison qu'au travail. Jusqu'à présent, les statistiques semblent montrer que la productivité est plus élevée dans un environnement distant, car il y a moins de distractions (personne ne s'arrête à votre bureau pour bavarder, etc.).

Malgré ce constat, un autre défi se pose dans l'autre sens : comment s'assurer que les employés ne s'épuisent pas et ne quittent jamais leur bureau, maintenant qu'il se trouve à leur domicile ? Ce sont quelques-unes des questions auxquelles une nouvelle forme de logiciel destiné aux dirigeants d'entreprise, appelée "bossware", a été conçue pour répondre. Si vous n'avez pas encore entendu parler de bossware, il est probable que vous rencontrerez bientôt ce terme. Des rapports indiquent que davantage d'entreprises investissent dans cette technologie à mesure qu'elles se modernisent pour s'adapter au télétravail et au travail hybride.



En fait, bossware est le nom donné collectivement à un nouveau groupe d'applications de surveillance des employés. Ce type d'outil est commercialisé pour suivre la productivité des employés, mais certaines versions de bossware vont bien au-delà du simple suivi de la vitesse à laquelle une personne accomplit une tâche. Ainsi, certains logiciels de surveillance prennent des captures d'écran intermittentes de l'ordinateur d'un employé, enregistrent les frappes au clavier, voire accèdent à une webcam ou à un microphone. Comme d'autres types de logiciels d'entreprise, tous les logiciels de gestion ne sont pas identiques.

Aujourd'hui, alors que les travailleurs retournent au bureau, certains fabricants estiment que la demande de logiciels de suivi des employés reste élevée. Des enquêtes menées auprès d'employeurs dans les industries de cols blancs montrent que même les employés de bureau de retour au travail seront soumis à ces nouveaux outils. Ce qui a été introduit lors de la crise sanitaire de la Covid-19 comme un remède à court terme pour les fermetures et le travail à domicile semble être tranquillement devenu la "nouvelle normalité" pour de nombreux lieux de travail dans le monde. Pour de nombreux travailleurs, ces logiciels sont "troublants".

À titre d'exemple, la société américaine EfficientLab fabrique et vend un logiciel de surveillance des employés appelé Controlio qui serait largement utilisé en Australie. « Elle a des centaines de clients australiens. Au début de la pandémie, il y avait déjà beaucoup d'entreprises qui s'intéressaient aux logiciels de surveillance, mais ce n'était pas une fonction si importante. Mais la pandémie a obligé de nombreuses personnes à travailler à distance et les entreprises ont commencé à se pencher plus sérieusement sur les logiciels de surveillance des employés », a déclaré Moath Galeb, directeur des ventes chez EfficientLab.

Selon Galeb, en Australie, comme dans d'autres pays, le nombre de clients de Controlio aurait été multiplié par deux ou trois avec la pandémie. Galeb estime que cette augmentation était prévisible, mais que ce qui l'a surprit, c'est que la demande est restée forte ces derniers mois. « Même lorsque certaines entreprises ont repris le travail de bureau, elles s'appuient toujours sur les logiciels de surveillance des employés. Les fonctionnalités les plus populaires pour les employeurs suivent le "temps actif" des employés pour générer un "score de productivité" », a-t-il déclaré. Les managers consultent ces statistiques via un tableau de bord en ligne.

Les défenseurs des technologies de surveillance des employés affirment qu'il s'agit d'une façon de s'occuper des travailleurs, plutôt que de les espionner. « Les patrons peuvent voir qui "travaille trop d'heures". En fonction des données, ou des indications que vous recevez, vous arrivez à construire cette image de qui fait plus et qui fait moins », a déclaré Galeb. Cependant, ceux qui sont surveillés sont susceptibles de voir les choses un peu différemment. Beaucoup pensent que ces outils sont loin d'être anodins. Ainsi, les travailleurs ont imaginé de nouveaux moyens créatifs pour échapper à l'œil omniprésent des logiciels de surveillance.

Les employeurs et les employés jouent à jeu de chat et de la souris

Avant la pandémie, les "mouse jigglers" étaient des gadgets de niche utilisés par la police et les agences de sécurité pour empêcher les ordinateurs saisis de se déconnecter et de nécessiter un mot de passe pour y accéder. Branché sur le port USB d'un ordinateur portable, le jiggler déplace aléatoirement le curseur de la souris, simulant une activité en l'absence de toute personne. Selon des rapports, lorsque la pandémie a frappé, les ventes auraient explosé parmi les employés en télétravail. James Franklin, un ingénieur en logiciel de Melbourne, estime en avoir 5 000 au cours des deux dernières semaines.

Franklin aurait des clients dans toute l'Australie - principalement des employés de "grandes entreprises". Souvent, il a dû mettre à jour les appareils afin d'échapper aux dernières méthodes de détection et de blocage de l'employeur. « C'est un jeu de chat et de souris. Une demande incroyable est la meilleure façon de la décrire. Quand Zoom est devenu une chose [avec] le statut d'activité et le suivi des employés, c'est devenu presque une attente pour les gens de les avoir », dit-il. Et les jigglers de souris ne sont pas la seule astuce pour échapper aux logiciels de surveillance déployés par les employeurs.



En juillet de l'année dernière, la vidéo d'une maman californienne sur un piratage du bossware est devenue virale sur TikTok. Elle racontait que son ordinateur réglait son statut sur "absent" dès qu'elle arrêtait de bouger son curseur pendant plus de quelques secondes, elle avait donc placé un petit dispositif vibrant sous la souris. « Ça s'appelle un "mouse mover". Comme ça tu peux aller aux toilettes, sans être paranoïaque », explique-t-elle. D'autres personnes ont repris l'histoire et partagé leurs astuces. Avant la pandémie, ces logiciels étaient plutôt destinés aux cols bleus. Aujourd'hui, ils le sont aussi pour les cols blancs.

« Une fois que c'est entré, c'est entré. On ne le désinstalle pas souvent. Le logiciel de suivi devient une partie omniprésente de l'infrastructure de gestion », a déclaré Lauren Kelly, qui a rédigé en 2020 un rapport sur l'"impact des changements technologiques sur l'avenir du travail". Selon une enquête de 2020, plus de la moitié des petites et moyennes entreprises australiennes auraient utilisé un logiciel pour surveiller l'activité et la productivité des employés travaillant à distance. Ce chiffre serait à peu près équivalent à celui des États-Unis. Enfin, à la question de savoir si cette pratique est légale, des experts indiquent que la réponse courte est oui.

Cependant, il y aurait des complications. Selon ces derniers, il n'existe pas vraiment d'ensemble cohérent de lois régissant la surveillance du lieu de travail. En fait, un employeur ne peut installer un logiciel de surveillance que sur un ordinateur qu'il fournit dans le cadre du travail. À quelques exceptions près, il doit également informer les employés qu'il installe le logiciel et leur expliquer ce qui est surveillé quelques jours avant l'installation ou l'activation du logiciel. Mais qu'en est-il des outils qui vérifient si vous souriez au téléphone, ou qui surveillent le rythme et le ton de votre voix pour détecter la dépression et la fatigue ?

Ce sont là quelques-unes des fonctionnalités déployées dans la dernière génération de logiciels de suivi. Par exemple, Zoom a récemment lancé un outil qui fournit aux hôtes des réunions de vente une transcription et une "analyse des sentiments" après la réunion. Les logiciels de suivi déjà sur le marché parcourent les courriels et les messages Slack pour détecter les niveaux d'émotion comme le bonheur, la colère, le dégoût, la peur ou la tristesse.

En somme, lorsque les entreprises ont commencé à déployer des logiciels pour enregistrer les saisies au clavier, quelqu'un a inventé un dispositif de saisie aléatoire pour contrer la surveillance. Lorsque les responsables sont allés plus loin et ont surveillé ce qui se passait sur les écrans des employés, un outil est apparu qui parcourait une liste préparée de pages Web à intervalles réguliers. L'on estime que ce jeu pourrait durer longtemps.

Source : enquête sur l'utilisation des logiciels de suivi aux États-Unis

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Avatar de LordJerem
Membre régulier https://www.developpez.com
Le 10/05/2022 à 10:15
ça va trop loin cette surveillance des employés. ça montre encore une fois le manque de confiance des chefs.
Ils le faisait déjà en présentiel. Maintenant, que leurs employés sont en télétravail, ils ne savent quoi faire d'autre d'autre que d'installer des logiciels.
Travailler dans ce type de contexte est anxiogène.
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