Les dirigeants d'entreprise accordent une grande importance à l'engagement en cette ère de travail à distance renforcée par la pandémie de coronavirus. Selon le sondage de Vyopta qui a porté sur un échantillon de 200 patrons d’entreprises américaines de 500 employés à minima, 92 % n’envisagent pas d’avenir à long terme avec les employés qui sont fréquemment en sourdine ou qui n'allument pas leurs caméras pendant les réunions virtuelles.
93 % des patrons affirment que les employés qui éteignent leurs caméras sont généralement moins engagés dans leur travail. Plus de deux patrons sur cinq (43 %) soupçonnent les employés qui sont en sourdine ou hors du champ de vision de leur caméra de naviguer sur Internet ou les médias sociaux, d'envoyer des SMS ou de chatter.
En cette période de pandémie de coronavirus qui a commencé par forcer la plus grosse expérience de travail à domicile en Chine, le télétravail s’est étendu à l’échelle globale. Des exemples d’entreprises comme Twitter qui a passé la totalité de son staff en mode travail à distance sont donc légion. Dans le processus, les employeurs recherchent des moyens de garder la main sur la productivité des travailleurs, de la contrôler, de la stimuler. C’est ce qui explique que les outils de travail collaboratif en ligne ont le vent en poupe.
Certains aux noms très évocateurs quant aux possibilités qu’ils offrent font l’objet d’acquisition par les patrons. ActivTrak, un logiciel de suivi de la productivité, est l’un de ceux-ci. Il recueille des données sur la fréquentation des sites web par un employé ainsi que sur les autres applications dont ce dernier fait usage. En s’appuyant sur le soft, l’employeur a aussi la possibilité d’avoir un aperçu du comportement en temps réel du travailleur.
En fait, la liste est plus longue et inclut des outils comme Interguard, Time Doctor, Teramind, VeriClock, innerActiv ou encore Hubstaff. « C’est comme avoir une caméra de surveillance qui pointe en permanence sur l’ordinateur d’un travailleur », explique l’éditeur d’Interguard à propos de son produit. L’éditeur de la solution Time Doctor lui emboîte le pas dans une publication parue sur son site web en reconnaissant le côté intrusif de ces solutions : « Nous ne sommes pas aussi big brotherish que nos concurrents. »
Au-delà de la question liée à la vie privée des travailleurs (c’est quand même un œil constamment ouvert sur le domicile d’un tiers), la question de fond est de savoir si la surveillance active peut permettre de mesurer la productivité d’un travailleur. En passant en revue les fonctionnalités que ces outils mettent à la disposition des utilisateurs, un début de réponse est possible.
En effet, appliquée à la situation d’un développeur en mode télétravail, la solution Time Doctor a mis en avant le fait qu’il y a des jours où ce dernier reste productif près de 15 h.
En sus, elle a révélé que cet employé s’est penché sur une tâche qui lui a pris près de 54 heures en 5 jours, soit un peu plus de 10 heures par jour.
Ce sont des chiffres à éclairer à la lumière de statistiques sur la productivité sur une journée de travail. Dans une publication parue il y a 5 ans, Invitation Digital Ltd – une firme de marketing basée au Royaume-Uni – apporte des éléments. Son étude a porté sur près de 2000 (1989 pour être exact) employés de bureau (à temps plein) âgés de plus de 18 ans et disséminés sur l’ensemble du territoire du Royaume-Uni. En réponse à la question de savoir s’ils se considèrent productifs tout au long d’une journée de travail, la grande majorité (soit 79 %) avait répondu non. D’après les résultats de l’étude, seul le cinquième (donc les 21 % restants) a répondu par l’affirmative. Le sondage avait ensuite révélé que la durée moyenne de productivité sur le lieu de service est de 2 h 53 mns, soit moins de 3 h.
D’après l’enquête, si les travailleurs se retrouvaient avec moins de 3 h de productivité sur une journée de travail c’est parce qu’ils étaient la plupart du temps distraits par des activités comme : surfer sur les réseaux sociaux – 47 % (des répondants au sondage) ; lire les sites Web d'actualités – 45 % ; discuter des activités en dehors du travail avec des collègues – 38 % ; préparation de boissons chaudes – 31 % ; pauses cigarettes – 28 % ; messagerie texte et messagerie instantanée – 27 % ; manger par petits bouts – 25 % ; faire de la nourriture au bureau – 24 % ; téléphoner à son partenaire/à ses amis – 24 % ; recherche d'un nouvel emploi – 19 %. Bref, un ensemble de facteurs aisément applicables à la situation de tiers en télétravail.
Le problème avec la métrique employée dans le cas du travailleur de la filière programmation informatique dont on a fait mention est que malgré des chiffres élevés (productivité sur 15 h par jour, etc.), le retour de l’employeur n’était pas positif. Autrement dit, le travail n’était pas effectué, ce qui pose le problème de la pertinence des éléments de mesure utilisés. Néanmoins, des fonctionnalités additionnelles de l’outil Time Doctor ont révélé qu’il se servait d’une application pour simuler une activité de la souris.
Source : Vyopta
Et vous ?
Les tendances mises en avant par ces sondages collent-elles avec la réalité dont vous êtes au fait ?
Que pensez-vous de l’utilisation de tels moyens pour juger de la productivité d’un développeur ?
Y a-t-il une certaine pertinence pour les employeurs à faire usage de tels outils ?
Selon vous, sur quels critères doit-on s’appuyer pour juger de la productivité d’un travailleur de la filière programmation informatique en particulier ?
Accepteriez-vous de travailler en étant surveillé de façon aussi active ?
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