La réalité, appuyée par des études scientifiques, montre qu’un travailleur est plus productif quand il est heureux sur le lieu de service. Ceux de la filière informatique ne sont pas en reste. La question qui fait surface en lien avec cette catégorie est celle de savoir quel impact le mécontentement d’un développeur est susceptible d’avoir sur sa productivité ? Perte de motivation ? Manque de concentration ? Non-respect des délais ? Quelle conséquence du mécontentement colle le plus avec votre expérience personnelle ?
Des chercheurs de quatre universités basées en Allemagne, Italie, Finlande et Norvège sont à l’origine d’un sondage quantitatif et qualitatif de 2200 développeurs sélectionnés sur GitHub. De leurs travaux basés sur le SPANE-B (une métrique utilisée en psychologie) pour mesurer le niveau de bonheur des développeurs, il ressort que les travailleurs de cette catégorie sont « un peu heureux ». Dans les chiffres, le niveau de bonheur mesuré avec la métrique SPANE-B varie de -24 à 24. Dans le cas de cette étude, les développeurs affichent des scores allant de -16 à 24 et une moyenne de 9,05.
Grosso modo, les chercheurs sont d’avis que la nécessité de limiter le mécontentement des développeurs demeure. Leur publication dresse une liste de conséquences du mécontentement des travailleurs de cette catégorie sur leur productivité. Le mécontentement influe de façon négative sur la performance cognitive des développeurs. À contrario, la capacité d’un tiers à trouver des solutions à des problèmes est meilleure lorsqu’il est heureux sur le lieu de service. La publication fait de plus état de ce que le mécontentement peut expliquer un manque de concentration de la part d’un travailleur de cette filière. Conséquence logique : le non-respect des délais s’invite au processus de développement.
« Le mécontentement et l’aise sur le lieu de service sont de façon respective les causes de l'abandon du travail et de l'engagement au travail. Le retrait du travail est une conséquence très destructive du mécontentement et il est souvent apparu dans les réponses », indiquent les chercheurs.
Quels facteurs concourent à ceux que les développeurs ne soient pas heureux ?
La publication identifie un total de 219 causes de mécontentement des développeurs. Elle met une dizaine en évidence :
Être bloqué dans la résolution d'un problème. C'est de loin la cause la plus importante. Comme le rappellent les chercheurs, le développement de logiciels est essentiellement composé d'activités de résolution de problèmes, souvent exigeantes intellectuellement. Il est fréquent que les développeurs soient bloqués dans le codage, le débogage et toutes sortes d'autres tâches. Beaucoup de développeurs ont dit se sentir vraiment mécontents quand ils rencontrent des problèmes qu'ils n'arrivent pas à résoudre ou contourner.
La pression du temps. La plupart du temps, c'est une situation dans laquelle les développeurs se retrouvent lorsqu'on leur impose des délais serrés. D'après l'étude, c'est l'une des principales raisons pour lesquelles les développeurs peuvent être mécontents au travail.
De mauvaises qualités de code et pratiques de codage. Un code de mauvaise qualité ou de mauvaises pratiques de codage sont également parmi les causes les plus évoquées par les développeurs enquêtés. Mais comme vous pouvez l'imaginer, dans presque tous les cas, ce sont des causes de mécontentement chez les développeurs lorsqu'il s'agit d’un code écrit par d'autres développeurs et non par eux-mêmes. Certains développeurs affirment en effet qu'ils sont de mauvaise humeur lorsqu'ils doivent utiliser le code d'un autre développeur et qu'ils se rendent compte qu'il est plein de bogues.
La sous-performance d’un collègue. Le développement de logiciels est souvent un travail d'équipe. La sous-performance d’un collègue (que ça soit un membre de l'équipe, un membre d’une autre équipe, ou un collaborateur externe) peut donc avoir un impact négatif sur le travail collectif. Les répondants ont en effet affirmé qu’il est souvent frustrant de voir que d'autres collègues ne prennent pas le temps de se mettre à jour et se former aux technologies et pratiques de développement modernes.
Avoir le sentiment d’être sous-qualifié pour un travail. Pour certains développeurs, c’est la pire des choses qui peut leur arriver. Cela peut se manifester comme un sentiment de non-qualification ou sous-qualification dans certains aspects de leur travail. Il peut s’agir d’une maîtrise insuffisante des outils, langages, frameworks ou méthodes de développement qui sont utilisés dans les projets.
Les tâches banales ou répétitives. Les développeurs semblent éprouver plus de plaisir au travail quand chaque journée est un nouveau défi à relever. D'après l'étude, les tâches ennuyeuses, monotones, triviales ou encore récurrentes sont susceptibles d'avoir des effets négatifs sur l'épanouissement des développeurs au travail.
Un code qui ne marche plus sans raison. Pour certains développeurs, la pire des choses qui peut leur arriver, c’est de voir qu’ils n’ont rien changé à un code et qu’il ne marche plus tout à coup. C’est vraiment pénible pour eux de ne pas pouvoir expliquer ce qui s’est passé.
Mauvaises prises de décision. Comme n'importe quel employé en général, les développeurs sont également affectés par les mauvaises décisions prises par leurs supérieurs hiérarchiques ou pairs. Ces prises de décision peuvent être vues sous différents aspects, mais c'est surtout lorsqu’ils ne sont pas impliqués dans les processus décisionnels, pour des choix technologiques par exemple.
Limites imposées par les technologies de développement. Parfois, les technologies ou l’infrastructure technique sur lesquelles repose un projet de développement logiciel imposent certaines limitations aux développeurs. Les outils, langages et autres technologies utilisés ne fonctionnent toujours pas comme prévu*; parfois, parce qu'ils sont bogués, parfois parce que, par conception, ils imposent certaines limites ou ignorent certains cas d'utilisation. Les développeurs doivent donc trouver des solutions de contournement qui ne sont pas toujours aisées techniquement, et qui peuvent conduire à un code sale ou qui met en évidence des pratiques déconseillées. Pour certains développeurs, cela peut être également une source de mécontentement.
Les problèmes personnels. Comme dans n'importe quel autre métier, les développeurs peuvent vivre des problèmes personnels ou privés non liés au travail, mais qui affectent dans une certaine mesure leur travail. C'est le cas par exemple des problèmes de famille. Certains répondants disent en effet que les situations personnelles ont des effets importants sur le niveau de bonheur au travail. Ainsi, des problèmes personnels sont susceptibles de les affecter négativement et les rendre moins productifs.
Source : publication
Et vous ?
Vous est-il arrivé d’être mécontent sur le lieu de service ? Quel impact cela a-t-il eu sur votre productivité ?
Quelles sont les conséquences du mécontentement qui manquent à la liste proposée par cette étude ?
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Le , par Patrick Ruiz
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