Dans une lettre interne circulant au sein d'Apple, qui a été obtenu par The Verge, les employés écrivent qu'ils se sont sentis « non seulement non entendus, mais parfois activement ignorés » au cours de l'année dernière lorsqu'il s'agit de communiquer sur le travail en personne ou à distance. Les employés écrivent dans la lettre que certains ont même démissionné à cause de l'absence d'une politique de travail flexible chez Apple :
« Nous aimerions profiter de l'occasion pour faire part d'une préoccupation croissante parmi nos collègues. La politique d'Apple en matière de flexibilité du travail à distance/localisation, et la communication qui l'entoure, ont déjà poussé certains de nos collègues à démissionner. Sans l'inclusion qu'apporte la flexibilité, beaucoup d'entre nous ont le sentiment de devoir choisir entre une combinaison de nos familles, de notre bien-être et de la possibilité de donner le meilleur de nous-mêmes, ou de faire partie d'Apple.
Au cours de l'année écoulée, nous avons souvent eu l'impression d'être non seulement ignorés, mais parfois activement ignorés. Des messages tels que "nous savons que beaucoup d'entre vous sont impatients de renouer en personne avec leurs collègues au bureau", sans aucun message reconnaissant qu'il existe des sentiments directement contradictoires parmi nous, sont dédaigneux et invalidants. Non seulement beaucoup d'entre nous se sentent déjà bien connectés avec leurs collègues du monde entier, mais ils le sont mieux que jamais. Nous en sommes venus à nous réjouir de travailler comme nous le faisons maintenant, sans avoir besoin de retourner quotidiennement au bureau. On a l'impression qu'il y a un décalage entre la façon dont l'équipe dirigeante envisage le travail à distance / flexible et les expériences vécues par de nombreux employés d'Apple ».
La lettre est adressée directement au PDG d'Apple, Tim Cook. Elle provient d'un canal Slack comptant environ 2 800 membres et destiné aux « défenseurs du travail à distance ». Selon The Verge, environ 80 personnes ont participé à la rédaction de la note. Elle a été envoyée aux employés d'Apple pour signature vendredi après-midi. Les employés font plusieurs demandes spécifiques :
- Nous demandons officiellement qu'Apple considère que les décisions relatives au travail à distance et à la flexibilité géographique sont aussi autonomes pour une équipe que les décisions d'embauche.
- Nous demandons officiellement la mise en place d'un court sondage récurrent à l'échelle de l'entreprise, assorti d'un processus de communication/rétroaction clairement structuré et transparent au niveau de l'entreprise, de l'organisation et de l'équipe, portant sur les sujets énumérés ci-dessous.
- Nous demandons formellement qu'une question sur la désaffection des employés en raison du travail à distance soit ajoutée aux entretiens de départ.
- Nous demandons officiellement un plan d'action transparent et clair pour répondre aux besoins des personnes handicapées par le biais d'un travail sur site, hors site, à distance, hybride ou flexible en termes de localisation.
- Nous demandons officiellement un aperçu de l'impact environnemental du retour au travail sur site et en personne, et de la manière dont la flexibilité permanente en matière de distance et de localisation pourrait compenser cet impact.
Cette note interne intervient après que Tim Cook a communiqué aux employés d'Apple que l'entreprise allait amorcer un retour au travail en personne cet automne, après une année de travail à distance provoquée par la pandémie de COVID-19. Dans le cadre de ce plan, la plupart des employés seront invités à venir au bureau les lundis, mardis et jeudis. Ils pourront travailler à distance, s'ils le souhaitent, les mercredis et vendredis. Certaines équipes devront revenir au travail en personne quatre à cinq jours par semaine.
La position d'autres grandes enseignes de la technologie par rapport au télétravail
Il s'agit d'un assouplissement des restrictions par rapport à l'ancienne culture d'entreprise d'Apple, qui décourageait notoirement les employés de travailler à domicile avant la pandémie. Cependant, elle reste plus conservatrice que celle d'autres géants de la technologie. Twitter et Facebook ont tous deux déclaré aux employés qu'ils pouvaient travailler à domicile pour toujours, même après la fin de la pandémie.
Facebook a déclaré qu'il permettrait à de nombreux employés de travailler à domicile de façon permanente. Mark Zuckerberg a déclaré que le travail à distance « est l'avenir » et a déclaré aux employés de Facebook qu'ils pouvaient tous travailler à domicile pour toujours, à condition d'obtenir l'approbation de leur responsable. Lors d'une réunion du personnel retransmise en direct sur sa page Facebook, il a indiqué qu'en moins de dix ans, la moitié des 48 000 employés de l'entreprise travailleraient à domicile : « Il est clair que Covid a apporté beaucoup de changements dans nos vies, et cela inclut certainement la façon dont la plupart d'entre nous travaillent », a déclaré Zuckerberg. « À l'issue de cette période, je m'attends à ce que le travail à distance soit également une tendance croissante ».
Google a commencé à demander à ses employés de travailler à domicile en mars afin de limiter la propagation du coronavirus. Comme la pandémie ne montrait aucun signe de ralentissement, en particulier aux États-Unis, Google a repoussé à plusieurs reprises la date limite de réouverture complète de ses bureaux : 1er juin 2020, puis janvier 2021. Au final, c'est septembre 2021 qui a été retenu. Selon une note de service intitulée « Need to know », les employés de Google qui souhaitent travailler à distance après le 1er septembre, pour plus de 14 jours par an, doivent faire une demande officielle. Dans les circonstances exceptionnelles, les employés peuvent faire une demande pour une durée maximale de 12 mois. Google se réserve le droit de rappeler les employés à leur bureau d'affectation à tout moment, précise la note. Au final, en mai, Google a annoncé que 20 % de ses effectifs pourraient travailler à domicile en permanence.
La perspective française
En France, Élisabeth Borne, la ministre de du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion, a annoncé la fin du télétravail systématique. À partir du 9 juin, les entreprises retrouveront une certaine marge de manœuvre au sujet du nombre minimum de jours de télétravail par semaine. C'est sur l'antenne de Sud Radio que la ministre a annoncé la fin du télétravail à 100 %. « Effectivement, à partir du 9 juin, on assouplit les règles en entreprise et en particulier le télétravail. Depuis le mois de novembre, la règle c’est le télétravail systématique pour toutes les activités qui le permettent. Il ne s’agit pas de passer de tout à rien, le télétravail reste quelque chose d’important pour limiter la diffusion du virus. On sait qu’il y a aussi beaucoup de lassitude chez ceux qui télétravaillent à 100 % depuis des mois. Donc, grâce à l’amélioration de la situation sanitaire, à partir du 9 juin, nous allons redonner des marges de manœuvre aux entreprises pour définir, entre la direction et les représentants des salariés, un nombre minimum de jours de télétravail par semaine ».
La ministre indique donc qu’en France, la main est redonnée aux employeurs et aux salariés pour qu'ils déterminent le nombre de jours adaptés en présentiel. Pour elle, il n'est pas question d'abandonner le télétravail : « Tout le monde souhaite qu'on assouplisse ces règles, notamment ceux qui sont à 100 % en télétravail depuis des mois. Il y a beaucoup de salariés qui souffrent d'isolement. Donc cet assouplissement est attendu. Mais il faut que ce soit progressif et c'est pour ça que nous allons mettre en ligne ce protocole dès la semaine prochaine afin qu'il y ait du temps pour discuter au sein des entreprises sur le retour progressif sur site au bureau ».
Source : Lettre en pièce jointe
Et vous ?
Êtes-vous pour le retour au travail en présentiel, le télétravail partiel (combien de jours par semaine, systématiques ou non), le télétravail total ?
Voir aussi :
Accepteriez-vous une baisse de salaire pour continuer à travailler à distance ? Près de 50 % des travailleurs le feraient pour les avantages du télétravail, d'après un récent sondage
Apple poursuivi en justice après s'être appuyé sur un système de reconnaissance faciale défaillant pour accuser à tort un adolescent de vol à l'étalage dans plusieurs États
La ministre du Travail Élisabeth Borne annonce la fin du télétravail systématique dès le 9 juin, « Il ne s'agit pas d'abandonner le télétravail ! Cette pratique reste recommandée »
YouTube, Netflix et Facebook font partie des services les plus utilisés par les télétravailleurs avec leurs ordinateurs professionnels, selon Zscaler qui a analysé les données sur son cloud