Ce n’est plus un secret : les femmes sont minoritaires dans la filière des technologies de l’information. Référence faite à des études antérieures, la situation n’est pas la résultante d’un manque de compétences de ces dernières. Le fait est que les différences biologiques pèsent pour beaucoup, d’où une part de responsabilités familiales qui impacte sur une répartition des genres en faveur des hommes. Les femmes croulent désormais sous le poids de responsabilités plus grandes en raison de la pandémie de coronavirus. Une question émerge : quel impact sur l’égalité des genres dans la filière ?
Selon l'étude Women in the Workplace, une femme sur quatre envisage de réorienter sa carrière ou de quitter complètement le marché de l’emploi en raison de la pandémie de coronavirus. La situation pourrait faire reculer les femmes de près d'une décennie sur le marché du travail, laissant moins de femmes à des postes de direction ou sur la voie de la direction, annulant ainsi des années de progrès vers l’égalité de genre dans le domaine.
Pire, des données additionnelles suggèrent que la perte de représentation des femmes dans l'informatique, notamment au niveau de la direction, ne fera qu'exacerber l'épuisement professionnel. Une étude de Girls in Tech révèle que 63 % des répondantes ayant un superviseur masculin se sentent épuisées, contre 44 % de ceux ayant un superviseur féminin. De plus, lorsque le PDG d'une entreprise est un homme, 85 % des personnes interrogées déclarent se sentir épuisées, alors que 15 % seulement disent la même chose lorsque le PDG est une femme.
Ces possibilités d’évolution sont la résultante de la nécessité de gérer des contraintes introduites par l’actuelle pandémie de coronavirus. Les professionnels de l'informatique continuent d’être soumis à un stress considérable en raison de la nécessité de maintenir les organisations en activité pendant une situation de cette envergure. Cependant, dans l'ensemble, les contraintes liées à l'adaptation à la vie et au travail dans le cadre de la pandémie de coronavirus touchent de manière disproportionnée les femmes de la filière. En effet, 57 % des femmes (contre 36 % des hommes) déclarent se sentir épuisées au travail en raison de la pandémie. Le déséquilibre dans les responsabilités supplémentaires dues à la pandémie, tant à la maison que sur le lieu de travail, est au cœur de cette situation.
Quarante-trois pour cent des femmes interrogées par TrustRadius déclarent avoir assumé des responsabilités supplémentaires au travail au cours de l'année écoulée, contre 33 % des hommes. À la maison, 29 % des femmes ont assumé une plus grande charge de soins aux enfants, contre 19 % des hommes qui ont dit la même chose. Et 42 % des femmes ont assumé l'essentiel des tâches ménagères pendant la pandémie, contre 11 % des hommes.
En outre, les femmes ont été deux fois plus susceptibles que les hommes de perdre leur emploi ou d'être mises au chômage technique pendant la pandémie. Au total, près de 3 millions d'Américaines ont quitté le marché du travail, que ce soit à la suite de licenciements ou parce qu'elles ont choisi de quitter leur emploi en raison des responsabilités accrues.
Les femmes doivent depuis toujours s'occuper des enfants et du foyer en plus de leur travail à plein temps. La pandémie n'a fait qu'accroître cette charge. Et elle accélère l'épuisement professionnel au sein d'un groupe démographique qui, ces derniers temps, a fait des progrès en matière d'égalité sur le lieu de travail informatique.
Celles qui tiennent le coup doivent travailler plus dur que leurs collègues hommes pour prouver leur valeur
L’inégalité des genres étant toujours d’actualité dans le secteur informatique et aux postes de direction, les femmes continuent d’avoir le sentiment qu'elles doivent en faire plus pour être considérées comme égales aux hommes sur le lieu de travail. Les données de l'enquête de TrustRadius montrent que 78 % des femmes pensent qu'elles doivent travailler plus dur que leurs collègues pour prouver leur valeur.
À tous les niveaux, les femmes ressentent une plus grande pression. Mais ce phénomène est encore plus marqué chez les dirigeantes. Les femmes qui occupent des postes de vice-présidence, de cadre supérieur ou de PDG sont particulièrement susceptibles de ressentir cette pression.
Ces résultats sont conformes à ceux de l'étude Women in Tech de l'année dernière. Il en ressort que les femmes sont 22 % plus susceptibles que les hommes de souffrir du syndrome de l'imposteur au travail. Le syndrome de l'imposteur est le sentiment d'être sous-qualifié et de ne pas être à sa place par rapport à ses collègues. En conséquence, certaines femmes font des efforts supplémentaires ou des heures supplémentaires pour compenser.
Il existe une autre façon d'envisager la relation entre le syndrome de l'imposteur et le besoin de prouver sa valeur. Même les femmes qui ont parfaitement confiance en leurs capacités peuvent ressentir la pression de surpasser leurs collègues masculins afin d'obtenir la même reconnaissance et les mêmes opportunités.
Sources : Women in the workplace, Trustradius
Et vous ?
Que pensez-vous des chiffres mis en avant par ces études ? Sont-ils en accord avec la réalité dont vous êtes au fait ?
Avez-vous aussi le sentiment que vos collègues développeurs informatique de sexe féminin doivent faire beaucoup plus que les hommes pour être considérées à leur juste valeur ?
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Le , par Patrick Ruiz
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