L’automatisation a atteint presque tous les domaines de travail. Il est aujourd’hui difficile d’en trouver un où les machines n’interviennent pas pour exécuter les tâches redondantes, pour améliorer la qualité du travail de l’homme ou simplement pour le substituer dans certains cas. Aux États-Unis, l’on estime que les robots ont déjà remplacé des milliers d’emplois de routine à Wall Street, et selon Marcos Lopez de Prado, qui est professeur à l'Université Cornell et ancien chef de l'apprentissage automatique chez AQR Capital Management LLC, ils viennent maintenant pour les postes plus élevés.
Marcos Lopez de Prado et d’autres patrons de la Tech aux États-Unis ont été invités la semaine dernière à témoigner sur l’impact de l’intelligence artificielle sur les marchés des capitaux et des emplois. D’après Lopez, l'utilisation d'algorithmes sur les marchés électroniques a automatisé le travail de dizaines de milliers de traders d'exécution dans le monde entier. Il estime que cela pose un certain nombre de défis aux travailleurs de la finance.
« L'apprentissage automatique financier pose un certain nombre de défis aux 6,14 millions de personnes qui sont employées dans le secteur de la finance et de l'assurance, dont beaucoup perdront leur emploi, pas nécessairement parce qu'elles sont remplacées par des machines, mais parce qu'elles ne sont pas formées pour travailler avec des algorithmes », a déclaré Lopez de Prado devant le Comité des services financiers de la Chambre des représentants des États-Unis. Un rapport d’étude paru il y a deux mois environ allait également dans ce sens.
Selon le rapport publié en octobre passé, la technologie devrait détruire plus de 200 000 emplois dans les banques américaines dans la prochaine décennie, l'industrie dépensant 150 milliards $ par an dans l'automatisation. Le rapport estime que cet investissement va conduire à une très forte réduction de l'effectif dans le secteur bancaire américain, avec environ 200 000 suppressions d'emplois au cours des dix prochaines années. De plus, l’investissement risque également d’augmenter en raison des gains d'efficacité technologique que rencontrent les banques.
Les législateurs ont également interrogé des experts sur les préjugés raciaux et sexistes que pose l'IA, la concurrence pour les travailleurs technologiques hautement qualifiés et les défis de la réglementation des marchés financiers de plus en plus complexes et axés sur les données. Selon Charlton McIlwain, professeur de médias, culture et communication à l'Université de New York, les groupes raciaux qui sont déjà extrêmement sous-représentés dans la finance seront les plus menacés en raison de l'intensification du développement des technologies financières.
D’après lui, cela est d'autant plus vrai que les Afro-Américains et les Latino-Américains sont largement sous-représentés au niveau de de la main-d'oeuvre du secteur technologique adjacent. Selon Rebecca Fender, directrice principale du CFA Institute, quarante-trois pour cent des membres et des candidats de la CFA s'attendent à ce que leur rôle change considérablement au cours des cinq à dix prochaines années. Fender a expliqué que ces différents chiffres sont basés sur un sondage mené auprès de plus de 3 800 répondants.
« Comme les mauvais acteurs deviennent de plus en plus sophistiqués, il est vital que les régulateurs financiers aient les ressources financières, la capacité technologique et l'accès à l'IA et aux technologies automatisées pour être un flic fort et efficace sur le terrain », a déclaré Kirsten Wegner, chef de la direction de Modern Markets Initiative, parlant de réglementation des marchés financiers. Martina Rejsjö, responsable de Nasdaq Surveillance North America Equities au Nasdaq, le Nasdaq exécute plus de 40 algorithmes différents, utilisant environ 35 000 paramètres, pour rechercher les abus et manipulations du marché en temps réel.
« La croissance massive et, dans de nombreux cas, exponentielle des données du marché constitue un défi de taille pour les professionnels de la surveillance », a-t-elle déclaré. « Les tentatives d'abus de marché sont devenues plus sophistiquées, mettant plus de pression sur les équipes de surveillance pour trouver l'aiguille proverbiale dans la botte de foin des données », a-t-elle ajouté. Cette situation montre que les institutions financières devraient commencer à penser à trouver des alternatives à cette destruction massive d’emplois par l’automatisation.
En août 2018, dans une étude concernant les emplois en France, Erwann Tison, macro-économiste et directeur des études de l’Institut Sapiens, a expliqué que « la vague numérique qui engloutira de nombreux emplois risque d’être socialement néfaste si elle n’est pas anticipée ». L’étude de l’institut Sapiens avait révélé à l’époque que l'automatisation pourrait détruire plus de 2 millions d'emplois en France.
Source : Bloomberg
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Le , par Bill Fassinou
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